Ça sent l’échappement brûlé pour les vieux tacots. Depuis quelques années, l’État français met le turbo pour imposer des Zones à Faibles Émissions mobilité (ZFE-m). L’idée ? Bannir les bagnoles qui crachent plus de fumée qu’un barbecue mal éteint, histoire d’améliorer la qualité de l’air. Mais à force de vouloir purifier l’atmosphère, certains risquent surtout de suffoquer sous les restrictions
Déjà appliquée dans des grandes villes comme Paris, Lyon ou Toulouse, la ZFE s’étend comme une nappe d’huile sur l’Hexagone. Depuis janvier 2025, elle frappe une quarantaine de métropoles. Et pour ceux qui roulent encore en voiture thermique, attention au contrôle technique version climat : seuls les véhicules avec des vignettes Crit’Air 1 à 3 peuvent encore circuler. Quant aux Crit’Air 4 et 5, ces parias mécaniques, ils sont bons pour la casse… ou pour rouler en rase campagne.
Les chiffres donnent un coup de frein à l’enthousiasme écologique : un Français sur deux risque d’être recalé au péage des ZFE. Et si ça passe quand même, gare à l’amende de 68 euros, histoire d’appuyer là où ça fait mal (au portefeuille). Pendant ce temps, les élus promettent de sauver des vies – 40 000 morts par an liés à la pollution de l’air, d’après Santé publique France. Sauf qu’à force de vouloir sauver la planète, certains risquent surtout de finir sur la paille.
Pays Basque : des bouchons aux restrictions, bienvenue dans la ZFE-m
Et voilà que la vague des ZFE déferle sur la côte basque. À partir d’avril 2025, les véhicules jugés trop polluants seront persona non grata sur une bande littorale allant de Tarnos à Hendaye. Exit les bagnoles diesel immatriculées avant 2001 et les essences d’avant 1997. Quant aux deux-roues d’avant 2000, ils peuvent déjà enfiler leur casque et filer à l’est.
Derrière cette décision, la Communauté d’Agglomération Pays Basque (CAPB) s’est retroussée les manches pour définir une zone d’étude couvrant 30 communes. Pas de quartier pour les pots d’échappement fumeurs : de Bayonne à Biarritz, en passant par Saint-Jean-de-Luz et Boucau, tout ce petit monde devra montrer patte blanche avec une vignette Crit’Air conforme. Seule concession, un “Pass ZFE 24h” permettra d’éviter la panne sèche sociale avec 24 jours d’accès par an pour les véhicules non conformes.
Et puisqu’il faut ménager la chèvre et le chou (ou plutôt la bétonnière et l’air pur), les véhicules de chantier et les voitures de collection (immatriculées avant 1960) pourront continuer à rouler. Parce qu’apparemment, une bétonnière pollue moins qu’un vieux Scenic. Allez comprendre…
Des voitures au garage, des finances dans le rouge
Pour les Basques, cette mesure pourrait tourner à la corrida sociale. Avec 38 % des ménages modestes roulant en Crit’Air 4 ou 5, beaucoup risquent de se retrouver coincés entre deux stations de covoiturage. Acheter une voiture électrique ? Facile à dire quand le prix dépasse les 30 000 euros et que les bornes de recharge sont aussi rares que les jours de pluie en août à Biarritz, quoique… L’exemple est mal choisi pour le Pays basque.

Les artisans, eux, voient rouge. Comment livrer des chantiers ou réparer des fuites d’eau quand on n’a pas les moyens de remplacer son fourgon ? Certains parlent déjà de la “bombe sociale” des ZFE, dénonçant un système pensé pour ceux qui ont déjà les moyens de changer de véhicule comme on change d’iPhone.
Et pour ceux qui rêvent de convertir leur tacot au tout électrique grâce au rétrofit, il faudra casser la tirelire : 20 000 euros minimum. Une paille… ou plutôt une botte de foin à avaler.
La planète d’accord, mais les autres ?
Pendant que les Français serrent la ceinture pour sauver l’atmosphère, d’autres roulent toujours pied au plancher. Aux États-Unis, les pick-ups avalent des litres d’essence comme des Mojitos en terrasse. En Chine, les usines tournent à plein régime, et en Inde, les rickshaws fument plus qu’une cheminée en hiver. Résultat : la France, avec ses ZFE et ses restrictions, ressemble à un élève modèle qui récite ses leçons pendant que les cancres dessinent sur la table.
On nous parle de transition écologique, mais on oublie que 90 % des émissions de CO2 viennent d’ailleurs. Alors certes, la ZFE, c’est bien pour nettoyer l’air localement, mais est-ce que ça changera la donne face aux mégapoles asiatiques ou aux pétroliers du Golfe ? Le doute m’habite…
Donc, en voiture, Simone… ou à pied ?
Entre mesures écologiques et casse-tête économique, la ZFE-m ressemble à une tentative bien intentionnée de réparer une voiture en panne avec du scotch. Sur le papier, l’idée est louable : moins de pollution, plus de santé. Mais dans la pratique, elle laisse sur le carreau des milliers de citoyens incapables de suivre la cadence.
Alors que les élus s’évertuent à tracer des zones propres sur la carte, les habitants, eux, comptent leurs sous et leurs kilomètres. Faudra-t-il bientôt troquer le diesel contre un vélo électrique ou apprendre à téléporter ses courses ? À voir les chiffres, certains risquent surtout de pédaler dans la choucroute.
En attendant, la ZFE-m continue d’avancer comme un rouleau compresseur. Et les Basques, eux, oscillent entre colère et résignation. Après tout, sur la côte, ils sont habitués aux vagues. Mais celle-là risque de faire des remous pendant longtemps.
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