À Wall Street, vendredi soir, c’était un peu comme une soirée où tout le monde est invité, mais où personne n’est vraiment d’accord sur l’ambiance à adopter. D’un côté, le Dow Jones, le papy vénérable des indices boursiers, qui a décidé de marquer l’histoire avec un nouveau record en clôture (+0,33%). De l’autre, le Nasdaq, ce trublion branché, qui a passé la soirée à bouder dans son coin, finissant en baisse de 0,39%. Quant au S&P 500, il a joué les indécis, préférant ne pas prendre parti et s’est contenté d’une baisse très modeste (-0,13%)
Tout allait bien pour le Nasdaq, jusqu’à ce que Bloomberg débarque en plein milieu de la fête avec une nouvelle pour refroidir l’ambiance. D’après des informations très sérieuses, les autorités chinoises auraient décidé de boycotter les puces électroniques de Nvidia, le géant américain des semi-conducteurs. Pourquoi ? Eh bien, parce que Pékin aimerait bien que son propre marché des semi-conducteurs prenne enfin un peu d’ampleur. Ils se sont donc dit : “Et si on arrêtait d’acheter américain ?” C’est sûr, pour Nvidia, ce n’est pas la meilleure nouvelle du mois, et cela s’est immédiatement ressenti sur son action, qui a glissé de -2,13%. Et comme une mauvaise nouvelle n’arrive jamais seule, ses petits copains de l’industrie, Micron (-2,17%) et Marvell Technologies (-3,35%), ont aussi trébuché.
Costco : Les bons plans ne rapportent pas toujours
Le Nasdaq a également vu une autre de ses stars, Costco, lui tourner le dos. Si vous pensiez que vendre des gros paquets de 48 rouleaux de papier toilette allait faire grimper les actions, ben c’est perdu ! Certes, Costco a annoncé des bénéfices supérieurs aux attentes, mais le chiffre d’affaires n’a pas brillé autant que prévu. Résultat : l’action a plongé de -2,71%, et tout ça parce que les consommateurs commencent à préférer les petits prix (pour compenser leur addiction au stock de 72 litres de lessive).
Gary Millerchip, le directeur financier de l’enseigne, a même dû admettre que la tendance est désormais à chercher le moins cher dans les rayons alimentaires. Il ne manquerait plus que les clients se mettent à acheter leurs vêtements par pack de cinq.
Mais Wall Street n’a pas été que morosité ! Non, il y a eu de bonnes nouvelles, notamment du côté de l’inflation. Le très attendu rapport PCE (oui, on adore les acronymes mystérieux dans le monde de la finance) a révélé que l’inflation aux États-Unis est en train de prendre des vacances. En août, l’indice des prix à la consommation a ralenti à 2,2% sur un an, contre 2,5% le mois précédent. C’est un peu comme si le prix de votre café chez Starbucks restait enfin stable (on peut rêver, non ?).
Les dépenses des ménages, elles, n’ont augmenté que de 0,2%, un record de lenteur depuis janvier. Tout cela laisse supposer que la Fed, notre bien-aimée banque centrale américaine, avait raison de baisser ses taux lors de sa dernière réunion. Selon Jamie Cox (Non, il n’est pas de la famille de Courtney), analyste chez Harris Financial Group, ce rapport pourrait même donner des idées à la Fed pour une nouvelle baisse de taux en novembre. Alors préparez-vous, on n’a peut-être pas fini de voir les taux d’intérêt descendre.
Le secteur de l’énergie pète la forme
Pendant que le Nasdaq déprimait, d’autres secteurs prenaient la lumière, notamment celui de l’énergie. Les actions d’ExxonMobil (+2,68%) et Chevron (+2,46%) ont attiré les investisseurs comme des abeilles sur un pot de miel. Pourquoi ? Parce que, comme l’explique Angelo Kourkafas, analyste chez Edward Jones, “les investisseurs élargissent leur horizon” et osent enfin regarder du côté des valeurs cycliques. Oui, parfois il faut savoir oser et sortir des sentiers battus pour faire un peu de hors-piste, même en Bourse.
C’est la bonne nouvelle du jour : Wynn Resorts, le groupe d’hôtellerie et de casinos, a vu son action bondir de +7,24% après une note très positive de Morgan Stanley. Apparemment, Wynn a de grandes ambitions aux Emirats arabes unis et à Macao, et Morgan Stanley est persuadé que c’est là que tout se jouera. Les investisseurs, eux, n’ont pas hésité une seconde avant de se précipiter pour miser sur l’avenir.
Un autre grand nom de la cote, Boeing, a avancé de 1,13% en Bourse. Mais là, ce n’est pas grâce à une innovation high-tech ou une nouvelle ligne d’avions écolo. Non, ici, tout est une question de négociations sociales. La direction et le syndicat des mécaniciens sont en plein pourparlers pour tenter de mettre fin à la grève en cours. Si tout se passe bien, les Boeing pourraient reprendre leur envol sans turbulences.
Et pendant ce temps-là, les valeurs chinoises cotées à New York ont bien profité des annonces récentes de Pékin. Le gouvernement chinois a multiplié les mesures pour relancer son économie, et ça commence à se voir sur les marchés. Des entreprises comme NetEase (+2,69%), éditrice de jeux vidéo, ou Baidu (+2,54%), géant des moteurs de recherche, ont vu leur cours grimper en flèche. Qui a dit que les jeux vidéo et les recherches internet ne rapportaient pas ?
Le grand bal de contradictions
En résumé, vendredi, Wall Street nous a offert un vrai bal de contradictions. D’un côté, le Dow Jones qui monte comme un gâteau au four, et de l’autre, un Nasdaq en petite forme, plombé par des nouvelles venues de Chine et les déceptions de Costco. Pendant ce temps, la Fed prépare peut-être déjà une nouvelle baisse des taux pour novembre, et les valeurs énergétiques, elles, prennent le large.
Wall Street, c’est un peu comme cette fête où certains dansent jusqu’au bout de la nuit pendant que d’autres s’assoient dans un coin, fatigués avant même d’avoir commencé. Mais ne vous inquiétez pas, lundi, tout le monde sera de retour, prêt pour un nouveau round dans cette grande danse des indices.
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