Entre nous, la Faucheuse, on n’a jamais trop su si elle bossait aux urgences ou au ministère de la Justice. Ce mois-ci, elle traîne surtout du côté du Palais Bourbon, où les députés ont remis la mort sur le tapis. Fin de vie, euthanasie, suicide assisté, soins palliatifs… C’est pas le dictionnaire du macchabée, c’est carrément un lexique pour croque-morts en reconversion législative
Depuis le 12 mai, les députés sont repartis pour une virée terminale dans les couloirs de la loi. Le projet ? Ou plutôt, les projets : d’un côté, une proposition pour améliorer les soins palliatifs, de l’autre, un texte explosif sur l’aide à mourir. Autrement dit, nos élus débattent d’un sujet qui fait froid dans le dos… sauf pour ceux qui veulent justement éviter d’y crever de douleur.
Alors, avant que tout le monde s’étrangle avec des mots qu’on pige pas, on vous file le glossaire du trépas version hémicycle. De quoi mourir moins bête — voire mourir dans la dignité, si le projet passe.
Aide à mourir : le mot qui fait passer la pilule
Dans ce grand cirque de la fin de vie, le terme vedette, c’est “aide à mourir”. Et là, on sent déjà que le législateur a bossé son storytelling. Plutôt que balancer direct “euthanasie” ou “suicide assisté” — des mots qui cognent comme un cercueil sur un plancher en bois — on préfère la formule douce, presque poétique.
Mais sous les fleurs, le cercueil : l’aide à mourir, c’est un terme parapluie. Il couvre deux méthodes pour passer l’arme à gauche de façon encadrée : l’euthanasie (où le doc fait le boulot) et le suicide assisté (où c’est le patient qui prend les commandes). Dans les deux cas, c’est pas un dérapage sur une peau de banane, mais un acte demandé, réfléchi, encadré et réservé à ceux qui n’ont plus que la souffrance comme colocataire de fin de bail.
Euthanasie : c’est le toubib qui allume la lumière (puis l’éteint)
L’euthanasie, c’est quand le médecin, souvent les yeux dans les yeux avec le patient, lui injecte la dose finale. Le tout avec le consentement éclairé de la personne, qui veut raccrocher les gants avant que la douleur ne transforme ses jours en calvaire permanent.
En France, c’est interdit. Le code pénal n’aime pas qu’on joue au Docteur Faucheuse, même si c’est avec de bonnes intentions. Mais chez nos voisins belges ou néerlandais, c’est légal. Là-bas, on a compris qu’il y a une différence entre tuer et aider à partir. Chez nous, pour l’instant, ce genre d’aide se fait encore sous la table, ou carrément de l’autre côté de la frontière.
Suicide assisté : la sortie de secours, version DIY
Le suicide assisté, c’est un peu comme l’euthanasie, mais avec un twist : c’est le patient qui appuie sur le bouton. Le médecin, lui, fait le job de pharmacien de l’extrême : il fournit la potion, vérifie que tout est bien carré, mais ne touche pas à la seringue.
C’est légal chez les Helvètes (les champions du chocolat noir et des fins douces), ou dans certains États américains où mourir dignement, c’est pas vu comme un crime contre la vie. En France ? Interdit aussi. Mais le projet de loi veut changer ça, et c’est justement ce qui fait tousser les députés les plus frileux, ceux qui confondent fin de vie et début de l’enfer.

Soins palliatifs : chouchouter les derniers instants
Dans la famille des fins en douceur, on demande les soins palliatifs. Là, on est dans l’accompagnement VIP du grand départ. Objectif : pas d’acharnement, pas de machines jusqu’à l’éternité, mais du confort, de la chaleur humaine, des calmants costauds et un peu de douceur dans ce monde de brutes.
La SFAP (la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs — rien que le nom, c’est une berceuse) insiste : les soins palliatifs, c’est pas pour tuer, c’est pour éviter que le patient meure de ses douleurs. Et si ça doit passer par une sédation lourde, eh ben banco. Mais on attend que la mort vienne d’elle-même, comme une invitée qu’on n’a pas appelée mais qu’on accueille poliment.
Sédation profonde et continue : la sieste sans réveil
Depuis 2016 et la loi Claeys-Leonetti, on a le droit d’endormir un patient pour de bon… sans intention de l’expédier plus vite. C’est ce qu’on appelle la SPCJD (oui, les acronymes aussi peuvent tuer).
La sédation profonde, c’est l’équivalent médical du “laissez-moi dormir tranquille jusqu’à ce que je parte”. Le patient est plongé dans un sommeil sans retour, parce que la douleur est devenue un monstre qu’aucun cacheton ne peut calmer. Le but n’est pas de tuer, mais de foutre la paix au mourant. La mort arrive quand elle veut, et pas parce qu’on l’a appelée.
Des députés au chevet de la mort
Pendant deux semaines, l’hémicycle devient maison de retraite parlementaire (ce qu’il est déjà pour une tripotée des locataires) : débats passionnés, textes disséqués, amendements déposés comme des fleurs sur une tombe. D’un côté, les partisans du “vivre jusqu’au bout”, qui veulent des soins palliatifs pour tous, partout, tout le temps. De l’autre, les défenseurs du “mourir dans la dignité”, qui ne veulent pas qu’on oblige les gens à souffrir pour le plaisir d’un principe abstrait.
Et au milieu, le gouvernement, qui joue les croque-morts modérés, en essayant de contenter tout le monde sans se faire enterrer politiquement.
Le 27 mai, ce sera jour de vote. Les députés décideront s’ils ouvrent la porte à une nouvelle manière de dire au revoir, ou s’ils préfèrent rester dans le statu quo mortifère.
Le dernier mot (ou presque)
Faut-il légaliser l’aide à mourir ? Faut-il continuer de refiler des calmants en espérant que ça suffise ? Peut-on forcer quelqu’un à vivre quand il veut partir ? Autant de questions qui foutent les chocottes, même aux plus durs à cuire du Palais Bourbon.
Mais si on veut éviter que la mort reste un sujet tabou planqué sous les tapis rouges de la République, il va falloir oser la regarder en face. Quitte à lui serrer la main avec tendresse.
En attendant, on espère que les députés voteront avec le cœur, pas avec la trouille au ventre. Parce que si la mort est inévitable, la souffrance, elle, ne devrait jamais l’être…
Euthanasie : Entre les mains de Dieu, du législateur ou de l’infirmier de nuit ?

Bienvenue au rayon terminus, tout le monde descend, là où la France débat, tergiverse, et marche sur des œufs mollets autour de la fin de vie. Sujet sensible ? Non, sujet explosif : entre ceux qui veulent partir dignement et ceux qui disent pas question de débrancher Mamie tant qu’elle respire un peu du nez, le consensus est aussi fluide qu’une perfusion bouchée.
Fin de vie, quand la morale et la morphine font chambre à part
Côté religieux, c’est ambiance halte-là !. Pour les cultes, la vie est sacrée, même quand elle ressemble à une vieille cassette usée qu’on n’arrive plus à rembobiner. L’euthanasie ? Blasphème, disent certains. Tu ne tueras point, même si la personne demande gentiment, avec un mot doux et une ordonnance.
Côté éthique, les philosophes s’en mêlent, entre deux cafés noirs bien corsés. Peut-on disposer de sa vie comme on jette un vieux ticket de métro ? Pas sûr. D’un côté, le respect de l’autonomie du patient. De l’autre, la peur de glisser sur une pente savonneuse vers le fast-exit organisé. On craint que la liberté de mourir devienne, pour certains, une pression de ne plus coûter à la sécu.
Et les toubibs ? Eux, ils rament. Le serment d’Hippocrate, c’est beau sur le papier, mais soulager sans hâter la mort, ça tient parfois du funambulisme. Certains médecins aimeraient pouvoir aider à mourir sans risquer la radiation ou la case prison. D’autres, fidèles à la blouse blanche jusqu’au dernier souffle du patient, disent : Tant qu’on peut faire quelque chose, on fait. Même si ce “quelque chose” consiste à réciter Pagnol en morphine pendant trois semaines.
On oublie aussi le point de vue du citoyen lambda, celui qui voit ses proches s’éteindre au ralenti dans des conditions pas toujours très dignes, mais qui entend aussi les craintes : Et si un jour, c’est moi qu’on branche-débranche à la chaîne comme une multiprise vivante ?
Alors, où en est-on ? Une loi est dans les tuyaux, entre aide active à mourir et sédation terminale longue durée façon sommeil profond XXL. Mais chaque virgule est un champ de mines. Faut dire que c’est un sujet où tout le monde est concerné, mais où personne ne veut vraiment y penser. Comme le dossier qu’on planque au fond du tiroir marqué “On verra plus tard”.
Conclusion ? En France, mourir, c’est toujours compliqué. Mais en rire, c’est déjà un peu vivre.
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