Emmanuel Macron : chef de guerre ou acteur en quête d’un César ?

Titre du film : La Guerre des Élyséens
Genre : Thriller géopolitique, drame politique, et un soupçon de comédie involontaire
Réalisateur : Emmanuel Macron (avec participation exceptionnelle de Vladimir Poutine en méchant de service)
Sortie en salle : Depuis mai 2017, renouvelé en 2022 pour une suite controversée

Si le mandat d’Emmanuel Macron était une série Netflix, on pourrait dire qu’on est dans une saison bien corsée, avec un twist dramatique toutes les trois semaines et des audiences en dents de scie. Après les épisodes mouvementés du Covid, des retraites et de la dissolution, le président enfile aujourd’hui son plus beau costume de chef de guerre pour jouer son rôle préféré : celui du leader de la nation face à l’adversité. Mais attention, la critique est partagée : pour certains, il se rêve en Churchill du XXIe siècle, pour d’autres, il surjoue un peu façon Top Gun de la diplomatie.

“Nous sommes en guerre” : le comeback d’un classique

Mercredi dernier, sur toutes les chaînes, Emmanuel Macron a repris son ton grave, celui qu’il affectionne tant quand il s’agit d’enfiler l’uniforme présidentiel. « La Russie est une menace pour la France et l’Europe », martèle-t-il, tel un général dans une bande-annonce de Michael Bay. Les lumières tamisées, le cadrage serré, la mise en scène soignée… On n’est pas loin d’un bon vieux House of Cards à la française.

Il faut dire que le rôle lui va bien. Depuis le Covid, où il déclarait déjà avec aplomb « Nous sommes en guerre », il a pris goût à ce genre de séquences où il apparaît en grand protecteur de la République. Ce soir-là, sur son pupitre invisible, on aurait presque attendu qu’il pose une statuette dorée, style Oscar du meilleur acteur dans un rôle dramatique.

Mais en coulisses, tout le monde ne valide pas la performance. Chez ses opposants, ça grince des dents. Clémence Guetté, de La France Insoumise, ironise sur la transformation de l’économie française en un champ de ruines sous la macronie, et promet de « construire une économie de la paix ». Si Macron joue Les Misérables, certains préféreraient une version un peu plus feel-good de la politique.

Effet “drapeau” : quand la guerre dope les sondages

Et pourtant, les audiences remontent ! Un bon vieux coup de tension géopolitique, et hop, +6 points dans les sondages, direction les 37 % d’opinions favorables, un record depuis l’été dernier. C’est ce qu’on appelle dans le jargon politique l’« effet drapeau » : en cas de crise, la population resserre les rangs autour du chef. Un phénomène bien connu qui a profité à tous les présidents de guerre, de George W. Bush après le 11 septembre à François Hollande après les attentats de 2015. Bon, après, les sondages…

Alors, Macron stratège ou Macron opportuniste ? Chez les communicants, on note que l’homme sait capitaliser sur ces moments de crise. Il endosse son costume de protecteur de l’Europe, parle d’une « économie de guerre » et place la France en pilier de la défense du Vieux Continent. Il faut dire que, sur la scène internationale, il joue un autre match.

Le Macron show à l’international : standing ovation ou flop critique ?

Si en France, les spectateurs boudent parfois le film, à l’étranger, c’est une autre histoire. D’après une étude de l’ONG Rating Group, notre Président est le dirigeant européen qui inspire le plus confiance aux Ukrainiens, avec 77 % d’opinions positives. Devant Ursula von der Leyen, devant le polonais Andrzej Duda… Bref, une performance digne d’un leader du « monde libre », un rôle laissé vacant par un Joe Biden en fin de carrière.

Mais pourquoi cet engouement ? Simple : Emmanuel Macron a été l’un des premiers à poser les bases d’une défense européenne, à parler de l’autonomie stratégique du continent. Un discours qui sonnait presque ésotérique à l’époque et qui, aujourd’hui, résonne comme une prémonition. Ajoutez à ça son ancienneté sur la scène internationale (8 ans à l’Élysée, un exploit par les temps qui courent), et vous obtenez un président qui joue sur son expérience comme un vieux routier du G7.

Problème : son public principal, les Français, n’ont pas l’air totalement conquis par la superproduction. Si l’on en croit les enquêtes d’opinion, le Président aurait plus de fans à Kiev qu’à Marseille, ce qui pose un léger souci quand on rêve d’un troisième mandat (mais ça, c’est une autre histoire).

Guerre et politique intérieure : le grand écart du Président

Faut-il pour autant se cantonner au rôle de stratège militaire ? On connaît la chanson : à chaque fois qu’Emmanuel Macron se concentre sur l’international, il finit par devoir gérer une explosion sociale à domicile. Gilets jaunes, retraites, dissolution… On ne peut pas dire que le scénario de son mandat manque de rebondissements.

En restant sur le front ukrainien, il cherche aussi à repositionner son rôle en France. Car derrière son discours martial, il y a un message clair : c’est lui qui commande. En gros, il rappelle aux ministres qu’il est aux manettes, façon chef d’orchestre d’un gouvernement en sursis.

Mais attention, la politique, ce n’est pas Hollywood. Si l’allocution de mercredi lui a permis de reprendre la lumière, il reste à voir si le public suivra dans les prochaines semaines. A l’Élysée, on a bien compris que la géopolitique était un terrain plus confortable que les débats sur le litre d’essence à 2 euros ou l’avenir de l’hôpital public.

À quand la suite ?

Emmanuel Macron peut-il vraiment se réinventer en président de crise permanente ? L’avenir nous le dira. Mais si l’histoire nous a appris quelque chose, c’est que les séquences guerrières finissent toujours par être rattrapées par les préoccupations quotidiennes.

En attendant, on imagine déjà la bande-annonce du prochain épisode : “Le retour de la dissolution”, “Budget en péril : la revanche des ministres” ou “Coup de théâtre à l’Assemblée”.


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