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Ti’Pi : quand pisser devient écolo




Y’a des idées qui tombent du ciel, et d’autres qui dégoulinent sur le trottoir. Ti’Pi, c’est un peu des deux. Une boîte pas comme les autres, née d’un constat aussi vieux que l’humanité : tout le monde fait pipi, mais pas toujours au bon endroit. En 2025, alors que le monde patauge dans des crises écolos à la pelle, une société du Pays basque s’est mise en tête de révolutionner la miction. Des urinoirs sans flotte, propres, malins et carrément stylés, histoire de montrer que sauver la planète, ça commence parfois par un petit jet bien placé

Retour à Biarritz, quartier des halles, année 2016. Daniel Bancon, fondateur de Vesbateco (la maison mère de Ti’Pi), sortait de chez lui le matin en mode claquettes-café… et bim, direct les pieds dans le jus. Pas celui d’orange pressée, hein : celui des noctambules qui s’étaient soulagés la veille contre le mur de son perron. Le gars en avait marre de patauger dans le pipi des autres. Alors, plutôt que de râler dans son coin, il s’est dit : « On va inventer une vespasienne écolo, moderne, et on va en coller partout. » Ouais, il avait l’esprit d’équipe… Voilà comment est née l’idée.

Y’avait aussi une motivation plus perso : passé un certain âge, quand t’as pas envie de pousser la porte d’un bar juste pour vider ta vessie, ben t’es dans la mouise. Ou plutôt dans la goutte. Daniel a donc décidé de remettre le pipi public sur pied, mais version propre, durable et surtout sans gaspiller la flotte.

L’eau potable : chassée par la chasse

Parce qu’il faut le dire : on est quand même les seuls mammifères assez couillons pour pisser dans de l’eau potable. Chaque année, des millions de litres partent en fumée juste pour rincer nos petits besoins. Et les stations d’épuration, déjà à genoux en été quand la côte basque déborde de touristes, n’arrivent pas à traiter tout ce flux. Résultat : les bactéries se retrouvent dans l’océan, et bonjour les baigneurs qui ressortent avec plus qu’un bronzage.

Chez Ti’Pi, la logique est simple : on arrête de gaspiller, on invente un urinoir sans flotte. Pas de chasse d’eau, pas de glouglou inutile. À la place, une valve parachute, dite « bec de canard » (si si, c’est son nom), qui laisse passer le pipi mais bloque les odeurs. Résultat : c’est clean, ça sent rien, et ça économise des hectolitres d’eau.

L’histoire d’un colibri… qui pisse écolo

Daniel Bancon n’aura pas vu toute l’épopée de son projet, puisqu’il est parti en 2024. Mais son héritage continue de couler à flot. En 2025, Jérôme, l’actuel gérant, reprend le flambeau. Le gars est animé par une mission claire : pas juste se faire du blé, mais avancer dans le bon sens. Il se compare à un colibri qui dépose sa goutte d’eau sur l’incendie. Sauf que là, c’est plutôt une goutte d’urine, recyclée en engrais pour les champs.

L’idée, c’est pas seulement d’avoir des pissotières propres : c’est d’intégrer le pipi dans un cycle vertueux. Tu bois, tu pisses, ton pipi fertilise les patates, et tu rebois derrière. Boucle fermée. On appelle ça l’économie circulaire, version vessie.

De l’escargot au Ti’Pi

Ti’Pi, c’est pas sorti du sol comme un champignon. Y’a eu tout un historique. En 2016, Daniel bosse avec des designers pour inventer une vespasienne en forme d’escargot (ça traînait un peu, forcément). En 2017, Jérôme débarque, et les premiers prototypes sortent. En 2018, naissance officielle de l’urinoir Ti’Pi. Puis ça s’accélère : distributeurs d’urinettes, lancement sur les réseaux, contrats nationaux. Et en 2025, grosse relance avec une équipe renforcée en digital et en chimie, histoire de rendre l’urinoir encore plus malin et plus sexy.

Des pissotières pour tous les publics

Chez Ti’Pi, on n’est pas sectaires. Y’a du mobilier pour tout le monde :

Anglet montre la voie… d’eau

Dernière actu en date : l’été 2025, la ville d’Anglet a équipé ses plages de cinq urinoirs muraux Ti’Pi. Trois à Marinela, deux à la Chambre d’Amour. Fini les recoins qui sentent le pipi chaud à 17h, place à des installations clean, sans eau et sans odeurs. Et pour plus d’intimité, Ti’Pi a ajouté des séparateurs sur-mesure. Parce qu’on aime bien sauver la planète, mais pas forcément pisser coude à coude avec son voisin.

Les urinoirs sont en polyéthylène recyclé, costauds, résistants aux UV, aux chocs et aux taggeurs. Bref, du solide, pensé pour les foules estivales. Et le système mural permet une pose rapide, avec juste un bidon de récup derrière. Simple, efficace, écologique.

L’urine, nouvelle pépite verte

Faut dire que le pipi, c’est pas que de l’eau sale. C’est blindé d’azote, de phosphore et de potassium. Autrement dit : les mêmes nutriments que dans les engrais chimiques, sauf que là, ça sort direct du producteur au consommateur. Plutôt que de polluer les nappes phréatiques avec des nitrates de synthèse, autant balancer de l’urine retraitée dans les champs.

Alors ouais, ça peut faire marrer. Mais d’ici quelques années, quand les engrais coûteront un bras et que l’eau potable sera plus rare qu’une place assise dans un TER Bayonne-Pau, on sera bien content d’avoir stocké notre pipi dans des cuves.

Ti’Pi veut aller plus loin. Développer des urinoirs encore plus pratiques, des mobiliers urbains adaptés aux crises climatiques, et surtout éduquer le public. Parce que l’avenir, c’est pas juste de pisser propre, c’est de pisser intelligent.

Un urinoir à la plage, une pissotière sur un chantier, une installation mobile dans un festival : chaque goutte compte. Et si chaque miction devient un geste écolo, alors on aura vraiment transformé un besoin primaire en acte citoyen.

Conclusion : Le pipi se met au vert

Alors ouais, ça reste du pipi. Mais c’est du pipi malin. Et si demain, grâce à Ti’Pi, on arrête de rincer nos jets avec de l’eau potable, on aura fait un sacré pas pour la planète. Comme quoi, sauver le monde, c’est pas forcément inventer la voiture volante. Parfois, ça commence par un urinoir mural en polyéthylène recyclé.

Et si en 2030, on bouffe des patates arrosées au pipi recyclé, faudra pas râler. Faudra dire merci à Ti’Pi, les seuls à avoir compris que pour changer le monde, fallait d’abord changer la manière dont on se soulage.

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