La 86ᵉ Quincena Musical de Saint Sébastien




Allez, c’est reparti pour un grand opéra de longue haleine dans le calendrier basque : du 1er au 29 août, la Quincena Musicale souffle ses 86 bougies sans fausse note. Ce festival, le doyen de la péninsule ibérique, reste fidèle à sa partition : réunir musique classique et danse contemporaine dans tous les coins du Pays basque. Pas besoin d’une baguette magique : en 80 événements bien calibrés, tu passes de Leipzig à Broadway, du chœur basque à l’opéra pour mômes, tout ça sans te ruiner

Cette année, on met le paquet sur le chant : Xabier Anduaga, big boss du ténor basque devenu star mondiale, revient chez lui deux fois, d’abord dans le Stabat Mater de Rossini en grosse symphonie chorale, puis en récital solo avec ses airs de Verdi, Donizetti et Liszt. Ça, c’est la claque vocale de l’été.

Entre-temps, le 9 août, motif à frisson : l’opéra “Amaya”, version concert – œuvre majuscule du folklore basque revisitée façon Wagner. Arantza Ezenarro en Amaya, le choeur Easo, toute l’Euskadiko Orkestra… On se croirait à une partie de foot où tout le Pays basque défend son goal.

Quant à West Side Story ?, c’est la comédie musicale fêtiche, cette fusion opéra-Broadway à la sauce Donostia, avec la voix de Miren Urbieta-Vega dans le rôle de María. Du groove vocal comme on en fait plus, orchestré par Clark Rundell avec l’Euskadiko Orkestra, et chanté par le chœur de choc Easo.

Danse & flamenco : du classique qui pique

On débute la fiesta artistique avec Requiem(s), la nouvelle création d’Angelin Preljocaj, un trip chorégraphique sur les musiques funéraires, entre Mozart, Bach et Messiaen. Un truc tribal et puissant qui a fait salle comble à Paris.

Puis, le flamenco chic passe par le Victoria Eugenia avec Nocturna – Architecture de l’insomnie, signé Rafaela Carrasco (Prix National de Danse 2023). Elle t’explore la nuit avec Bach, une voix off dramatique, une ambiance qui claque plus qu’un castagnettes en colère. Pour le reste, Tabakalera Dantzan t’offre un patchwork de danse contemporaine façon expo live, avec les résidences Zabaleta, Laida Aldaz et cie. C’est le modern jazz chorégraphique qui fusionne peinture en mouvements et son spatialisé.

Orchestres prestigieux : le grand écart international

La Quinzaine accueille trois pointures du classique :

  • Le Gewandhausorchester de Leipzig, le vénérable papy des orchestres civils fondé en 1743, qui revient pour deux concerts sous la baguette d’Andris Nelsons. Au programme : Le Violon de Dvořák avec Hilary Hahn qui te fond un concerto au visage, le 28 août ; puis, le 29, le Requiem allemand de Brahms et la Symphonie “Réforme” de Mendelssohn en clôture de haut vol.
  • L’Orchestre de l’Opéra de Paris, dirigé par Thomas Adès, rend hommage aux 150 ans de Ravel avec Le Tombeau de Couperin, La Valse, et son propre concerto pour main gauche. Au piano, Kirill Gernstein t’emmène dans la zone Ravelienne la plus premium.
  • L’Orchestre National d’Espagne, avec David Afkham au pupitre, propose une odyssée Wagner condensée en 80 minutes : L’Anneau sans paroles, version orchestre de L’Anneau du Nibelung. Une expérience wagnérienne sans voix, mais avec un orchestre qui fait frémir la partition mythique.

À tout ça s’ajoute l’Orquestra de la Comunitat Valenciana, dirigée par Mark Elder, avec Nelson Goerner au piano dans le Concerto de Tchaïkovski et la Symphonie n°5 de Chostakovitch. Un coup de marteau russe bien senti dès le 3 août.

Créations fraîches : pour adultes et marmots

Le festival mise aussi sur l’innovation : le 26 août, première mondiale de « Nizugu », un opéra pour enfants produit “in-house”. Composé par Iñaki Carcavilla, livret de Marta García, centré sur école, amitié, famille — sérieux, mais joueur, idéal pour éveiller les mômes à Mozart sans traumatisme.

Ajoute à ça une résidence de danse contemporaine à Tabakalera, des commandes musicales inédites et des cycles musique ancienne, folk, orgue, et chœur traditionnel. Chaque coin du Pays basque (Navarre, Lapurdi, Alava) devient scène de musique vivante.

Le grand final : hommage à Ravel et billetterie ouverte

Maurice Ravel fête ses 150 ans cette année, et le festival lui rend hommage à plusieurs niveaux : l’Orchestre de l’Opéra de Paris, l’Ensemble Bayona, des jeunes talents à l’Enclave Andante, des musiques de chambre au San Telmo… Partout, on entend la Valse, le Concerto pour main gauche résonner comme un écho éternel.

Et si t’es intéressé par ce festival qui fait vibrer tout le Pays basque (et ton portefeuille), les billets sont à vendre sur quincenamusical.eus, au Kursaal, et au Victoria Eugenia. Pour les moins de 30 ans : accès à 3 € à l’heure jeunesse. Et les Amis de la Quincena profitent de jusqu’à – 25 % sur tous les abonnements. Pas besoin de jouer les VIP : la passion lyrique, c’est ouvert à tous.

En 86 éditions sans fausse note, la Quinzaine Musicale a prouvé qu’on peut mêler classicisme de haut vol et vibes locales sans se la jouer « j’me la pète ». Entre récitals vocalo-choraux, opéra basque, orchestres historiques, danses tribales et flamenco furieux, la Quincena tisse un patchwork sonore qui fait swinguer toute la péninsule ibérique. Alors si t’as envie de te faire frotter les tympans avec du Rossini, du Bernstein, du Tchaïkovski ou des pas de danse contemporaine qui t’envoient au plafond, t’as le ticket pour un été bien bourré de culture classique, chœur et décibels bien sentis.

Bienvenue à Saint Sébastien, où la musique classique ne dort jamais.


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