Ça sent le roussi pour l’économie européenne, et Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE), le dit sans pincettes. Dans une récente interview, Lagarde fait le tour des carences européennes, et entre nous, l’Europe n’a pas la cote. En gros, quand les États-Unis galopent à 10,7 % de croissance depuis 2019, l’Europe fait du surplace avec à peine 4,8 %, et la France fait encore moins bien avec 3,7 %. Un score qui ferait pâlir de jalousie n’importe quel escargot ambitieux
Et pour sauver les meubles, Lagarde a une idée bien précise : il est grand temps de se lancer dans une union des marchés de capitaux. Faut dire que l’Europe est tellement fan de la paperasse qu’on y réglemente plus qu’ailleurs, au point de freiner les bonnes volontés et de donner envie aux talents de lever le camp pour l’autre côté de l’Atlantique. Car pendant qu’on dégaine des lois à tout-va, les États-Unis, eux, déroulent le tapis rouge aux investisseurs.
Le décrochage, un “big bang” qui fait mal
Pour ceux qui espéraient voir l’Europe se refaire une santé, il va falloir serrer les dents. Christine Lagarde, la championne du franc-parler économique, ne tourne pas autour du pot : « Le décrochage de l’Europe est une réalité. » Et dans le viseur de ce décrochage ? Le secteur technologique. À l’heure où les États-Unis dominent avec leurs géants de la tech, l’Europe traîne des pieds avec ses start-ups qui n’ont que des clopinettes en poche pour innover. Entre IA, data centers et exploitation des données, nos voisins d’outre-Atlantique sont en plein sprint tandis que l’Europe patine dans sa réglementation.
En somme, nos brillants cerveaux, déçus par un manque de financements privés et freinés par des normes plus nombreuses que les fromages de nos régions, n’ont qu’une envie : filer là où l’argent coule à flot, sans faire la queue pour une énième paperasse administrative. Lagarde le sait, et elle n’a pas hésité à sortir son joker : une union des marchés de capitaux. C’est-à-dire un seul grand marché pour que les épargnants européens puissent investir, sans devoir remplir trois mille formulaires ni passer par vingt-huit procédures.
Si Lagarde s’inquiète de l’avenir de l’Europe, c’est aussi parce que l’Europe est la reine de la règle et du formulaire en cinq exemplaires. Elle a beau régner sur la BCE, elle admet que l’Union européenne adore se compliquer la vie. En France, on parle de “millefeuille administratif”, et en Europe, on ne fait pas mieux : chaque État a ses règles, et quand il s’agit de monter un projet, les investisseurs potentiels sont à la peine.

Pour ne rien arranger, le prix de l’énergie et du travail fait que les industriels voient l’Europe comme un placement pas franchement “juteux”. Difficile de se laisser tenter par un Vieux Continent où le coût de l’électricité ferait presque passer un dîner étoilé pour une ristourne. En clair, tant que l’Europe ne sort pas de ses carcans, elle ne fait pas le poids face à l’attractivité américaine. Et Lagarde le sait bien : « Les industriels sont unanimes, l’Europe est lourde et compliquée. »
Lagarde veut débloquer les capitaux, mais ça coince
Pour Lagarde, il n’y a pas trente-six solutions. Si l’Europe veut relever la tête, il faut qu’elle arrive à mobiliser l’épargne privée pour financer ses industries. Aux États-Unis, les citoyens ont une véritable culture de l’investissement, un système où chacun peut devenir actionnaire et faire fructifier ses économies. En Europe, on en est encore loin ! Les pays du Vieux Continent peinent à distribuer des actions, et la participation des salariés reste faible. Bref, difficile de concurrencer les États-Unis sans mécanismes financiers comparables.
Cela fait plus de 15 ans qu’on parle de créer une “union des marchés de capitaux” en Europe, et le projet n’a toujours pas vu le jour. Alors pourquoi Lagarde garde espoir ? Parce que Lagarde meurt mais ne se rend pas ? Non, parce que, cette fois-ci, toutes les instances européennes semblent enfin prêtes à bouger. « C’est l’engagement de tous qui me donne espoir », déclare-t-elle, rappelant que le dernier conseil des gouverneurs de la BCE s’oriente vers un marché unique des capitaux. Quand on en est à parler d’espoir en finance, c’est jamais bon signe…
Le chantier reste titanesque, mais la BCE ne lâche rien
Pour le moment, Christine Lagarde met toutes ses billes dans la construction d’un marché unique des capitaux européens. Ce serait une vraie bouffée d’oxygène pour attirer les financements privés et permettre aux entreprises de lever des fonds sans être étouffées par la bureaucratie. Il faut le dire : l’Europe a beau avoir la régulation dans la peau, il est urgent de lâcher un peu de lest. Parce qu’à force de vouloir tout encadrer, l’Europe finit par mettre des bâtons dans les roues de ses propres entrepreneurs. Résultat : ils prennent la poudre d’escampette pour des cieux plus cléments, et ça, Lagarde ne peut plus le tolérer.
En attendant que cette union des marchés de capitaux voie le jour, la BCE met la pression sur les gouvernements pour alléger le fardeau administratif et rendre l’Europe un peu plus sexy pour les investisseurs. La tâche est loin d’être aisée, mais Lagarde, avec son franc-parler et son expérience, n’a pas l’intention de lâcher le morceau.
Alors, l’Europe réussira-t-elle à combler son retard sur les États-Unis ? Il y a encore beaucoup de boulot, mais avec une Lagarde déterminée aux commandes, on peut espérer que la vieille dame de l’économie européenne trouve un peu de tonus et, surtout, de l’argent frais.
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