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Soldes en mode diesel : le Black Friday en manque de pep’s




À la fin de novembre, le 22 pour être plus exact, un vent d’euphorie devrait balayer les rayons et les e-commerces. C’est le grand retour du Black Friday, une déferlante d’étiquettes rouges, de promos dingos et de caddies surchargés… enfin, sur le papier. Ce vendredi noir, qui tire ses origines des États-Unis – là où même le dollar fait la gueule après Thanksgiving –, est censé être l’équivalent commercial du coup de folie : les soldes turbo, l’occasion de se faire plaisir, d’anticiper Noël et d’alléger le portefeuille (ou le compte en banque), le tout dans une frénésie collective. Mais cette année, ça grogne et ça grince. Entre inflation, promos qu’on dit bidons et esprit d’anticipation qui s’émousse, le Black Friday en 2024 n’est plus tout à fait le show grandiose qu’il prétendait être

Retour aux origines, tiens, pour ceux qui ne sont pas encore familiers de cette tradition made in USA. Le Black Friday, c’est né dans les années 60 – oui, quand les hippies écoutaient les Doors et qu’Elvis régnait encore – et c’était censé inciter les Américains gavés de dinde de Thanksgiving à passer en mode consommaction le lendemain. Bref, une technique de marchands pour ranimer les caisses à la sortie du four, comme ils disent.

Seulement voilà, on n’est plus dans les sixties, les foules de clients se pressant aux portes dès l’aube ont laissé place au Black Friday digital. Oui, plus de batailles en rayon pour une machine à laver, mais des clics et des comparateurs de prix, le tout sans stress… mais aussi sans ambiance. Et quand on nous annonce des promos “exceptionnelles”, les Français, eux, semblent de plus en plus méfiants. ShopFully, qui a sondé l’Hexagone pour prendre la température, nous livre un résultat mitigé : 44 % des Français se disent tentés par le Black Friday cette année. Pas mal, mais pas de quoi casser trois pattes à un canard. Et pour ceux qui n’adhèrent plus ? Les prix trop hauts, les rabais pas assez forts et l’impression d’être pris pour des pigeons. Alors, où est passé l’engouement ?

Pas si fous, ces gaulois !

Les Français n’ont pas forcément abandonné l’idée de remplir leur caddie virtuel, non, mais ils s’y prennent différemment. 62 % des futurs acheteurs feront leurs emplettes en ligne – adieu les magasins bondés, bonjour le canapé et le café chaud – et 53 % attendront le jour J pour zieuter les promos et comparer les prix. Tout ça, c’est stratégique. Avec un budget moyen qui flirte sous les 200 boules, on reste frileux au niveau du porte-monnaie : plus de folie des grandeurs, les consommateurs cherchent plutôt des économies et des bons coups, pas des achats compulsifs qui dégonflent leur budget.

Côté jeunes, par contre, ça frétille un peu plus : les moins de 35 ans seraient les plus enthousiastes, voire presque impatients. Tandis que la tranche des plus de 60 ans, elle, a déjà presque tourné le dos aux grandes soldes d’antan. Ça doit être l’expérience : une promo trop belle, ça cache souvent un petit truc, se disent les sages. D’ailleurs, en 5 ans, un bon tiers des sondés avouent que l’intérêt pour ce “vendredi des affaires” s’est gentiment effrité. On se lasse, même des rabais, et surtout quand ils manquent de panache.

Les promos mettent “frein à main” ?

Autre signe que le Black Friday en 2024 fait “pschitt” : les rabais eux-mêmes n’ont plus la même aura de rêve. Certains se demandent même si les vraies affaires ne sont pas déjà passées dans des soldes plus classiques. Entre inflation et prix qui ne cessent de grimper, difficile de croire que des remises de 10 ou 15 % suffiront à faire dépenser les foules comme des rockstars un soir de gala.

Pour les irréductibles, ceux qui prennent le Black Friday comme le vrai test de la chasse aux bons plans, le défi reste d’y dénicher un produit de qualité, avec une promo réellement généreuse. Mais pour beaucoup, les réductions ne sont tout simplement plus assez percutantes. Un téloche à 700 euros plutôt qu’à 800 ? Bof. On en connaît qui préfèrent le deal qui claque, et ils risquent d’attendre encore.

On frôle la panne d’inspiration

Pourquoi cette petite déception ? Eh bien, déjà, le Black Friday, comme un bon vieux film vu et revu, finit par lasser. Pour certains, il manque de nouveauté, de “peps” et surtout de gros rabais qui mériteraient qu’on y jette un œil. De plus, nos chers Français, avec l’inflation et les prix qui s’emballent, se méfient de plus en plus. Les offres miracles, ils n’y croient plus, ou à peine. Résultat, 23 % ne comptent même pas participer, et 33 % hésitent encore. Seule consolation : le Black Friday permettrait de faire quelques emplettes stratégiques, notamment pour préparer les cadeaux de Noël en avance et “bien ciblés”.

Avec un budget qui ne dépasse pas les 200 euros pour plus de la moitié des sondés, il semble que les Français se préparent bien, mais ne comptent pas vider leur PEL pour un écran plat ou une enceinte connectée. Le juste milieu, voilà leur devise. Acheter malin, éviter les pièges et se faire plaisir sans excès : le Black Friday devient un rendez-vous “raisonné” et plus aussi “raisonnant” qu’autrefois.

Peut-être qu’après cette petite baisse de régime, le Black Friday saura se réinventer, ou bien, qui sait, renaître sous une autre forme ? Après tout, avec la multiplication des promos toute l’année (soldes d’hiver, soldes d’été, French Days…), le vendredi noir peine à justifier son ancien statut de roi de la promo. En attendant, les plus aguerris guettent toujours, mais pour les autres, le Black Friday devient un jour de plus.

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