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Powell remet une pièce dans le juke box : les marchés reprennent des couleurs




C’est fou comme un type qui cause au micro, à 10 000 kilomètres de Francfort, peut remettre d’équerre toute une bande de boursicoteurs qui avaient déjà un pied dans la cuvette. Vendredi, l’événement, c’était l’intervention de Jerome Powell, le boss de la Fed, au grand raout de Jackson Hole. Le gars n’a pas promis monts et merveilles, il n’a pas juré qu’il allait tailler les taux à coups de serpe dès septembre, mais il a laissé entendre que, peut-être, si le boulot ricain venait à se casser la margoulette, eh bien il pourrait sortir le coupe-ongles monétaire. Et rien qu’avec ça, les marchés européens, qui tiraient la langue comme un marathonien en fin de parcours, ont retrouvé un semblant de tonus

À l’ouverture, ça coinçait, ça poussifait, ça baillait comme un lundi matin au bureau. Et puis hop ! À la clôture, le CAC 40 avait gratté +0,40% à 7 969 points, et l’EuroStoxx 50 claquait un petit +0,51% à 5 490 points. Pas de quoi sortir le champagne Ruinart, mais assez pour que les courtiers se sentent moins ruinés.

Air Liquide se paye un bol d’air… coréen

Dans le casting du jour, Air Liquide a fait du bruit. Le champion français des bonbonnes et du gaz s’est offert une cible en Asie : le sud-coréen DIG Airgas, pour la modique somme de 2,85 milliards d’euros. Une opération signée avec le Macquarie Asia-Pacific Infrastructure Fund 2, qu’on croirait inventé pour un Monopoly géant. François Jackow, le DG, a joué la carte du lyrisme corporate : « Cette acquisition nous positionne idéalement sur un marché en pleine croissance. » Traduction argotique : “On met des billes là où ça gonfle, histoire de pas rester coincés dans la vieille bouteille.”

Sauf que, sur le marché, les gars n’ont pas sablé le champagne tout de suite : Air Liquide a cédé 0,10%, à 183,12 euros. Comme quoi, même quand t’annonces une grosse fiesta, les convives trouvent encore moyen de chipoter sur les cacahuètes.

AkzoNobel repeint sa cote en vert

Pendant ce temps-là, aux Pays-Bas, c’était la java pour AkzoNobel, le peinturlureur chimique national. L’action s’est envolée de +6,84% à 60,92 euros. Pourquoi ? Parce que le fonds activiste Cevian Capital a révélé avoir pris une part de 3,02% dans la boîte. Traduction pour le béotien : des mecs en costard ont acheté un bout de l’entreprise et ça a suffi pour que tout le monde se mette à croire que l’avenir allait être repeint en doré. Dans ce métier, parfois, il suffit d’un coup de pinceau dans le Financial Times pour que l’indice s’illumine comme un sapin de Noël.

Worldline, les montagnes russes du terminal

Autre feuilleton du jour : Worldline. L’action a pris +4,09% à 3,13 euros. Ouais, si si ! T’as bien lu, pas d’erreur : 3,13 euros. On parle d’une boîte qui valait vingt balles il y a pas si longtemps. Là, JP Morgan a décidé de baisser son objectif de cours, de 5,5 à 3,45 euros, mais de maintenir la reco à “Neutre”. En gros, c’est comme si ton pote te disait : “Ton resto préféré est passé du guide Michelin à la baraque à frites, mais vas-y quand même, ça dépanne.” Résultat, les boursicoteurs se sont mis à racheter la daube, parce qu’au fond, ils adorent le frisson du grand huit.

Le décor macro : pas la grosse bamboula

Côté macro, c’est pas Byzance. En France, le climat des affaires reste à 96, sous la moyenne de 100, avec un commerce de détail qui fait la gueule, des services qui mollassonnent, une industrie qui stagne et un bâtiment qui relève un peu la tête. Bref, c’est pas la java des investisseurs, mais au moins le secteur du béton garde la truelle ferme.

En Allemagne, le PIB du deuxième trimestre a progressé de seulement +0,2% sur un an, alors que les experts misaient sur +0,4%. Autant dire que la locomotive allemande toussote un peu, avec une chaudière pleine de charbon humide.

Et pendant ce temps, l’euro a pris une baffe : -0,95% à 1,1718 dollar. Les cambistes ont eu la tremblotte, et la monnaie unique s’est retrouvée à ramasser les miettes sous la table des traders de Wall Street, un peu comme les dirigeants européens avec notre ami Trump.

Powell, l’homme qui murmurait à l’oreille des traders

Outre-Atlantique, c’était la fête à la saucisse après le discours de Powell. Le gars a rappelé que si le marché du travail ricain dévissait trop vite, il serait prêt à sortir l’artillerie lourde : baisse des taux, injection de cash, tout le tintouin. Résultat : Wall Street est reparti plein pot. Le Dow Jones a bondi de +1,86% à 45 617 points, le Nasdaq s’est envolé de +2,04% à 21 529 points.

Et dans la liste des gagnants du jour, Zoom Communications s’est payé un décollage de fusée : +10,11% à 80,57 dollars. Faut dire qu’ils ont sorti des résultats trimestriels au-dessus de la mêlée : un BPA de 1,53 dollar (contre 1,38 attendu) et un chiffre d’affaires en hausse de 4,7% à 1,22 milliard. Bref, ils ont beau être catalogués comme “l’appli du confinement”, ils prouvent encore qu’ils savent faire causer les bilans.

Les valeurs à suivre : du Caterpillar au Workday, le casting est large

Dans les coulisses, quelques gros noms ont refait parler d’eux :

En guise de clôture : un marché qui respire, mais qui tousse encore

Au final, cette fin de semaine boursière ressemble à un joueur de poker qui s’est pris une paire de baffes mais qui réussit à sauver sa mise grâce à un sourire du croupier. Powell a soufflé un peu d’air frais, mais pas trop non plus. Les marchés européens, qui faisaient la moue, se sont remis à sourire du bout des lèvres. On reste dans un contexte fragile : PIB allemand mollasson, climat des affaires français pas jojo, euro en mode carpette… mais comme toujours, il suffit d’une phrase bien tournée à Jackson Hole pour rallumer les chandelles.

En attendant, les traders peuvent remiser leurs mouchoirs et ressortir leurs boutons de manchette. Jusqu’à la prochaine sueur froide, évidemment.

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