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« Quand les anges dorment » : un thriller en pilote automatique




Si vous pensiez que « When Angels Sleep » allait être un thriller aussi affûté qu’un scénario de David Fincher, ben perdu ! Ici, pas de tension millimétrée façon « Prisoners », ni de génie narratif digne d’un « Usual Suspects ». Non, ce film espagnol signé Gonzalo Bendala nous propose plutôt une version nocturne de « La Panthère Rose », où l’angoisse flirte parfois dangereusement avec l’involontairement comique

L’idée de départ, pourtant, avait tout pour tenir le spectateur en haleine : un homme ordinaire, un accident, une nuit qui tourne au cauchemar. Mais au lieu d’un chef-d’œuvre du film noir, on se retrouve avec un road trip sous tension où les personnages prennent des décisions aussi absurdes que dans un mauvais « Vendredi 13 ». Si la Guardia Civil mène ses enquêtes comme dans le film, les méchants ont encore de beaux jours devant eux…

Un scénario qui roupille au volant

Tout commence avec Germán (Julián Villagrán), un père de famille qui, après une longue journée de travail, s’endort au volant. Et, comme dans « Destination Finale », ce petit moment d’inattention déclenche une cascade d’événements incontrôlables. Après avoir percuté une jeune femme, il tente de gérer la situation… sauf que la copine de la victime, Silvia (Ester Expósito), ne semble pas prête à écouter la voix de la raison.

Ce postulat classique avait le potentiel pour offrir un huis clos à ciel ouvert, où la tension monte à mesure que la situation dégénère. Mais très vite, le film s’enlise dans des facilités scénaristiques et des comportements de personnages aussi erratiques qu’un épisode de « Lost ».

Silvia, l’adolescente qui aurait pu être une formidable antagoniste, oscille entre MacGyver et une héroïne de « Scream » : parfois brillante, parfois incapable d’ouvrir une porte. Germán, lui, est un père de famille lambda qui devient progressivement Jean-Claude Van Damme en mode panique. Le pire étant les policiers, qui semblent avoir pris leurs leçons d’enquête dans une rediffusion de « Police Academy ».

Suspense à deux vitesses

Soyons justes : la tension fonctionne par moments. Le réalisateur sait comment manier l’éclairage et les angles de caméra pour créer une ambiance pesante. Il utilise bien les décors nocturnes, jouant sur l’isolement du protagoniste et la menace grandissante. On pense parfois à l’atmosphère suffocante de « No Country for Old Men », mais la comparaison s’arrête là.

Car dès qu’on commence à frissonner, un détail grotesque vient tout gâcher : un personnage qui fait exactement le mauvais choix au pire moment, une situation qui s’enlise sans raison, ou encore un dialogue si forcé qu’on en oublierait presque la tension. On a parfois l’impression que les personnages jouent à « Pierre, feuille, ciseaux » pour décider de leurs actions.

Casting : ça joue bien, mais ça joue bizarre

Côté casting, Julián Villagrán livre une performance solide : il est crédible dans son rôle de type ordinaire pris dans un engrenage infernal. Son anxiété est palpable, son désespoir réaliste… mais malheureusement, son personnage manque d’une vraie profondeur psychologique. On aimerait en savoir plus sur lui, comprendre ses failles, mais le film nous laisse sur notre faim.

Ester Expósito, quant à elle, est convaincante dans son rôle d’adolescente rebelle, mais son personnage souffre de l’écriture inconstante du film. Tour à tour lucide et irrationnelle, elle semble parfois être un obstacle artificiel plutôt qu’une vraie adversaire pour Germán.

La mention spéciale revient à Marian Álvarez, qui incarne un personnage totalement sous-exploité. Présente juste assez longtemps pour nous intriguer, elle disparaît avant d’avoir pu vraiment peser dans l’histoire. Un peu comme si Hannibal Lecter ne faisait qu’un caméo dans « Le Silence des Agneaux ».

Un final en eau de boudin

Tout bon thriller se doit d’avoir un final mémorable, qui laisse le spectateur en état de choc. Ici, ce n’est pas vraiment le cas. Après avoir navigué entre des moments de stress et des décisions douteuses, le film se termine sur une note… frustrante. Pas de climax haletant, pas de twist marquant. Juste une conclusion abrupte, qui laisse plus de questions ouvertes que de réponses satisfaisantes.

C’est un peu comme si « Seven » se terminait avec Brad Pitt qui partait tranquillement en vacances sans ouvrir la fameuse boîte.

Verdict : un thriller qui patine sur une peau de banane

Les + :
✔ Une tension bien gérée par moments
✔ Un Julián Villagrán convaincant
✔ Une ambiance nocturne immersive

Les – :
✘ Un scénario qui se prend les pieds dans le tapis
✘ Des personnages aux décisions incompréhensibles
✘ Un final qui manque cruellement d’impact

En somme, « Quand les anges dorment » aurait pu être un thriller nerveux et efficace, mais il finit par ressembler à une série B maladroite. On oscille entre suspense efficace et maladresses scénaristiques, un peu comme si Alfred Hitchcock avait confié la fin du script à un stagiaire.

Si vous cherchez un thriller haletant qui vous tiendra en haleine jusqu’à la dernière seconde, mieux vaut revoir « Gone Girl » ou « Nightcrawler ». Mais si vous aimez les films où les personnages prennent des décisions discutables, celui-ci pourrait vous amuser… involontairement.

Note finale : 2,5/5 – Un bon concept, une exécution bancale

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