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Pourquoi nos goûts musicaux différent les uns des autres ?




Si vous êtes du genre à headbanger sur du Metallica ou à dodeliner sur du Snoop Dogg, ce n’est pas juste parce que ça groove dans vos tympans. Vos préférences musicales ne sortent pas du chapeau comme un solo de guitare improvisé : elles sont le fruit d’un cocktail complexe entre votre cerveau, votre culture et, tenez-vous bien, votre personnalité. Préparez-vous à décortiquer cette symphonie en trois mouvements

Votre encéphale, c’est un peu le Mozart des émotions. Il anticipe chaque note, chaque accord comme si c’était un solo de jazz endiablé. Cette gymnastique neuronale repose sur ce qu’on appelle la plasticité cérébrale. En clair, plus vous écoutez un morceau, plus votre cerveau apprend à l’aimer, même si, au départ, c’était un vrai boulet (oui, on parle de ce titre que vous trouviez naze avant qu’il devienne votre tube préféré).

Les recherches du musicologue Leonard Meyer ont mis en lumière un truc génial : notre plaisir musical dépend de la bonne dose de surprise. Trop prévisible ? C’est aussi plat qu’un accord de do majeur. Trop complexe ? C’est comme un solo de free jazz joué à l’envers : incompréhensible. Trouvez l’équilibre, et vous obtenez une montée d’adrénaline musicale. Pas étonnant que certains albums restent gravés dans nos mémoires : ce sont de véritables montagnes russes d’émotions.

Culture et enculturation : un duo de choc

Si vous aimez Aznavour plutôt que Dua Lipa, ce n’est pas seulement une question de génération. Vos préférences musicales sont aussi le reflet de votre environnement culturel. Une étude menée chez les Samis, un peuple scandinave, a montré qu’ils étaient meilleurs pour prédire les notes manquantes dans leurs mélodies traditionnelles que des Européens peu familiers avec leur style. Moralité ? Ce qu’on écoute depuis le berceau influence notre oreille musicale.

Chez les bébés, c’est encore plus frappant : exposez-les à des rythmes des Balkans pendant une semaine, et ils reconnaîtront les asymétries musicales mieux que leurs petits camarades nourris à la comptine classique. Ce phénomène, appelé enculturation (oui de prime abord des images vous assaillent mais non c’est pas vulgaire), prouve que nos goûts se forment dès le premier biberon (et même avant, dans le ventre de maman). Pas étonnant qu’on soit attachés aux hits de notre jeunesse, même quand ils ont pris un sacré coup de vieux.

Vous êtes plutôt rock, électro ou bossa nova ? Vos goûts révèlent des facettes insoupçonnées de votre personnalité. Une étude menée par David Greenberg, psychologue à Cambridge, a mis en lumière des corrélations étonnantes entre traits de caractère et genres musicaux. Les extravertis ? Ils aiment les rythmes énergiques. Les empathiques ? Plutôt les ballades touchantes. Les geeks analytiques ? Du métal complexe, bien sûr.

La musique agit comme un miroir émotionnel. Si vous êtes en mode chill, vous allez peut-être zapper le dernier Kendrick Lamar pour un petit Francis Cabrel. Et inversement, si vous cherchez une bonne dose d’énergie, rien de tel qu’un David Guetta à fond dans les oreilles. Ce choix n’est pas anodin : il reflète votre humeur du moment et, plus profondément, votre manière d’interagir avec le monde.

Technologie et algorithmes : chefs d’orchestre 2.0

Merci Spotify et Deezer, qui transforment nos habitudes d’écoute en partitions savamment analysées. Ces plateformes créent des bulles musicales personnalisées, où vos goûts sont renforcés à coups de recommandations. Un peu comme un DJ qui vous connaît sur le bout des doigts, mais qui oublie parfois de vous surprendre.

Ce mécanisme a ses limites : à force d’écouter les mêmes genres, on rate l’occasion de découvrir de nouvelles perles musicales. Alors, comme dirait Nolan Gasser, architecte du Music Genome Project, “soyez curieux et osez la nouveauté“. Chaque époque a ses chefs-d’œuvre et ses morceaux à oublier, mais c’est dans cette diversité qu’on trouve la richesse.

Une symphonie en constante évolution

Bonne nouvelle : vos goûts ne sont pas gravés dans la cire d’un vinyle. Ils évoluent avec le temps, vos expériences et votre exposition à de nouveaux genres. La musique qui vous émouvait à 15 ans pourrait vous sembler ringarde à 40, et lycée de Versailles. C’est ce qu’on appelle la musique refuge : ces morceaux qui nous ramènent à des souvenirs marquants, comme un slow sous les étoiles ou une fête arrosée.

Mais attention, la nostalgie, c’est comme un solo de violon : émouvant à petite dose, barbant si on en abuse. Alors, laissez votre playlist s’aventurer sur des terrains inconnus. Qui sait, votre prochain coup de cœur musical pourrait être un groupe de reggae zimbabwéen ou un orchestre de flûtes de paon péruviennes.

Parce que vos goûts, c’est tout sauf du pif. Ils sont le fruit d’un subtil équilibre entre vos neurones mélomanes, votre environnement culturel, et cette petite étincelle de personnalité qui fait de vous un mélomane unique. Que vous soyez branché techno ou taré de tango, peu importe : l’essentiel, c’est de vibrer.

Alors montez le son, et rappelez-vous cette règle d’or : la meilleure musique, c’est celle qui vous fait danser, rêver ou pleurer. Et si quelqu’un vous critique pour ça ? Vous n’avez qu’à répondre : “Chacun sa partition, mon pote !

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