Dimanche 14 septembre 2025, t’as intérêt à cirer tes pompes et préparer ton gosier, parce qu’au village d’Irouléguy, ça va couler dru comme au temps des vendanges. Le Syndicat des vins d’Irouléguy, qui bichonne la seule AOP viticole du Pays basque, te sort un programme qui sent la grappe mûre, la terre qui colle aux pompes et la fiesta à rallonge. Pas question de rester planqué chez soi : ce jour-là, les tonneaux se transforment en caisses de résonance, les verres en micros et les vignerons en rock stars de la dégustation
Au menu, c’est pas du pipi de chat. T’as le choix entre une balade pédestre dans les vignes à l’aube (histoire de décrasser ton foie avant le premier canon), une virée en trottinette électrique (pour faire croire que t’es sportif sans lever le coude), et même une pressée de raisin ancestrale à 13h30, pour les nostalgiques qui aiment se rappeler qu’avant la machine, fallait bien des mollets pour écraser la grappe. Le tout arrosé par la txaranga Kuxkuxtu, qui va te souffler dans les oreilles comme un bon coup de vent d’Iraty.
Les mioches, eux, seront pas laissés sur le carreau : jeux gonflables, ateliers rigolos avec l’asso Sarde Sardexka, et glaces artisanales par Milika. De quoi occuper les gosses pendant que papa enfile les godets et que maman fait mine de s’y connaître en robe et en tanins.
Des cadors du goulot
Mais le clou du spectacle, la cerise sur le bouchon, c’est évidemment l’espace dégustation : vingt producteurs, indépendants et la cave coopérative, tous sous le même chapiteau, prêts à te faire voyager entre rouge, blanc sec et rosé qui te fait chanter des chants basques après deux verres. T’as beau avoir la bouche en carton, eux, ils vont te la vernir avec des nectars qui racontent le terroir mieux qu’un guide touristique. Et le plus beau, c’est que tu peux causer direct avec eux, leur demander pourquoi ton rouge te file la larme à l’œil ou ton blanc te rappelle la dernière bringue à Saint-Jean-Pied-de-Port.
L’Irouléguy, c’est pas juste un vin : c’est un CV liquide. Une AOP vieille de 1970 (relookée AOP en 2013), portée à bout de bras par un syndicat créé en 1945, qui réunit aujourd’hui 60 adhérents. C’est du vin qui transpire la montagne, qui grimpe aux terrasses des vignes comme un pottok pressé d’arriver à la bergerie, et qui balance dans ton verre le caractère basque pur jus.
Bouffer, picoler, guincher : l’art du triplé gagnant
Évidemment, faudrait pas picoler le ventre vide, sinon tu finis plus vite à plat qu’un cubi percé. Sur place, t’as de quoi grailler comme un prince : sandwiches concoctés par Agerria, menu unique chez Jarapea, glaces qui font fondre même les aitatxi les plus ronchons, et, à partir de 18h30, le foodtruck Mutturfin pour caler les estomacs des couche-tard. Et partout, bien sûr, le bar à vins qui coule comme une fontaine miraculeuse.
Quand t’auras les joues bien rouges et la voix éraillée par les chansons basques, tu pourras te laisser porter par le reste de la fiesta : partie de pelote à 17h00 avec la Zaharrer Segi (histoire de digérer en regardant les autres cavaler), concert de Kalume à 19h00, et pour les couche-tard qui veulent finir la nuit en mode boule à facettes, DJ Estelle prendra les platines dès 21h00.
Du pinard mais pas que : une fête pour tous les palais
Le Syndicat, il fait pas les choses à moitié. L’idée, c’est pas seulement de te coller un verre sous le nez, mais de t’expliquer le pourquoi du comment. Qu’est-ce que ça veut dire une AOP, pourquoi les mecs et les nanas du cru se cassent le dos à bosser sur quinze communes (de Baïgorry à Ossès en passant par Ispoure et Jaxu), et comment leur taf fait qu’aujourd’hui, t’as dans ton godet autre chose qu’un vin de table “La Villageoise”. Bref, on t’éduque l’esprit tout en te rinçant le gosier : pédagogique et ludique, comme ils disent.
Et le mieux, c’est que ça coûte pas un bras : l’entrée, c’est 5 boules. Autant dire le prix d’une demi-bouteille au supermarché, sauf que là, t’as droit à l’ambiance village, la musique live, les copains, la pelote, les gamins qui courent partout, et surtout, surtout, du vrai jus d’Irouléguy servi par ceux qui l’ont bichonné de la vigne à la cuve.
Le vin comme passeport basque
Faut pas oublier que l’Irouléguy, c’est l’âme viticole du Pays Basque intérieur. C’est pas Bordeaux ni Champagne, mais ça a une gueule pas possible et un accent qui chante comme une vieille chanson de comptoir. Y’a que là que tu peux boire un rouge qui sent la montagne, un rosé qui te fait voyager, et un blanc qui claque comme une vague à Biarritz. C’est plus qu’un vin : c’est une déclaration d’identité, un “Aupa” liquide qui te colle direct à la peau.
Alors ouais, le 14 septembre, ce sera pas une kermesse de plus. Ce sera LE rendez-vous où les locaux trinquent avec les touristes, où les familles découvrent que le vin, c’est pas que pour les darons, et où tout le village d’Irouléguy se transforme en gigantesque banquet à ciel ouvert.