Le 5 novembre 2024, l’Amérique tranchera entre Donald Trump, le “magnat de l’immobilier au brushing bien peigné,” et Kamala Harris, la vice-présidente prête à endosser la casquette présidentielle. Si, pour certains, cette élection ne semble concerner que les Yankees, les répercussions en Europe risquent bien de se faire sentir. Entre tarif douanier façon sauce piquante, alliances chahutées et manigances diplomatiques, petit tour d’horizon des effets de ce duel électoral “made in USA” pour nous, vieux Européens
UE vs USA : Coup de massue ou coup de pouce pour l’Union européenne ?
Avec Trump : Un retour à la case “guerre commerciale” ?
Si Trump décroche la timbale, les Européens risquent d’avoir du fil à retordre. Le Donald, peu connu pour ses tendres attentions envers l’Union européenne, a un rêve : “faire payer le prix fort” aux pays qui, selon lui, bénéficient “un peu trop” des échanges avec l’oncle Sam. On imagine déjà les visages longs des ministres de l’Économie européens en entendant le célèbre “make America pay again,” suivi de menaces de droit de douane qui planent comme un orage.
En clair, Trump rêve d’une “loi sur la réciprocité commerciale” : si l’Europe ne laisse pas passer les voitures américaines en fanfare, alors il balance des droits de douane sur les produits européens, sans trop se gêner. En Pennsylvanie, il n’y est pas allé de main morte : “Ils vendent des millions de voitures, mais ne prennent pas les nôtres. Ça va changer !” Si Bruxelles voit arriver ce scénario d’un mauvais œil, on risque de préparer un petit plan de représailles maison – liste de produits US à taxer à l’appui. Une stratégie de dernier recours qui pourrait faire des étincelles et rappeler les fameuses guerres commerciales de 2019.
Avec Harris : La continuité, avec quelques tours de vis douanier ?
Kamala Harris, de son côté, se veut plus mesurée. Pas qu’elle soit contre les droits de douane (on reste dans l’économie hein, faut pas rêver), mais elle est plutôt pour une “négociation de bonne foi.” En bon français : on peut en discuter sans se mettre la rate au court-bouillon. Harris propose donc un échange musclé mais cordial, où chaque taxe potentielle pourra être débattue à la table des négociations, sans risquer de dérailler tout un pan des échanges internationaux.
Ukraine : Rallonge pour le soutien ou fin des haricots ?
Trump : Moins de cash pour Zelensky, plus d’amour pour Poutine ?
Le Donald, champion du bisou diplomatique quand il s’agit de Vladimir Poutine, a une vue bien à lui sur l’Ukraine. Pour lui, cette guerre, c’est un peu la faute à Biden. Sa proposition ? “Arrêter de dépenser des tonnes” pour ce conflit, et miser sur son “talent” pour résoudre le problème en un tour de main. Aucun plan concret, bien sûr, mais des promesses de paix rapide. Pour les Ukrainiens, la victoire de Trump pourrait signifier la fin des financements américains et un possible retrait du soutien militaire, ce qui inquiète sérieusement du côté de Kiev… et dans les pays frontaliers européens.
Harris : L’alliée inébranlable de l’Ukraine
Kamala Harris, elle, ne déviera pas d’un poil de la ligne Biden. Soutien “inébranlable” pour l’Ukraine, armes envoyées par paquets, elle poursuit l’alliance sans sourciller. En septembre dernier, elle a fait la bise à Zelensky à Washington en lui promettant tout le soutien US nécessaire, manière de montrer qu’il peut toujours compter sur les États-Unis.
Au Moyen-Orient : Diplomatie ou démonstration de Force ?
Trump : Le dernier Rambo de Gaza
Quand il s’agit de résoudre le conflit israélo-palestinien, Trump sort ses plus beaux slogans. Après l’attaque du Hamas en octobre, il a directement encouragé Netanyahu à “finir le boulot” et promis que, sous sa présidence, “il n’y aurait jamais eu de 7 octobre.” Sa tactique ? Allier une position forte pro-Israël avec quelques passe-droits pour l’Arabie Saoudite et d’autres alliances régionales bien choisies. Résultat : le Moyen-Orient pourrait devenir une véritable poudrière avec une Amérique qui choisit son camp sans détour.
Harris : Le grand écart diplomatique
Si Harris passe, le discours restera ferme, mais avec une approche plus “peace and love.” Oui au soutien à Israël, oui au droit de défense, mais aussi oui à la dignité des Palestiniens. Elle évoque des droits, des libertés, une sécurité partagée… bref, tout un programme qui semble loin des coups de poing diplomatiques de Trump.
L’Otan : Copains comme cochons ou “faites-le vous-mêmes” ?
Trump : L’Amérique fatiguée de payer les tournées
Le locataire au brushing blond avait, dès son premier mandat, laissé les pays de l’Otan sur leur faim, menaçant de ne pas réagir si certains n’augmentaient pas leurs dépenses militaires. Poutine aurait même, selon lui, “carte blanche” si les pays de l’Otan traînent les pieds pour mettre la main à la poche. Autant dire qu’en Europe, on s’inquiète : cette absence d’engagement net, si elle se confirme, pourrait laisser un boulevard aux stratégies militaires russes, au grand dam des membres de l’alliance. Donald veut bien faire l’apéro mais il ne ramène que les chips.
Harris : Tous ensemble, tous ensemble !
Avec Harris, l’Otan est un club auquel les États-Unis ont envie de payer leur cotisation. Elle soutient cette alliance et entend bien éviter à l’Europe une double peine – ni crise économique ni crise militaire. Dans le sillage de Biden, Harris promeut une collaboration forte, prouvant que les États-Unis ne comptent pas abandonner le Vieux Continent. Une position rassurante qui, au moins, ne prend pas de détour.
Dans cette élection, le duo Trump-Harris, loin d’être une simple bataille d’ego, marque aussi des choix cruciaux pour l’Europe. Avec Trump, on s’attend à des gifles douanières, des positions militaro-diplomatiques tranchées et un éloignement progressif. Une vision où chaque nation devrait “faire ce qu’elle peut” pour s’en sortir seule. Avec Harris, on reste dans une forme de continuité où les relations sont tendues mais travaillées, avec un souci d’équilibre.
Alors, quelle Europe demain ? Une Europe qui devra se tenir prête pour négocier, quitte à essuyer quelques revers, ou une Europe qui pourra encore espérer une continuité en douceur.
L’élection américaine, ce n’est pas que les histoires de corn dogs et de Super Bowl. C’est aussi l’avenir du vieux continent qui se dessine, avec des conséquences bien réelles pour nos économies, notre sécurité et notre quotidien. On serre les dents, et on attend mardi pour savoir si la montagne nous offre des roses ou des épines.