Les parchemins carbonisés d’Herculanum enfin décryptés




C’est une sacrée trouvaille qui en ferait pâlir d’envie César lui-même. Sous des tonnes de cendres volcaniques, un parchemin antique, brûlé et enroulé depuis presque 2 000 ans, vient de retrouver la parole grâce à une intelligence artificielle. Un exploit digne d’un gladiateur de la science ! Mais ici, pas de combats dans l’arène, juste des rayons X, un brin de code informatique et beaucoup de patience

Ce précieux rouleau provient d’Herculanum, la petite sœur de Pompéi, elle aussi victime du “gros pétage de plomb” du Vésuve en 79 après J.-C. Une éruption tellement violente qu’elle a transformé papyrus, maisons et habitants en sculptures carbonisées. Les rouleaux en question, carbonisés mais pas oubliés, ont attendu deux millénaires qu’un cerveau artificiel les aide à cracher leur encre (au sens propre).

Quand l’IA se la joue papyrusologue

C’est dans le cadre du “Vesuvius Challenge” que tout a commencé. Non, ce n’est pas un défi TikTok impliquant de la lave, mais un projet lancé en 2023 par Brent Seales, un crack de l’informatique à l’Université du Kentucky. Objectif : déchiffrer ces papyrus sans les abîmer.

Et pour cela, on sort l’artillerie lourde : un synchrotron, une machine capable de produire un faisceau de rayons X assez puissant pour fouiller dans les entrailles de ces rouleaux. Imaginez un scanner à rayons X, mais version “peplum”. Résultat : une reconstruction en 3D du parchemin, où l’IA joue les décodeurs.

Les premiers mots : une claque dans l’histoire

Après quelques cafouillages numériques et nuits blanches d’archéologues, une perle est sortie des colonnes de texte : le mot grec “διατροπή”, qui signifie “dégoût”. Deux fois dans le même parchemin. On ne sait pas encore si l’auteur râlait sur la météo, les impôts romains ou sur sa dernière expérience culinaire, mais ça promet.

Selon des chercheurs d’Oxford, ce n’est que la première goutte d’un océan de texte. Alors que certains rêvent de “pergola” et de vacances en Italie, ces experts, eux, rêvent de décrypter tous les parchemins carbonisés. Une passion un peu perchée, mais ô combien fascinante.

Des rouleaux fragiles comme un croustillant de feuille de brick

Si ces parchemins ne peuvent pas être ouverts physiquement, c’est parce qu’ils s’effriteraient en confettis au moindre mouvement. Les papyrus antiques, c’est fragile comme une bonne blague au Sénat romain. Heureusement, les bibliothèques modernes regorgent de ces trésors grillés. La Bodley’s Library d’Oxford, par exemple, garde précieusement plusieurs rouleaux d’Herculanum, bien planqués sous une vitre.

Richard Ovenden, bibliothécaire en chef de la prestigieuse bibliothèque, a salué cette collaboration historique : “Un moment incroyable où bibliothécaires, geeks de l’IA et spécialistes de l’Antiquité bossent main dans la main pour découvrir l’invisible.” Une phrase qui ferait un carton en bande-annonce de film.

IA, nouvelle diva de l’archéologie

Mais comment fait l’IA pour lire des rouleaux qu’on n’ose même pas toucher ? Simple : elle cherche l’encre piégée dans les fibres du papyrus grâce aux rayons X. Une fois repérée, elle la recrée numériquement. En gros, elle se la joue copiste du futur, sauf qu’au lieu d’une plume d’oie, elle bosse avec des algorithmes bien affûtés.

Brent Seales résume le tout avec un brin d’humilité : “C’est excitant, mais on a encore du pain sur la planche pour lire tout ça.” Traduction : la machine n’a pas encore fini son devoir de latin.


Bien sûr, ce parchemin reste un casse-tête. Quelle était son utilité ? Une liste de courses antique ? Un poème d’amour ? Ou juste un plan pour déjouer les plans de César ? Seule l’IA pourra répondre, avec un peu d’aide des chercheurs.

En attendant, les passionnés d’Histoire retiennent leur souffle, espérant que ces textes révèlent un pan inédit de la vie romaine. Et qui sait, peut-être qu’un jour, on tombera sur un parchemin racontant le secret de fabrication de la sauce garum ou le mode d’emploi des orgies romaines.

L’Antiquité à l’ère numérique


Alors que des tonnes de papyrus dorment encore sous les cendres d’Herculanum, ce projet prouve que le passé peut revivre grâce aux technologies modernes. L’IA n’est pas qu’une mode : elle est devenue un outil indispensable pour ressusciter l’Histoire.

Et pendant que Brent Seales et son équipe décryptent les pensées enfouies des Romains, on peut se demander : qu’écririons-nous aujourd’hui qui pourrait fasciner les chercheurs de 4025 ? Peut-être nos SMS bourrés d’émoticônes et d’écriture inclusive ou nos posts Instagram ?

En attendant, saluons l’exploit : faire parler un parchemin muet depuis 2 000 ans, c’est un sacré tour de force. Herculanum peut enfin sortir de son silence. Voilà une belle revanche sur le Vésuve !


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