Dans le vaste catalogue de Netflix, on trouve de tout : des chefs-d’œuvre, des nanars et ces séries au concept ambitieux qui oscillent entre le génie et le bug fatal. Vortex, la série franco-bretonne qui joue avec le temps et la réalité virtuelle, fait-elle partie des pépites ou des expériences buguées ? Installez-vous confortablement, ajustez votre casque VR imaginaire et plongeons ensemble dans cette enquête digne d’un bon vieux CD-ROM mal gravé
Imaginez un peu : on est en 2025 (autrement dit, demain matin, vu la vitesse à laquelle passent les années). Ludovic Béguin (Tomer Sisley), capitaine de police à Brest – oui, Brest, une ville connue pour ses crêpes, sa pluie et désormais… ses failles spatio-temporelles – enquête sur un meurtre. Rien de bien original jusque-là, sauf que la police utilise maintenant des reconstitutions en réalité virtuelle. C’est un peu comme si Les Experts avaient fusionné avec Black Mirror et Ready Player One.
Sauf qu’en examinant la scène de crime, Ludo découvre un bug. Mais pas un petit bug de logiciel genre “Windows Update en plein milieu d’une réunion Zoom”. Non. Un gros glitch. Il aperçoit Mélanie, sa femme morte en 1998, bien vivante et totalement paniquée. Et elle lui parle. Ce qui, en général, est assez rare pour une personne morte depuis plus de 25 ans.
S’ensuit une enquête où notre héros va jongler entre passé et présent, tentant d’empêcher le meurtre de Mélanie tout en essayant de ne pas trop foutre en l’air la ligne temporelle. En clair, c’est comme si Retour vers le futur et True Detective avaient eu un enfant. Un enfant qui joue avec des bugs temporels comme un développeur junior avec du code non testé en production.
Tomer Sisley en mode reboot
Tomer Sisley, qu’on a déjà vu en millionaire casse-cou (Largo Winch) ou en flic bourru (Balthazar), reprend ici son expression fétiche : celle de l’homme à qui on a promis une soirée tranquille, mais qui découvre qu’il doit encore sauver le monde. Et il le fait bien ! Son jeu est solide, il tient la série sur ses épaules et parvient à nous faire croire que parler à sa femme morte via un bug de réalité virtuelle, c’est normal.
À ses côtés, Camille Claris (Mélanie) est touchante, bien que parfois un peu trop “je fais des grands yeux paniqués pour bien montrer que je suis inquiète”. Et puis il y a Zineb Triki, qui incarne Parvana, l’actuelle femme de Ludovic. Et là… drame. Car comment rester en bons termes avec son mari quand il passe ses soirées à papoter avec son ex… décédée ? On sent la tension monter entre eux comme un mauvais signal Wi-Fi, et c’est l’un des aspects les plus intéressants de la série.
Des effets spéciaux dignes de la NASA… ou d’une PS3 ?
Bon, parlons peu, parlons technique. Vortex veut nous vendre du futurisme à la française. Et sur le papier, c’est ambitieux. La réalité virtuelle est censée nous plonger dans un univers ultra-réaliste, immersif, bluffant… mais dans les faits, ça oscille entre “cool” et “effet spécial de 2010”. Certains hologrammes sont réussis, d’autres donnent l’impression d’avoir été ajoutés à la dernière minute sur un vieux logiciel de montage gratuit.
C’est dommage, parce que l’ambiance est bien là. Brest est filmée sous un angle sombre, quasi dystopique. Qui aurait cru qu’un jour on dirait : “Wow, Brest, c’est hyper stylé et mystérieux” ? Et pourtant, la série réussit à nous immerger dans cet univers entre polar et science-fiction.
Scénario : chef-d’œuvre ou casse-tête spatio-temporel ?
Là où Vortex se démarque, c’est dans son intrigue haletante. Chaque épisode est un casse-tête temporel où chaque action dans le passé a des répercussions sur le présent. C’est un peu comme un Jenga géant : tu enlèves un bout, et tout peut s’effondrer.
L’enquête est bien ficelée, même si certaines ficelles sont plus grosses qu’un câble HDMI. On voit venir certains twists, d’autres nous prennent par surprise comme une mise à jour système en plein film. Le vrai problème ? Par moments, la série se prend un peu trop au sérieux. Quelques dialogues sont tellement dramatiques qu’on s’attend presque à voir apparaître un écran disant “TO BE CONTINUED…” en lettres capitales.
Et surtout, comme souvent avec les histoires de voyages temporels, il y a ce petit problème de logique. Du genre : si Ludo change le passé, pourquoi sa mémoire du présent ne se met-elle pas à jour instantanément ? Et si tout peut être modifié, alors pourquoi certaines choses restent figées ? Bref, le spectateur devra accepter de fermer les yeux sur certaines incohérences sous peine de finir avec une migraine digne d’un bug d’ordinateur.
Verdict final : À regarder ou à rebooter ?
Au final, Vortex est une série qui tente un pari audacieux : mélanger polar, science-fiction et drame sentimental. Et franchement, ça marche plutôt bien. Malgré des effets spéciaux inégaux et quelques longueurs, l’intrigue est prenante, le suspense fonctionne et Tomer Sisley porte le show avec un charisme indéniable.
C’est une série à voir si :
✅ Vous aimez les thrillers avec des twists temporels à la Dark ou Fringe.
✅ Vous trouvez que la police française manque d’un petit côté Matrix.
✅ Vous avez toujours rêvé de voir Brest devenir un décor de science-fiction.
À éviter si :
❌ Vous êtes allergique aux intrigues où il faut réfléchir un minimum.
❌ Vous avez encore des traumas liés aux paradoxes temporels de Tenet.
❌ Vous trouvez que Netflix fait déjà trop d’adaptations de thrillers avec des flashbacks.
Note finale : 4/5 (4 bobines et une VHS rayée pour les effets spéciaux parfois hasardeux)