On croyait la Guerre froide au frigo, mais voilà qu’elle ressort réchauffée façon plat du dimanche, avec un peu de glaçons pour l’effet dramatique. Donald Trump et Vladimir Poutine ont décidé de se retrouver en Alaska, vendredi 15 août 2025, pour un sommet “historique”. Historique, peut-être… mais surtout folklorique. Entre la vodka et le whisky on the rocks, entre les sourires figés et les poignées de main qui serrent plus fort qu’un étau, les deux chefs d’État vont tenter de bricoler une paix ukrainienne qui tienne plus qu’un vieux pont soviétique
Quand la diplomatie se pèle les miches
C’est officiel : l’Alaska sera le ring glacé où Trump et Poutine vont se jauger. Un choix pas innocent : c’est le seul endroit où les deux peuvent se croiser sans que l’un accuse l’autre de trafiquer le café ou de planquer un micro sous la table. Et puis, c’est géographiquement pratique : une poignée de kilomètres à travers le détroit de Béring et hop, on passe du drapeau étoilé au drapeau frappé du marteau et de la faucille… enfin, de l’aigle russe, mais l’image est là.
Trump, fidèle à son sens du suspense hollywoodien, a balancé la nouvelle sur Truth Social comme on lâche un teaser de blockbuster : « La rencontre très attendue entre moi-même, en tant que président des États-Unis d’Amérique, et le président russe Vladimir Poutine, aura lieu vendredi prochain… » Le tout avec assez de superlatifs pour foutre les boules à un agent immobilier de Miami.
Pendant ce temps, au Kremlin, Iouri Ouchakov confirmait l’affaire avec le flegme d’un vieux joueur d’échecs : oui, c’est bien prévu, et oui, ça cause “paix durable” en Ukraine. Traduction : on va parler longtemps, serrer des mains et, peut-être, s’engueuler poliment devant les caméras avant de signer un papier qui fera semblant d’être une avancée.
La paix en kit, version Alaska
Pour faire bonne figure, Trump a envoyé son émissaire spécial, Steve Witkoff, serrer la paluche de Poutine à Moscou. Résultat : “rencontre très productive” selon le chef de la Maison-Blanche. Productive, c’est vite dit : personne n’a sorti la calculette, mais il semble que l’offre US ait été jugée “acceptable” par Moscou — ce qui, en langage diplomatique, veut dire “pas totalement à jeter, mais faut revoir les finitions”.
L’Ukraine, elle, écoute tout ça depuis la salle d’attente, en secouant la tête : pas question de promettre de rester hors de l’OTAN ou de valider les “nouvelles réalités territoriales” — comprenez : les morceaux grignotés par Moscou. Côté russe, on joue la carte du “paix oui, mais pas à n’importe quel prix”. En gros : on veut bien arrêter les frais, mais seulement si la facture est à la tête du client.
Les négociations précédentes, à Istanbul, avaient déjà accouché de quelques gestes symboliques : échanges de prisonniers, rapatriement de corps… mais pas l’ombre d’un cessez-le-feu qui tienne plus de trois jours. L’Alaska sera-t-elle la terre promise ? Les habitués des sommets savent que ce genre de rendez-vous accouche souvent d’un communiqué final qui dit “beaucoup” pour ne rien dire.

Trump joue au shérif du grand Nord
Le président américain ne cache pas son impatience : il veut du résultat, vite, et il est prêt à dégainer de nouvelles sanctions contre les copains commerciaux de Moscou. En clair : il sort le revolver des taxes douanières pour mettre la pression. Mais Poutine n’est pas du genre à se laisser impressionner par un cow-boy, surtout quand le cow-boy en question est plus habitué aux plateaux de télé qu’aux saloons poussiéreux.
Les deux hommes se connaissent : ils se sont déjà vus, jaugés, flairés… et chacun sait que l’autre est du genre à négocier comme on joue au poker : en bluffant jusqu’à la dernière carte. L’Alaska, c’est donc plus qu’un décor : c’est une table de jeu grandeur nature, avec les pingouins en spectateurs et les phoques en arbitres.
Poutine, l’ours qui ne lâche pas l’os
Pour le Kremlin, cette rencontre est l’occasion de montrer que la Russie reste dans la partie, même sous sanctions. Poutine, fidèle à son image d’homme fort, veut prouver qu’il ne plie pas devant la pression, qu’elle vienne de Washington, Bruxelles ou même Pékin. Et puis, il y a l’agenda : Moscou aimerait bien qu’après l’Alaska, Trump vienne faire un tour “à domicile” pour un prochain round. Histoire de rappeler que l’ours russe, même vieillissant, a encore des griffes.
Mais attention : si le maître du Kremlin sait jouer la diplomatie, il sait aussi manier l’art du coup de théâtre. Une petite déclaration bien sentie, une photo avec un sourire en coin, et hop, on occupe les gros titres pendant trois jours, le temps de laisser retomber la tension et de passer à autre chose.
Entre la vodka et le bourbon, un verre de vérité ?
Dans ce genre de sommet, les vrais débats ne se tiennent pas forcément dans la salle officielle, sous les drapeaux et les caméras. Les couloirs, les pauses café, voire les soirées “informelles” sont souvent bien plus productives. On y échange des promesses, des menaces, et parfois… des numéros de portable pour “parler en direct”.
L’Alaska, avec ses hôtels confortables mais isolés, se prête parfaitement à ces apartés. Entre deux conférences de presse, on peut toujours aller pêcher le saumon ou discuter en se gelant les moustaches sur un balcon. Les interprètes sont rodés : ils savent que “je comprends” peut vouloir dire “je note pour plus tard” ou “jamais de la vie”.
Et après ?
La suite, c’est simple : soit on repart avec un accord bancal mais qui tient un peu, soit on se contente de belles phrases et de photos officielles. Trump pourra toujours dire qu’il a “fait avancer la paix” et Poutine que “la Russie a défendu ses intérêts”. Et chacun rentrera au pays avec un discours prêt à l’emploi pour ses partisans.
La vraie question, c’est : combien de temps tiendra ce vernis diplomatique ? Car derrière les sourires et les accolades, les désaccords sont toujours là, aussi solides qu’un iceberg. Et tout le monde sait ce qui est arrivé au Titanic quand il en a croisé un…
Bref, un sommet glacé vous l’aurez compris, deux égos surdimensionnés, un conflit qui dure, et un décor digne d’un vieux film d’espionnage. Reste à voir si l’Alaska sera le théâtre d’une vraie avancée ou juste la scène d’une nouvelle comédie diplomatique.
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