Du 28 au 30 juin, EHZ remet ça à Arberatze-Zilhekoa. Pas de bling-bling ni de mousse-party à l’horizon. Une édition qui plante son chapiteau dans la terre basque comme on plante un drapeau : droit, fier, solidaire. Avec Fermin Muguruza, Errobi, des sons qui décoiffent et des bénévoles à la pelle, le festival continue de faire rimer militant avec festif. Concerts en pagaille, zikiro à s’en lécher les doigts, et toujours cette petite étincelle d’utopie à partager
C’est reparti comme en 96 ! Après avoir planté sa tente l’année dernière à Arberatze-Zilhekoa, le festival Euskal Herria Zuzenean remet le son dans la cambrousse. Trois jours de bruit, de sueur et de bonne humeur militante, pour faire danser la plaine, groover les collines, et montrer que la culture basque, ce n’est pas que des foulards rouges et des makilas. Non, ici, on cause identité, on cause partage, et on monte les décibels au nom de la solidarité.
Du 28 au 30 juin, ce coin tranquille d’Amikuze va se transformer en ruche vibrante, où les scènes vont bourdonner comme une txalaparta un jour de fête, et les festivaliers affluer comme des brebis à la traite. Et ce n’est pas peu dire : l’année dernière, ils étaient près de 12 000 à s’être pointés. Une belle preuve que le bouche-à-oreille marche mieux que toutes les affiches 4×3 de la côte.
La terre, ce bon vieux dancefloor
Cette année, EHZ met les deux pieds dans la terre. Thème officiel de l’édition, elle est ici bien plus qu’un support pour planter les piquets de scène : c’est un symbole. Une matière vivante, partagée, cultivée, qui relie. Comme la culture basque, tiens. Parce qu’à l’heure où tout se vend, se privatise, se logoïse, EHZ continue de creuser son sillon à la houe du collectif. Pas question ici de faire tourner le béret pour quelques likes : la culture, c’est du lien, du vivant, du roots. Et ça, ça ne se met pas en NFT.
À contre-courant des mastodontes sponsorisés par les banques ou des festivals hors sol qui débarquent avec des food trucks plus nombreux que les artistes, EHZ reste fidèle à ses bottes. Autogestion, entraide, esprit DIY (et pas juste pour les décos de guirlandes) : ici, on fait avec le cœur, pas avec un business plan.
Côté prog’, comme d’hab, ça castagne. Mais toujours avec du sens. Faut dire qu’EHZ a le groove dans l’ADN : ça balance du son comme on balance une revendication sur les hauteurs d’Iraty.
Cette année, on retrouve des vieilles canailles et des nouvelles têtes. Mention spéciale à Fermin Muguruza, le boss, le vétéran du riff engagé, qui revient fouler la scène du festoche dix ans après son dernier passage. Le gars d’Irun n’a pas pris une ride dans la rage. Après avoir mis le feu à Donost devant 30 000 personnes, il ramène sa soul, son dub, son punk et ses convictions pour un concert de deux heures qui s’annonce déjà mythique. Septième apparition à EHZ pour celui qui avait déjà allumé la mèche en 1996, lors de la toute première édition à Arrosa. La boucle est bouclé, le pogo aussi.
Autre retour qui va faire frémir les guitares : Errobi, les pionniers du rock basque. Mixel Ducau et Anje Duhalde, rebranchés pour leurs 50 piges, vont faire vibrer les souvenirs et les amplis. Leur concert est prévu le dimanche 29 juin à 18h45. Préparez les mouchoirs… ou les bouchons d’oreilles, c’est selon.
Mais EHZ, ce n’est pas que la madeleine musicale. C’est aussi une scène ouverte à toutes les vibes :
– Maskak et son rock basque bien rugueux,
– Radio Byzance pour une virée électro-tzigano-déroutante,
– W!zard, petit bijou punk qui joue vite, fort, et en sueur,
– Queer Falafel, cocktail engagé aux rythmes pimentés.
Et puis les artistes du coin, ceux qui grattent, chantent et rêvent en euskara : Auhen, Marte Lasarte… Des noms à retenir avant qu’ils ne cartonnent ailleurs.
Zikiro et bénévoles
Mais EHZ, ce n’est pas que la scène. C’est aussi la plaine, les chapiteaux, les brebis et les agapes. Fidèle à son terroir, le festival met les petits plats paysans dans les grands. Grâce à Euskal Herriko Laborantxa Ganbara, on retrouve le zikiro géant sous chapiteau. Un bon vieux méchoui à la basquaise, qui régale autant les papilles que les cœurs. Parce que militer, ça creuse.
Et attention, on ne parle pas ici de frites molles et de nuggets tristes : que du produit local, du bon, du vrai, du qui pousse pas à 3 000 bornes. Les éleveurs, les maraîchers, les boulangers : tous mettent la main à la pâte pour nourrir les troupes. Une manière aussi de rappeler que la terre, ce n’est pas juste un décor, mais une alliée.
Derrière les concerts, les scènes et les vibes, il y a une armée de l’ombre : les bénévoles. 500 bras et autant de sourires, sans qui le festival ne serait qu’un champ vide. Depuis 1996, EHZ repose sur eux. Montage dès le 18 juin, service au bar, surveillance du parking, compostage, brigade verte… Tout le monde met la main à la pâte, et parfois au cambouis.
Ici, on vient pour le kif, pas pour le CV. Le lien, le partage, l’utopie qui carbure à l’huile de coude. Les inscriptions sont ouvertes sur ehz.eus, rubrique BÉNÉVOLES. Si tu sais manier un tournevis, servir une bière ou juste sourire, t’es le bienvenu. Et pour les timides : sache qu’un festival monté à 500, ça vaut tous les team buildings du monde.
Viens bricoler l’utopie
EHZ, c’est du bruit, mais jamais du vacarme. Pas question ici de laisser traîner des comportements nauséabonds. Le festival met en place un protocole clair contre les actes sexistes, homophobes et racistes. Pour que chacun.e puisse danser, crier, aimer et rêver en toute sécurité.
Parce qu’on n’est pas là pour refaire le monde en débattant au comptoir (quoi que), mais pour le vivre, ensemble, le temps d’un week-end. Et plus si affinités.
Tu veux pas juste mater le concert de Fermin ou croquer dans un sandwich au brebis, mais carrément faire partie de l’aventure ? Banco ! Que t’aies deux mains gauches ou un CAP électricité, on a besoin de toi. Viens avant, viens après, viens quand tu peux : le montage du festival commence le 18 juin, et chaque coup de marteau, chaque sourire au stand info, chaque sandwich tartiné compte.
EHZ, c’est pas un festival où tu consommes, c’est un endroit où tu participes. Tu plantes ta tente ET ton énergie. Et au moment de ranger les chapiteaux, tu repartiras pas juste avec un bracelet au poignet, mais avec un souvenir de ouf et des potes pour la vie. Pas mal pour un week-end à la campagne, non ?
EHZ 2025 : du 28 au 30 juin à Arberatze-Zilhekoa.
Infos, billetterie, bénévolat : ehz.eus
Viens comme t’es, repars un peu plus basque que tu l’étais.