Festival de Cannes 2025 : clap d’ouverture sur la Croisette




Silence sur le plateau, moteur… ça tourne ! Cannes 2025, c’est parti ! Et pas avec un petit coup de manivelle discret, non non : on parle d’un démarrage en fanfare, version Dolby Surround, tapis rouge déroulé à l’infini, et brushing résistant à la tramontane. Sur la Croisette, les stars sont descendues du ciel (ou plutôt de jets privés pas très écolos) comme des météores en smoking. Le champagne a coulé, les robes se sont frottées aux flashs, et les journalistes people ont dégainé leurs micros plus vite que leur ombre. Bref, un vrai festival… du festival

Car chaque année, Cannes c’est un peu comme les César et les Oscars qui auraient gobé de l’ecsta : tout est plus clinquant, plus perché, plus long aussi (on ne parle pas de la queue pour les toilettes du Palais). Et cette 78e édition, orchestrée par le maître de cérémonie Laurent Lafitte, avait de la gueule. Un vrai blockbuster de gala. Le mec a balancé les vannes comme un sniper de stand-up : ni trop piquant, ni trop plan-plan, juste ce qu’il faut de second degré pour décoincer les rétines liftées du premier rang.

Mais trêve de bla-bla et de poudre aux yeux, entrons dans le vif du script. Voici les trois temps forts de cette cérémonie d’ouverture qui a fait vibrer la Croisette, entre émotions XXL, hommages poignants et punchlines en cascade.

1. Juliette Binoche, la présidente qui met les points sur les « i »… d’humanité

Elle aurait pu se contenter de sourire à la caméra, de lever sa coupe de champagne et de faire un clin d’œil à la France qui l’admire. Mais Juliette Binoche, présidente du jury cette année, est montée sur scène avec la grâce d’une étoile… et la rage au ventre. D’un ton grave mais habité, elle a pris le micro pour rendre un hommage poignant à Fatima Hassouna, photojournaliste palestinienne et réalisatrice en herbe, tuée par un bombardement israélien à Gaza en avril.

Fatima venait tout juste d’apprendre que son documentaire « Put Your Soul on Your Hand and Walk » avait été sélectionné pour Cannes. Elle n’aura pas eu le temps de vivre ce rêve. Juliette, la voix tremblante mais déterminée, lui a dédié ses premiers mots :

« Fatma aurait dû être parmi nous ce soir. L’art reste. Il est le témoignage puissant de nos vies, de nos rêves. »

Un silence pesant a envahi la salle du Grand Théâtre Lumière. Même les talons aiguilles ont cessé de claquer. Et dans cette ambiance suspendue, Juliette a élargi son propos, évoquant aussi les otages du 7 octobre, les prisonniers, les naufragés de Méditerranée, tous ceux qui crèvent loin des projecteurs. Une sortie de route bienvenue dans le grand cirque du 7e art. Pas d’esbroufe, juste une claque de réalité bien sentie. Comme quoi, même sur tapis rouge, on peut marcher la tête haute.

2. Mylène Farmer et son solo lunaire pour David Lynch

S’il y a bien une personne qu’on ne s’attendait pas à voir débouler sur scène dans un halo de mystère et une lumière bleutée, c’est Mylène Farmer. La rousse énigmatique, d’ordinaire planquée dans les limbes gothico-poétiques de sa discographie, a débarqué telle une héroïne de Twin Peaks pour rendre hommage à David Lynch, disparu en janvier dernier.

Accompagnée d’un pianiste tout droit sorti d’un film de Jim Jarmusch, Mylène a murmuré une chanson inédite, un hommage intime à son « ami disparu » :

« Partout, partout, c’est fou, je te sens près de moi, partout, partout, dans tout, dans les méandres d’un long sommeil… »

On aurait pu croire à une scène coupée de Mulholland Drive, avec ses silences flottants et cette voix de velours venue d’un autre monde. L’émotion était palpable, les larmes ont perlé sur quelques joues botoxées. Cannes a vécu un moment de grâce, suspendu dans le temps, entre rêve éveillé et flash-back cinématographique. Un hommage tout sauf convenu, à l’image du maître de l’étrange qu’était Lynch. Et puis bon, Mylène à Cannes, c’est comme un plan-séquence de cinq minutes : on ne sait pas trop pourquoi, mais on est captivés.

3. Robert de Niro, le vieux lion de Tribeca

Enfin, pour clore ce bal des émotions, Robert de Niro himself est monté sur scène. Oui, le De Niro, celui qu’on a vu flinguer dans Taxi Driver, magouiller dans Casino et rire jaune dans Mon beau-père et moi. À 81 balais, le gaillard a reçu une Palme d’or d’honneur pour l’ensemble de sa carrière. Une sorte de médaille d’ancien combattant du 7e art, sauf qu’au lieu d’un képi, il a toujours son regard de mafieux cool.

C’est Leonardo DiCaprio, son poto à l’écran (et accessoirement beau gosse écolo), qui lui a remis la Palme en mode fanboy ému. Et Bob, lui, a sorti un discours aux petits oignons. Avec son phrasé à la Scorsese, il a salué Cannes comme sa maison :

« La première et dernière fois que je suis allé à Cannes, c’était avec Scorsese. Cannes, c’est mon chez moi, ma communauté. C’est ici qu’est née l’idée du Festival de Tribeca. »

Mais le vieux briscard ne s’est pas arrêté là. Il a sorti sa sulfateuse verbale pour dézinguer Donald Trump, qu’il n’a pas nommé mais ciblé comme un sniper :

« Chez moi, on se bat pour une démocratie qu’on pensait acquise. »

Applaudissements. Standing ovation. Et sans doute quelques sueurs froides dans les ambassades.

Rideau (mais c’est que le début)

Voilà pour le clap de départ de ce Festival de Cannes 2025, qui a déjà donné le ton : entre moments de pure cinéphilie, prises de position engagées, et séquences émotion à faire pleurer un critique de Télérama. On a vu des robes qui défient les lois de la gravité, des costards qui brillent plus que le soleil de la Côte d’Azur, et des discours qui font vibrer autre chose que des cordes vocales.

Et ce n’est que le début du film. Cannes, c’est 12 jours de projection non-stop, de fêtes secrètes, de critiques assassines, de coups de cœur à la chaîne et de selfies interdits dans les escaliers. Entre chefs-d’œuvre attendus, bouses en pellicule et débats sur l’IA dans le cinéma, la Croisette va encore faire parler d’elle, version Dolby et champagne tiède.

Cannes 2025 est lancé. Et comme dirait Michel Audiard :

« Les cons, ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît. »

Allez, action !


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