Tiers-lieu Olha : un coup de jeune dans la vallée, entre cochon, co-work et coups de pioche




À Banca, dans la vallée des Aldudes, un drôle de bâtiment sort bientôt de terre. Ni grange, ni saloir, ni abreuvoir… mais un tiers-lieu flambant neuf, baptisé Olha, où l’on pourra autant papoter entre producteurs que coworker au chaud en plein hiver. Un projet à 3,4 millions d’euros, piloté par la Communauté Pays Basque, qui fait entrer le territoire dans l’ère du numérique sans renier ses sabots. Parce qu’ici, même l’innovation a le goût du terroir. Et du Kintoa

Y’a pas à tortiller du groin : à Banca, on sait y faire avec le cochon. Mais avec les bureaux partagés, la fibre et les open spaces, c’est un autre chantier. Qu’à cela ne tienne ! Ce 13 mai, la première pierre d’un bâtiment pas comme les autres a été posée. Une belle pierre symbolique pour un projet qui veut bétonner l’avenir sans bétonner le paysage.

Sur le terrain, c’était pas une kermesse de cochons gras mais presque : Jean-René Etchegaray (président de la Communauté Pays Basque), Maitena Curutchet (la cheffe d’orchestre de l’économie sociale et solidaire), Michel Oçafrain (le maire de Banca, qu’on ne présente plus dans la vallée), Annick Trounday-Iriart (vice-présidente du Département), Émilie Dutoya (Conseillère régionale) et même Fabrice Rosay (Sous-préfet en goguette)… tout ce petit monde en bottes ou presque, réuni autour d’un tas de gravier pour sceller l’avenir.

L’outil s’appelle Olha – un nom qui sent bon la hauteur, l’observation et les vieilles pierres basques. Ce sera un lieu à tout faire : coworking, Maison du Kintoa, salle de réunion, services à la personne (du coiffeur au kiné, en passant par le bon vieux WiFi), bureaux pour start-up rurales et cafet’ pour causer entre deux coups de pioche.

Du lard et des idées

Mais attention, ce n’est pas juste un immeuble en béton et en plans d’archi. Non non. C’est un projet pensé à la fourche, pas à la va-vite. Parce que chez les Aldudéens, on ne laboure pas la modernité n’importe comment. On l’enracine.

Le bâtiment (600 m² quand même, pas un cabanon à outils) sortira de terre d’ici l’été 2026. Pas d’impro au menu : très haut débit (même les brebis auront du WiFi dans les sabots), cuisine partagée, coin détente, imprimantes, scanners et tutti quanti numérique.

Le tout dans une optique bien de chez nous : mutualiser, accueillir, faire germer des projets, accompagner les jeunes pousses et cultiver les initiatives locales comme on bichonne un potager. Olha sera ouvert à tous, avec ateliers collaboratifs, formations, médiation numérique, événements thématiques… et si le cœur vous en dit, quelques apéros transfrontaliers.

Un sacré coup d’pelle collectif

Faut dire qu’on ne sort pas un projet pareil du chapeau d’Harry Potter. Depuis 2018, les trois communes de la vallée – Banca, Les Aldudes, Urepel – sont sur le coup, épaulées par l’association AIBA. Et là, chapeau bas. Ces gars et filles-là, ça fait plus de dix ans qu’ils retroussent les manches pour redonner du poil de la bête à la vallée.

Au compteur ? Une micro-crèche pour les petiots, une navette pour désenclaver les crêtes, une zone artisanale pour les bricoleurs, un centre d’interprétation pour les curieux du terroir… et maintenant, un tiers-lieu tout neuf, pensé pour allier la tradition et le 2.0. Autant dire que ça ne chôme pas dans le coin.

Bâtir oui, mais sans foutre en l’air la prairie

Initialement, Olha devait s’installer dans un vieux bâtiment. Mais la météo locale a rappelé à tout le monde que la vallée, c’est aussi un coin où les ruisseaux savent se fâcher. Du coup, hop, changement de plan : on part sur du neuf, loin des zones de crue. Et pour faire bonne mesure, la Communauté Pays Basque en a profité pour reconstruire la station d’épuration de Banca et consolider les berges.

On ne va pas bétonner à tout va, mais faire du durable, du costaud, du bien fichu. Un bâtiment basse consommation, au plus près des besoins du terrain et des habitants. En somme, du smart rural, avec des bottes.

Tout ça, évidemment, ça coûte un peu plus qu’une charrette et deux ballots de foin : 3 400 000 € HT, pour être exact. Mais le projet, tout le monde y met du sien.

  • La Communauté Pays Basque : 2 195 000 €.
  • La Région Nouvelle-Aquitaine : 450 000 €.
  • L’Europe (via le FEDER) : 300 000 €.
  • Le Département : 300 000 € aussi.
  • L’État : 155 000 €, merci le DSIL.

Bref, c’est pas un projet sorti du fumier tout seul, c’est un effort collectif bien labouré.

La Maison du Kintoa : un pied de nez aux clichés

Au cœur du projet, il y aura aussi la fameuse Maison du Kintoa. Un espace d’interprétation pour tout comprendre sur le cochon basque Pie Noir, ce bestiau noble, rustique et goûtu. L’idée, c’est de faire découvrir toute la filière, de l’élevage au jambon, de valoriser les producteurs et d’attirer les curieux, les gourmands, les touristes et les porteurs de projets.

Car le Kintoa, c’est pas juste du lard, c’est du savoir-faire. Un produit d’appellation contrôlée, bichonné à l’ancienne, nourri au gland et élevé à la dure. On ne parle pas ici de l’industriel qui pousse en batterie. Non, c’est du cochon élevé en liberté, à l’ombre des châtaigniers, avec du muscle et du caractère.

Olha, ce sera aussi un refuge pour les travailleurs indépendants qui en ont marre de télétravailler entre la cuisine et la chambre. Un espace de coworking ouvert 7j/7, chauffé l’hiver, connecté comme un hub de start-up, mais avec vue sur les montagnes et un coin pour poser son casse-croûte.

Les entreprises locales auront aussi leur bout de bureau. Et les assos du coin, leur salle de réunion. Histoire que les projets puissent lever la tête et grandir sans devoir s’exiler à Bayonne ou à Bordeaux.

Une ruralité qui en a sous le sabot

Parce que faut bien le dire : la vallée des Aldudes, c’est pas une réserve à carte postale. C’est une terre vivante, avec des gens qui bossent dur, qui aiment leur terroir et qui refusent de se laisser grignoter par l’exode ou l’oubli.

Ici, on parle basque et on fait tourner les exploitations de père en fille, de mère en fils. On trait les Manex tête noire, on affine les fromages au lait cru, on élève des cochons Pie Noir comme on élèverait des enfants : avec patience, rudesse et amour. Et on innove, à notre sauce. Le numérique, oui, mais les deux pieds dans la boue.

Olha, c’est un peu tout ça. Un trait d’union entre la ferme et le futur. Un lieu pour se retrouver, créer, partager, s’entraider. Un projet à la fois moderne et terrien, technologique et enraciné.

Alors voilà, dans la vallée des Aldudes, on ne se contente plus de traire, bêcher et saler du jambon. On construit. On invente. On anticipe. On ouvre des lieux hybrides où les idées germent autant que les courges. On mise sur l’avenir, sans tourner le dos aux traditions. On plante des bâtiments comme on plante des chênes : pour les générations d’après.

Rendez-vous en 2026 pour l’inauguration d’Olha. En attendant, ça bosse dur à Banca.


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