Dans le monde feutré mais pas si tranquille des pêcheurs, où l’on cause plus souvent hameçons que haute technologie, un Luzien vient de jeter un sacré pavé dans la mare. Jean-François Dupuy, mi-fiston dévoué, mi-ingénieur du dimanche (et tous les autres jours aussi), a repris le flambeau paternel pour inventer… la canne à pêche du turfu. Oui, moussaillon : une canne télescopique avec le fil à l’intérieur, qui pourrait bien révolutionner les coups de ligne du dimanche matin
Bienvenue dans l’histoire rocambolesque d’un rêve de gosse planqué dans une cave, qui finit par nager vers la lumière, grâce à un petit coup de trident filial et un sacré paquet de persévérance. Mettez votre gilet de sauvetage, on vous embarque.
Chez les Dupuy, on pêche de père en fils. Pas les compliments, hein, non, les vrais trucs, ceux qui gigotent au bout de la ligne. Jacques, le père, était un poisson-pilote dans le milieu. Une vraie starlette des lacs et rivières, sans les filtres Instagram mais avec le panache d’un gars qui testait des cannes pour les grandes marques. Le genre à te ferrer une truite avant même que tu comprennes que ça mord.
Mais voilà, le paternel, entre deux parties de Toc, ruminait un truc : “Pourquoi qu’on innove pas dans le matos, nom d’un brochet en bottes ?” Lassé de voir des cannes aussi révolutionnaires que la carte postale, il cogite, il bricole… Et il pond une idée de génie : insérer des anneaux à l’intérieur d’une canne télescopique, pour marier les avantages du fil intérieur et de la compacité.
Sauf que voilà, à l’époque, les fabricants font la sourde oreille. Ou alors, ils lui proposent une prod’ à la chaîne en Chine, ce qui file des boutons au Jacquot, amoureux du “bien fait ici”. Résultat : l’invention finit dans un carton, au fond d’un garage. Requiescat in piscis.
L’appel du large… et du cœur
En 2016, le père tombe malade. Grave. Et dans les confidences d’un soir, il glisse à son fils : “Fais-le toi.” Le genre de phrase qui reste, comme une arête coincée dans la gorge. Jean-François, quinqua luzien à la moustache tenace, décide alors de mouiller la chemise.
Au départ, il pense que ça va mordre facile, qu’il n’a qu’à dérouler le fil paternel. Tu parles. Le mécanisme, c’est un casse-tête digne d’un poulpe sous MDMA. Avec un pote ingénieur, ils tentent un proto à l’imprimante 3D… mais ça cafouille sévère. Alors, notre gars repart de zéro. Il rame, il tâtonne, il appelle son daron tous les soirs pour raconter les avancées.
Et là, miracle : deux semaines avant que le vieux ne parte rejoindre Saint-Pierre et ses poissons, il peut enfin lui montrer le prototype. Fonctionnel. La canne existe. Et dans les yeux de Jacques, y’a du bonheur à l’état brut. L’héritage est ferré.
Mosquetari : un nom qui claque plus qu’un lancer bien dosé
Après ce moment fort, Jean-François ne se repose pas sur ses leurres. Il bosse comme un fou pour adapter la canne à une pratique qui parle à tout le monde : la pêche au lancer. Parce que le Toc, c’est bien joli, mais faut pas se leurrer, ça parle surtout aux puristes en chaussettes montantes.
Trois ans de recherches, un Covid qui vient foutre la ligne en l’air, des montagnes de tests, d’essais, de partenaires (italiens, espagnols, youtubers fous de la gaule)… Et ça y est, la Mosquetari est prête à voir le jour. Un concentré d’astuces, de technologie, de passion, et de galères avalées comme des bigorneaux à l’apéro.

Un système qui te fera lâcher ta vieille canne en deux secondes chrono
Le pitch ? Une canne télescopique en trois brins, qui mesure 2 mètres et se replie à 70 cm. Jusqu’ici, rien de très mordu. Mais l’astuce, c’est son système ons sous Redbull. Le fil ne colle pas, même si la canne est mouillée. Tu veux monter ton fil ? Deux secondes, montre en main. Tu veux plier ta canne pour rentrer dans ta Twingo sans bousiller les sièges ? Deux secondes aussi. Même pas le temps de dire “sandwich triangle”.
Et le gros plus : plus de fil qui s’emmêle, qui s’accroche dans les branches, qui fait des nœuds façon macramé. La Mosquetari, c’est la zen attitude en bottes en caoutchouc.
Testée et approuvée par des pêcheurs pas manchots
Jean-François, avant de lancer le modèle sur le marché, l’a fait tester par des experts. Pas des mannequins de salon de la pêche, hein, des vrais mecs et meufs qui taquinent le goujon les yeux fermés. Et le retour est unanime : “Ça claque.” D’accord, y’a encore des sceptiques, mais comme dirait tonton Pierrot : “Faut pas rester au bord, faut plonger pour savoir.”
Chaque pièce est démontable, pour l’entretien. Même si, selon l’inventeur, la canne se contente d’un petit rinçage de temps en temps. Comme un poisson bien élevé.
Prévue pour la saison 2025, la Mosquetari sera dispo en précommande dès mi-décembre 2024. Tarif de lancement ? Autour de 200 balles, mais pas celles qui nagent. Pour les puristes, c’est donné vu la qualité du bouzin.
Une canne pour toutes les pêches, toutes les sauces
La Mosquetari ne se contente pas de faire des ronds dans l’eau. Son système peut s’adapter à toutes les techniques : canne au leurre, casting, spinning, Toc, anglaise, feeder, jigging… En eau douce comme en mer, c’est la polyvalence incarnée. La Peugeot 205 GTI des cannes. Sauf qu’elle sent moins l’essence et plus la vase.
L’histoire de Mosquetari, c’est un joli conte de pêcheur, mais version vraie. Pas celle où le brochet fait deux mètres à la fin. Ici, c’est une saga de transmission, de persévérance, de sueur, et de canne bien pensée. Une petite révolution discrète, lancée depuis Saint-Jean-de-Luz, mais qui pourrait bien secouer les étangs, les rivières et les ports du monde entier.
Alors, si tu veux filer un coup de main à un projet qui ne sent pas le réchauffé et qui a du fond, commande ta canne. Et qui sait ? Peut-être qu’un jour, tu pêcheras ton premier silure avec une Mosquetari dans les mains… et le fantôme bienveillant d’un certain Jacques qui te soufflera à l’oreille : “Tu vois, gamin, elle mordait, mon idée.”
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