Cet été, si vous pensiez pouvoir enchaîner les ferias dans les Landes et les Pyrénées-Atlantiques, il va falloir revoir vos plans. Les Fêtes de Bayonne et celles de Mont-de-Marsan auront lieu aux mêmes dates en 2025. Non, ce n’est pas une blague, c’est juste une situation à vous donner des sueurs froides, surtout si vous êtes commerçant, forain ou festayre indécis. Le 25 septembre dernier, le maire de Bayonne, Jean-René Etchegaray, a lâché cette bombe : les festivités basques se tiendront du 16 au 20 juillet 2025, pile en même temps que celles de la Madeleine à Mont-de-Marsan. Et autant dire que cette annonce a fait l’effet d’une houppette en pleine corrida
Ce n’est pas la première fois qu’il y a des tensions entre voisins, mais là, c’est presque une déclaration de guerre. Thomas Bruch, trésorier et membre du bureau national des forains de France, a d’ailleurs dégainé le premier : « On fera tout pour qu’il change d’avis ! ». Et ce n’est pas le seul à pester. En cause, une décision prise sans concertation, comme ça, tranquillou Bilou, comme un coup de couteau dans le jambon de Bayonne. Les forains, eux, sont furax car ces fêtes représentent 50% de leur chiffre d’affaires annuel. Autant dire que ce doublon risque de mettre quelques bâtons dans les roues des caravanes même si le chien aboie lorsqu’elles passent.
D’habitude, les fêtes de Bayonne sont organisées fin juillet, après celles de Mont-de-Marsan. Sauf en 2024 où elles ont dû être avancées pour cause de Jeux Olympiques. Ouais les gars, mais il n’y a pas de Jeux Olympiques l’année prochaine, c’est tous les quatre ans ! Alors pourquoi ce changement en 2025 ? Jean-René Etchegarray s’explique tant bien que mal : « Nous avons considéré que la meilleure période était du 16 au 20 juillet. Plus tôt, c’est compliqué avec la fin de la période scolaire. Et plus tard, on risquait d’avoir des fêtes sur-fréquentées ». Ah, donc on veut moins de monde ? On a connu des maires moins soucieux du surbooking, mais bon, pourquoi pas.
Forains et festayres : « Qui va vider les bodegas ? »
Chez les forains, c’est la soupe à la grimace. Thomas Bruch ne décolère pas : « Comment on peut prétendre vouloir moins de monde quand on voit toute la communication autour des fêtes de Bayonne ? ». Une pointe de sarcasme bien sentie, tandis que les commerçants landais se demandent si leurs bodegas ne vont pas rester désespérément vides. En 2024, les fêtes de Bayonne avaient déjà accueilli 1,1 million de personnes, soit 20% de fréquentation en moins, avec en prime quelques désagréments comme des agressions, des viols et même la mort d’un festayre. Mais malgré ces événements tragiques, la mairie persiste et signe.
Chez les peñas et autres associations, c’est aussi la douche froide. Michaëlla Clapisson, porte-parole du collectif 2032, ne cache pas sa frustration : « On a le sentiment de ne pas avoir été respectés dans notre rôle de partenaire ». L’an dernier, ce collectif avait proposé dix mesures pour des fêtes plus calmes. Et cette nouvelle date, arrivée sans crier gare, balaye tout ce travail. Il faut dire que la coordination semble un peu perdue dans la fiesta.
Du côté de Mont-de-Marsan, c’est aussi la colère tout rouge ! Le maire Charles Dayot a confirmé que « ça daille » et que les fêtes de la Madeleine resteront bien aux dates traditionnelles, du 16 au 20 juillet. « Nous, on continue comme toujours, on ne change pas une équipe qui gagne », annonce-t-il fermement même si la commune a certainement plus à perdre. Et tant pis si cela doit créer des tensions avec les voisins basques. Pour lui, le plus gros problème sera de gérer la sécurité et les forains, qui devront faire un choix cornélien. On les imagine mal faire des allers-retours entre les Landes et Bayonne en pleine période estivale.
En même temps, les fêtes de la Madeleine ne manquent pas d’arguments pour attirer les festayres : des corridas à gogo, une novillada piquée, et tout cela dans une ambiance décrite comme plus « apaisée ». En plus, contrairement à Bayonne, les fêtes de la Madeleine sont gratuites. Autant dire que pour les aficionados à budget serré, la décision sera vite prise. C’est un peu le duel des ferias, version entrée libre contre soirée VIP.
Bras de fer en vue ?
Le bras de fer entre Bayonne et Mont-de-Marsan risque bien de continuer, car Thomas Bruch et les forains ne comptent pas lâcher l’affaire. « On pourrait bloquer Bayonne avec nos camions et nos manèges », menace-t-il. Oui, la bataille des dates pourrait bien se transformer en bataille des autos-tamponneuses. Mais Jean-René Etchegaray reste imperturbable. Selon lui, cette décision est définitive. Alors que les festayres se préparent à devoir choisir leur camp, une chose est sûre : cet été, ça risque de chauffer dans le Sud-Ouest.
Entre un air de fête basque sous le soleil de Bayonne et une ambiance taurine plus calme dans les arènes landaises, le cœur des festayres balance. Mais attention, les commerçants, eux, ne sont pas prêts à rire de cette situation. Les forains menacent de faire de la résistance et les cafetiers s’inquiètent de voir leurs terrasses désertées. Le spectacle de cet été ne se jouera peut-être pas que dans les arènes, mais aussi dans les rues des deux villes.
Bayonne ou Mont-de-Marsan ? C’est la grande question. Le match va être serré et les supporters vont devoir choisir leur camp.
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