Il Processo : Un thriller judiciaire qui plaide coupable… d’ennui




Le pitch avait pourtant de quoi séduire : une ado retrouvée noyée dans une rivière, des notables englués dans un réseau d’escortes, une procureure qui y voit une affaire (trop) personnelle et un avocat beau gosse prêt à jouer du barreau. Ajoutez à cela le décor chic de Mantoue, et on aurait pu espérer une série entre The Night Of et The Undoing.

Sauf que, dès le premier épisode, on comprend que le dossier est un peu creux. Il Processo nous sert un thriller judiciaire qui veut jouer sur tous les tableaux : film noir à l’italienne, polar nordique à la sauce froide, drama hollywoodien avec un soupçon de soap… Bref, une cuisine juridique qui hésite entre le plat étoilé et le plat réchauffé.


⚖️ Une enquête qui sent le réchauffé

Dès le premier épisode, la série lâche un twist digne d’un coup de théâtre final… sauf que c’est le début. On se demande alors comment les scénaristes vont tenir la distance, et la réponse est simple : ils ne la tiennent pas. Le fil narratif s’effiloche, et on assiste plus à une reconstitution qu’à une véritable enquête haletante.

La procureure Elena Guerra (Vittoria Puccini) est censée être notre Erin Brockovich locale, mais elle passe plus de temps à froncer les sourcils qu’à construire un dossier en béton. Face à elle, Ruggero Barone (Francesco Scianna), l’avocat de la défense, a beau avoir la classe d’un ténor du barreau, il peine à faire décoller son personnage au-delà des archétypes. Quant au juge, il fait touriste et est loin de montrer qu’il est le chef d’orchestre !

L’ensemble se regarde sans déplaisir, mais sans passion non plus. C’est un peu comme un épisode de New York, Police Judiciaire… mais étiré sur huit heures et sans le punch des dialogues.

Le casting est solide sur le papier, mais à l’écran, on oscille entre le surjeu et l’apathie. Vittoria Puccini, pourtant excellente d’habitude, semble coincée dans un registre unique : l’air tourmenté, façon je viens d’apprendre que mon avocat d’ex-mari veut la garde du chat.

Francesco Scianna, lui, s’en sort mieux, en avocat aussi charismatique que retors. Mais à force de le voir enchaîner les plaidoiries tape-à-l’œil, on finit par se dire qu’il ferait un excellent candidat pour Koh-Lanta, tant il excelle dans l’art de la survie scénaristique.

Mise en scène : entre Dolce Vita et Doliprane

Visuellement, Il Processo oscille entre la carte postale et le huis clos oppressant. Mantoue est sublimée, mais vide : pas un chat dans les rues, on dirait que la ville entière a été placée en garde à vue. Les scènes en studio tranchent avec les plans extérieurs léchés, et on peine à s’immerger totalement.

Côté réalisation, ça manque de nerfs. On alterne entre de longs dialogues dans des bureaux gris et des plans de la procureure qui contemple l’horizon d’un air tragique. On est loin du rythme effréné d’un Damages ou du soin millimétré d’un The Good Wife.

Verdict final : un jugement mitigé

Une série qui veut être un True Detective transalpin mais finit en Julie Lescaut sur la lagune

En somme, Il Processo aurait pu être un grand procès télévisuel, mais il manque un vrai plaidoyer pour passionner son jury de spectateurs. Trop froide pour susciter l’émotion, trop classique pour surprendre, la série finit par ressembler à un Columbo qui aurait perdu son imper et son sens du timing.

Si vous êtes fans de thrillers judiciaires et que vous aimez entendre l’italien parfaitement prononcé, vous passerez un moment agréable. Mais ne vous attendez pas à un coup de théâtre final époustouflant : ici, le procès-verbal est plus passionnant que le procès lui-même.

Ma sentence : 5,5/10

Pour les amateurs de séries judiciaires qui n’ont plus rien à se mettre sous la dent… mais avec un avocat commis d’office.


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