CC-BY-4.0: © European Union 2019 – Source: EP

Épisode 1 – Ursula, CV en or et mémoire sélective




Si Ursula von der Leyen était un meuble IKEA, elle s’appellerait sans doute “Kommissarüberraschung” : du style, du mystère, et quelques vis qui manquent dans la notice. L’actuelle présidente de la Commission européenne n’est pas arrivée là par hasard… mais presque. Retour sur une ascension aussi fulgurante que déroutante, entre costume taillé sur mesure et zones d’ombre bien repassées

Docteur en blouse blanche, ministre en gilet pare-balles

Avant de négocier des milliards d’euros de vaccins à coups de textos, Ursula von der Leyen, née Albrecht (fille d’un haut fonctionnaire européen, tiens donc), mène une vie bien rythmée : études de médecine, doctorat, sept enfants (oui, sept), et entrée tardive en politique sous l’aile bienveillante d’Angela Merkel.

Elle s’illustre au ministère de la Famille, puis du Travail, mais c’est surtout au ministère de la Défense (2013-2019) que les casseroles commencent à crépiter. Une série de contrats juteux avec des cabinets de conseil privés (McKinsey, Accenture & co), attribués sans appel d’offres clair, déclenche une tempête parlementaire en Allemagne. On parle de millions d’euros de prestations “floues”, de règles de passation contournées, et de réunions où l’État ressemble étrangement à une filiale de Deloitte.

Le Bundestag lance une enquête. Ursula plaide la maladresse, promet des “améliorations” internes, puis — comme par enchantement — elle est propulsée à Bruxelles. Ce n’est pas une éjection punitive, c’est une promotion. La magie européenne.

L’ascenseur européen n’a pas de bouton “rez-de-chaussée”

On pourrait croire que la présidence de la Commission européenne est le fruit d’un scrutin transparent, d’un programme électoral, de débats passionnés… Mais non. En 2019, Ursula n’était même pas candidate aux élections européennes. Elle surgit comme un joker surprise, proposé par les chefs d’État après l’échec des “vrais” Spitzenkandidaten.

Élue à 9 voix près au Parlement européen, elle entame son mandat avec une légitimité discutable, mais une feuille de route ambitieuse. Certains eurodéputés parlent d’un “hold-up démocratique feutré”, d’autres d’un “choix pragmatique”. Mais une chose est sûre : c’est le début d’un mandat qui va vacciner l’UE contre la transparence.

Sources :

  • New York Times, “Pfizer Vaccine Deal with EU and the Missing Texts”, 2022.
  • Médiateur européen, enquête OI/3/2021/MHZ.
  • Cour des comptes européenne, rapport spécial 2022/19.

À suivre la semaine prochaine :
Épisode 2 – Bruxelles, ses dorures… et ses SMS manquants

Ursula, Albert Bourla (le patron de Pfizer), et une négociation de plusieurs milliards par textos… mais chut, les messages se sont volatilisés. Heureusement, la Commission assure qu’elle « ne les trouve plus ». Tout est sous contrôle.


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