Rentrée des classes au Pays basque : De la plage au tableau noir




À San Sé, Bayonne ou Urrugne, fini les apéros-plage et place aux cartables blindés qui bousillent le dos de nos chères petites têtes blondes : la rentrée scolaire 2025 débarque au Pays Basque avec son cortège de cahiers introuvables, de profs intraitables et de parents sur les rotules. Entre les rayons du Leclerc transformés en champ de bataille et les marmots déjà en grève des devoirs, l’année s’annonce épique

C’est reparti pour un tour de manège sans ticket gratuit : la rentrée des classes au Pays Basque a sonné, et ça fait pas « dring-dring » façon vélo hollandais, mais plutôt « clac-clac » comme la guillotine sur les vacances. Les marmots lâchent les tongs pour les baskets, les parents troquent l’apéro plage contre la réunion parents-profs, et les profs, pauvres bougres, sortent de leur torpeur estivale avec le sourire crispé d’un gars qui sait qu’il va devoir gérer trente loustics survitaminés avant même d’avoir touché sa première paie. Bref, c’est la rentrée, ce grand classique national, et au Pays Basque, elle a toujours un petit goût particulier : entre le bruit des vagues et celui des sonneries, ça sent le cartable neuf, la sueur froide et le stress en supplément.

Faut dire que cette année, côté chiffres, ça se bouscule au portillon comme à la caisse d’un Intermarché le samedi. L’académie de Bordeaux annonce une légère hausse des effectifs dans le primaire, ce qui veut dire, en langage de terrain : des classes plus blindées que les plages d’Hendaye un 15 août. Dans certains bahuts, on se retrouve à empiler les élèves comme des copies doubles dans un casier déjà plein. Les directeurs jonglent avec les emplois du temps comme des équilibristes sous kétamine, pendant que le rectorat fait mine de maîtriser la situation : « tout est sous contrôle ». Sous contrôle, mon œil : à peine le temps de finir la phrase que déjà on manque de profs de maths, de remplaçants et même de surveillants. Résultat : les élèves vont réviser le grand classique du « système D », cette matière jamais inscrite au programme, mais toujours validée avec mention.

La guerre des fournitures

Et parlons un peu du nerf de la guerre : les fournitures. Ouais vous savez, les fameuses listes scolaires, ce cauchemar annuel, ce parcours du combattant qui transforme les supermarchés en tranchées. Direction le Leclerc d’Urrugne, zone de guerre déclarée. Là, entre deux rayons de cahiers spirales et de classeurs quatre anneaux, on assiste à des scènes dignes d’un documentaire animalier : des parents en PLS, des caddies transformés en tanks, des disputes homériques pour le dernier compas Maped. Le tout avec cette phrase culte qui résonne partout : « Mais pourquoi il faut un cahier 17×22 petits carreaux 96 pages et pas un 21×29,7 ?! » Certains profs, dans un sadisme que même les tortionnaires de Fort Boyard n’auraient pas osé, demandent des articles improbables : un cahier violet sans spirale mais avec marge, un dictionnaire franco-latin de 1982 introuvable, un double-décimètre transparent « mais pas trop ». Résultat : les parents sortent rincés, les nerfs en pelote, avec l’impression d’avoir couru un ultra-trail dans les rayons papeterie.

Et ça coûte un bras, évidemment. Cette année, la facture des fournitures a encore gonflé, comme si on gonflait un ballon de baudruche déjà prêt à éclater. Un cartable, ça vaut désormais une demi-bagnole d’occase. Résultat : certains ménages doivent choisir entre acheter le kit scolaire complet ou payer la facture EDF. Y a pas de miracle, et ça grince des dents. Au Pays Basque, comme ailleurs, les parents révisent leur géométrie dans l’espace pour réussir à caser tous les frais : fournitures, inscriptions aux activités, cantine, transports. C’est la trigonométrie de la galère : un triangle infernal avec trois côtés qui tirent vers le découvert selon Pythagore.

Pendant ce temps, les gosses, eux, ils reprennent la vie scolaire comme si de rien n’était. Les petits CP découvrent la magie de l’alphabet, pendant que les collégiens s’ennuient déjà comme des rats morts à la première heure de techno. Les lycéens, eux, calculent surtout la distance entre leur lit et la sonnerie du bahut, et se lancent dans un concours parallèle : qui arrivera à sécher le plus vite sans se faire gauler. Les profs, eux, ont des mines de candidats de Koh-Lanta, version salle de classe : pas encore éliminés, mais déjà affamés, fatigués et désabusés.

Et puis il y a l’enseignement en basque, l’autre dossier chaud. Les ikastolas, ces écoles immersives en euskara, tiennent bon, malgré les pressions de l’État. Là, au moins, les gamins découvrent les joies de jongler entre « a, e, i, o, u » et les subtilités de la langue basque, pendant que leurs parents jonglent avec les cotisations pour maintenir ces établissements debout. C’est David contre Goliath, version tableau noir contre ministère. Mais ça marche : de plus en plus de familles choisissent l’immersion, persuadées que l’avenir passe aussi par la langue locale.

Cantine ou survie gastronomique ?

Et que dire de la cantine ? Un sketch permanent. Entre la sempiternelle purée flasque et les nuggets suspects, les repas ressemblent parfois à des expériences scientifiques douteuses. Mais au Pays Basque, on essaie quand même de sauver l’honneur : certains menus sentent encore la piperade et le merlu, histoire de rappeler aux marmots que la gastronomie, c’est pas seulement du steak haché qui fait « ploc » contre le plateau.

Les transports scolaires, parlons-en. Dans certains coins paumés de la Soule ou de la Basse-Navarre, c’est un vrai rallye quotidien : un bus qui passe à 7h du mat’, blindé comme une rame de métro parisien, avec des gamins qui se farcissent une heure de route avant d’attaquer la première dictée. Les chauffeurs deviennent des héros du quotidien, capables de tenir un volant sur des routes sinueuses tout en supportant l’ambiance sonore d’une colonie de vacances.

Et les parents dans tout ça ? Ils tirent la tronche, forcément. La rentrée, pour eux, c’est pas seulement la facture et la liste de fournitures : c’est aussi le stress de jongler avec les emplois du temps, les trajets boulot-école, les activités du mercredi. En clair : c’est pas une rentrée, c’est une chute libre sans parachute. Entre deux signatures de cahier de correspondance et trois réunions à la noix, ils se demandent à quel moment ils pourront souffler. Et la réponse est simple : jamais.

Alors, cette rentrée 2025 dans notre cher Pays Basque ? C’est comme une dictée de Pivot : longue, pleine de pièges et impossible à finir sans fautes. Mais comme toujours, tout le monde s’y colle, avec plus ou moins de bonne volonté. Les gamins reprennent le chemin des cours, les profs serrent les dents, les parents se collent aux devoirs, et tout ce petit monde se dit que, ma foi, l’année sera peut-être pas si terrible. En attendant, on révise l’essentiel : patience, débrouille et humour. Parce qu’à l’école de la vie, ça reste les seules matières qu’on maîtrise à peu près.


Discover more from baskroom.fr

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *