Rhun-E : vers une montagne 100 % bio et 0 % galère




À mi-chemin entre les Pyrénées-Atlantiques et la Navarre, le massif de la Rhune grimpe enfin vers un avenir collectif. Avec le projet Rhun-E, on ne parle pas seulement d’une simple balade en montagne, mais d’une vraie ascension… administrative ! Trois millions d’euros (dont 65 % ponctionnés aux caisses européennes grâce au programme Interreg VI A) vont être mobilisés pour que ce trésor transfrontalier passe de « lieu emblématique » à « modèle d’éco-coopération »

Si t’es jamais monté là-haut pour te goinfrer d’une patata tortilla en profitant de la vue, t’as raté ta vie. Mais derrière les panoramas de cartes postales, les ventas qui régalent et le petit train qui chahute sur ses rails depuis 1924, il y a un défi : préserver cet écrin naturel face à l’afflux des touristes et des amateurs de selfies en altitude.

Et c’est là que le projet Rhun-E déboule, à dos de mouton manex ou presque. Ce programme, c’est la réponse à une question aussi vieille que le mont lui-même : comment faire pour qu’on arrête de piétiner les fleurs tout en continuant à croquer dans nos taloas tranquillou bilou ?

Un sommet, deux nations, et trois millions dans la besace

La Rhune, star des selfies et des randonnées dominicales, était un peu comme cette vieille tante excentrique : charmante mais pas très moderne. Pour redorer son blason, le Conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques et le gouvernement de Navarre se sont unis. Avec l’aide de l’Europe qui met 65 % de la note sur la table (merci, les copains de Bruxelles !), les deux régions lancent “La Rhun-E”, un projet transfrontalier qui respire l’écologie, le patrimoine… et l’électricité au sommet.

Présenté avec vue panoramique depuis Sare, ce chantier de trois millions d’euros n’a pas seulement vocation à préserver la biodiversité, mais aussi à éviter que le sommet ne devienne une jungle urbaine entre randonneurs, ventes de pintxos et ovins pas très Covid-friendly.

Un projet transfrontalier à couper le souffle (et pas qu’à cause de l’altitude)

Rhun-E, c’est un peu comme un festayre basque et un randonneur navarrais qui se mettent d’accord sur la playlist du week-end : compliqué mais faisable. Pour la première fois, les Pyrénées-Atlantiques, la Navarre, l’Agglo Pays basque, et même les communes locales (Sare, Ascain, Urrugne, Bera) s’assoient à la même table pour bosser ensemble sur un programme d’envergure.

Jean-Jacques Lasserre, président du Conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques, et son homologue navarrais José Mari Aierdi ont annoncé la couleur : la Rhune va se refaire une beauté, et tout le monde est invité à mettre la main à la pâte.

Des chantiers au sommet (et au pied aussi)

Les actions prévues sont aussi variées que le vocabulaire d’un poème en basque. Parmi elles :

  • Un espace public commun au sommet : parce que rien de tel qu’un lieu partagé pour renforcer l’amitié transfrontalière… et gérer les flux de touristes.
  • Des toilettes publiques à l’arrivée du petit train : enfin une raison valable de monter en haut pour éviter de “marquer son territoire” en pleine nature.
  • La réhabilitation des sentiers : pour éviter que tes baskets finissent en lambeaux avant même d’avoir atteint le sommet.
  • Une gestion des flux repensée : traduisez par « on va essayer d’éviter que tout le monde arrive en même temps, genre le 15 août à midi ». Une prouesse pour une montagne où même les pottoks n’ont pas encore découvert le concept de passage piéton.
  • Le maintien du pastoralisme : parce que sans les brebis, la montagne perdrait son âme… et son fromage.

Du « bio » en pleine montagne

Mais attention, on ne veut pas faire de la Rhune une sorte de Disneyland des cimes. Les bergers locaux, qui maintiennent l’authenticité du lieu (et la production de fromage qui va avec), auront une place de choix dans le projet. Le pastoralisme, c’est sacré ici.

La Rhune, ce n’est pas que des pierres et des rails, c’est surtout un patrimoine vivant. Le projet s’attaque à un casse-tête : comment concilier fréquentation touristique et préservation de la biodiversité ?

Des études sur la faune et la flore, des ateliers de sensibilisation aux bons gestes (genre « ne nourrissez pas les pottoks avec votre sandwich club ») et une valorisation du patrimoine naturel sont prévus. L’objectif ? Que la montagne reste aussi authentique que la langue basque itou.

En parallèle, l’électricité et l’assainissement seront revus. Fini le sommet éclairé à la lampe frontale ou les “restes de casse-croûte” qui finissent n’importe où. Les responsables visent une montagne propre, connectée et écolo. Une sorte de Rhune 2.0, mais toujours avec des racines bien ancrées dans le terroir.

Une gouvernance qui trace sa route

Le slogan de Rhun-E ? « Un espace pour travailler : Ensemble, Encuentro, Elgarrekin. » En clair, la Rhune devient un laboratoire de coopération entre deux pays, plusieurs institutions, et une poignée de maires motivés.

Avec l’Agglomération Pays basque et l’entreprise publique navarraise GAN-NIK dans la boucle, on parle ici d’une gouvernance partagée. L’idée est simple : la montagne appartient à tout le monde, alors tout le monde y met du sien. Français et Espagnols, mairies et institutions, élus et techniciens… Tout ce petit monde travaille main dans la main, ou plutôt pied dans les sentiers, pour que la Rhune devienne un modèle de gestion transfrontalière.

Rhune + E comme… Europe ? Écologie ? Espoir ?

Le programme POCTEFA, c’est un peu comme une tirelire transfrontalière : l’Union européenne y dépose des sous pour les projets qui rapprochent ses habitants. Et grâce à ça, Rhune-E voit 65 % de son financement assuré.

Mais au-delà des chiffres, c’est surtout une manière de montrer que l’Europe, quand elle s’attaque aux petits coins de paradis, sait se retrousser les manches.

Avec un calendrier qui court jusqu’à décembre 2026, les partenaires du projet ont du pain sur la planche. Mais avec trois millions d’euros en poche et une motivation en béton (ou plutôt en pierre locale, la pierre de la Rhune d’ailleurs…), les travaux devraient donner un coup de jeune au massif.

Et si tout ça fonctionne ? Eh bien, la Rhune deviendra non seulement un modèle pour la région, mais aussi un exemple pour d’autres espaces naturels transfrontaliers.

Alors, chers amoureux de la montagne et des pintxos, préparez vos chaussures de rando. La Rhune s’apprête à gravir de nouveaux sommets, mais cette fois, avec une touche d’écologie, un soupçon de coopération, et une bonne dose de respect pour ce bout de terre qui nous relie tous.

Allez, topo terminé, maintenant c’est à nous tous de jouer. Parce que la Rhune n’est pas qu’un massif, c’est aussi une manière de dire : on peut bosser ensemble pour garder nos trésors, sans se marcher sur les pieds… ou sur les pottoks…


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