La BEI branche la prise à 1,6 milliard pour électrifier l’axe France-Espagne




Y a du jus dans l’air côté golfe de Gascogne ! Grâce à un gros coup de pouce de la Banque européenne d’investissement (BEI), le courant va enfin passer comme jamais entre la France et l’Espagne. Et quand on dit « passer », c’est pas pour rigoler : 400 km de câble, dont 300 sous la flotte, pour faire grimper la tension d’un cran. Résultat ? Une interconnexion électrique qui va envoyer du watt et décarboner du mégawatt. Autopsie d’un chantier de haute voltige… et voltage

Longtemps branchée sur une rallonge trop courte, la péninsule Ibérique jouait un peu solo dans le grand concert énergétique européen. Trop peu connectée, trop dépendante, pas assez de prises dans la multiprise continentale. Mais ça, c’était avant. Grâce au projet d’interconnexion électrique sous-marine entre la France et l’Espagne — le tout premier du genre — les deux voisins se donnent enfin la main… à haute tension !

L’objectif : doubler la capacité de transit électrique entre les deux pays, en passant de 2 800 à 5 000 mégawatts. De quoi envoyer du pâté watté à travers les Pyrénées et assurer une distribution plus stable, plus verte, et surtout plus solidaire du courant. Fini la galère des transferts au compte-goutte, place au gros débit énergétique.

Une rallonge XXL à 1,6 milliard de boules

Qui dit grand projet, dit gros biftons. Et là, c’est la BEI qui allume la lumière avec un prêt de 1,6 milliard d’euros pour financer cette autoroute du kilowatt entre Cubnezais (France) et Gatika (Espagne). Une rallonge salutaire pour RTE et Red Eléctrica, les deux chefs de chantier, qui bossent main dans la main sous la bannière de la coentreprise Inelfe. On pourrait presque parler de “tension franco-espagnole”, mais dans le bon sens du terme, hein.

Ce jeudi, au siège de la BEI à Luxembourg, la première tranche du pactole — 1,2 milliard — a été signée en présence de tout ce que l’UE compte de fusibles haut placés : Nadia Calviño (présidente de la BEI), Dan Jørgensen (commissaire à l’énergie), Marc Ferracci (ministre français à l’énergie), Miguel González Suela (Espagne), Beatriz Corredor (Redeia) et Thomas Veyrenc (RTE). Autant dire qu’il y avait du monde au tableau électrique.

Câble à haute voltige : 300 bornes sous la flotte

Pas question ici de tirer une rallonge made in Bricorama, mais bien de poser un câble sous-marin à courant continu sur 300 kilomètres dans le golfe de Gascogne. Le reste, sur la terre ferme, viendra compléter le chantier jusqu’à la prise de chaque côté. Le tout sera raccordé à deux stations de conversion dernier cri, histoire de transformer le courant continu en alternatif et vice versa. C’est un peu comme une double prise européenne : tu branches d’un côté, ça alimente de l’autre.

Et pour faire tout ça proprement, les équipes d’Inelfe ont mené un processus « ouvert et participatif » (traduction : ils ont demandé poliment leur avis aux riverains et aux écolos), afin d’éviter de se prendre une volée de bois vert et d’enfiler ce câble avec un maximum de consensus. Résultat : un projet qui ne froisse pas trop les gilets verts, tout en alimentant ceux qui n’ont plus les moyens d’allumer la bouilloire sans faire sauter les plombs.

Moins de carbone, plus de courant : tout le monde y gagne

En activant ce projet, l’objectif est clair comme un halogène 200 watts : apporter une électricité plus propre, plus fiable, et moins chère aux millions d’usagers qui galèrent parfois avec des réseaux isolés. Grâce à cette ligne transfrontalière, on évitera le rejet de 600 000 tonnes de CO₂ par an. De quoi faire plaisir à Greta et aux glaciers qui fondent.

Mieux encore, ça permettra à l’Espagne et au Portugal de sortir de leur bulle énergétique en atteignant les 15 % de capacité de production interconnectée exigés par Bruxelles d’ici 2030. Une condition sine qua non pour ne pas rester branchés dans le vide pendant que le reste de l’Europe passe à la transition énergétique turbo boostée.

Un projet qui fait disjoncter les compteurs européens

Avec ses 578 millions d’euros de subvention en provenance du Mécanisme pour l’interconnexion en Europe (MIE), le projet coche toutes les cases : utile, urgent, et un peu sexy aussi. Pour la BEI, c’est un pas de plus vers son statut assumé de « banque du climat ». En 2024, elle a signé pour 31 milliards d’euros de soutiens à la sécurité énergétique, soit de quoi brancher l’Europe sur une transition verte à haute intensité.

En Espagne, on a déjà ramassé plus de 5 milliards pour le secteur de l’énergie cette année (record à battre), tandis que la France a reçu 3,6 milliards d’euros de câlin financier, dont 400 millions pour les réseaux et le stockage. Autant dire que tout le monde en prend plein la bobine, dans le bon sens.

Un projet qui soude l’Europe autour de la prise

Côté déclarations, ça voltige :

  • « La péninsule ne sera plus une île énergétique ! » s’enflamme Nadia Calviño, bien branchée sur le sujet.
  • « Ce projet est un pont entre les nations, et une prise multiple pour la transition énergétique », souligne Beatriz Corredor, présidente de Redeia.
  • « Ça montre qu’on peut faire preuve de solidarité même avec un tournevis dans la main », ajoute, la prise au cœur, Marc Ferracci.

Même Miguel González Suela y va de son ampoule : « Ce ne sera pas le dernier accord, il y a encore plein de prises à connecter dans cette Union de l’énergie ! » Ambiance prise en main, fiches mâles et femelles qui s’emboîtent dans un élan européen.

Et maintenant ? On branche, on teste et on électrise

Le chantier est lancé, les câbles seront posés dans les années à venir, et la mise en service est prévue pour 2028. D’ici là, il va falloir tirer, isoler, souder et surveiller pour ne pas faire tout péter en route. Mais si tout se passe comme prévu, cette interconnexion changera la donne en matière d’approvisionnement et de transition énergétique.

Bref, une affaire qui roule, qui pulse, qui watte à fond les manettes. Et dans une Europe qui veut passer au vert sans se prendre les pieds dans le tapis électrique, voilà un projet qui a tout pour devenir le symbole d’un avenir branché et durable.


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