Opération Banco Central : Une série qui braque les projecteurs… mais rate le coffre-fort




Netflix l’a tenté, mais la serrure n’a pas cédé. Annoncée comme le digne successeur de La Casa de Papel, la mini-série espagnole Opération Banco Central avait tout pour cartonner : un braquage spectaculaire inspiré de faits réels, un casting bourré de talents issus de productions à succès, et un parfum de nostalgie pour les amateurs de récits haletants. Pourtant, après un bref passage dans le top 10 de la plateforme, la série s’est éclipsée plus vite qu’une équipe de braqueurs devant l’arrivée des forces de l’ordre. Retour sur un casse médiatique qui a mal tourné

Cinq épisodes. Une intrigue qui mélange histoire, politique et suspense. Une adaptation du roman Asalto al Banco Central de Mar Padilla. Bref, tout était en place pour captiver les abonnés. Mais entre les promesses et le résultat, il y a parfois un gouffre… ou un coffre mal fermé.

Le pitch nous ramène à Barcelone, le 23 mai 1981. Trois mois après la tentative de coup d’État du tristement célèbre « 23-F », onze braqueurs cagoulés s’introduisent dans la Banque centrale, prennent plus de 200 otages et sèment la panique. Derrière l’apparente quête d’un magot colossal, une ambition politique beaucoup plus inquiétante : exiger la libération des putschistes impliqués dans le 23-F.

À l’écran, cette intrigue se double d’un point de vue journalistique. Maider (Maria Pedraza), jeune reporter pleine d’ambition, voit dans ce braquage l’opportunité de lancer sa carrière. Avec l’aide de Berni (Hovik Keuchkerian), mentor désabusé mais attachant, elle plonge dans une histoire où l’adrénaline et le danger sont omniprésents. Malheureusement, si le résumé donnait envie de se ruer sur la série, le visionnage laisse un goût de déjà-vu… mais en moins savoureux.

Un casting de première division

Maria Pedraza (Maider), Miguel Herrán (un braqueur), Fernando Cayo (personnage clé de la crise)… Ces noms ne vous disent rien ? Alors vous n’avez pas vu La Casa de Papel. Netflix a manifestement misé sur des visages familiers pour attirer les fans de braquages à la sauce ibérique. Et à ce niveau, rien à redire : les performances des acteurs sont solides, voire impressionnantes. Pedraza brille par son intensité, Herrán reprend avec aisance un rôle de malfrat qui lui colle à la peau, et Keuchkerian apporte un subtil mélange d’ironie et de gravité.

Cependant, ce casting d’exception s’avère être une arme à double tranchant. Les spectateurs, habitués à l’excellence de La Casa de Papel, attendent de Opération Banco Central qu’elle rivalise avec sa grande sœur. Et c’est là que le bât blesse. Car si le casting est au top, le scénario, lui, manque de souffle.

Dans une série de braquage, on attend des rebondissements en série, des cliffhangers haletants, et des moments de tension à couper le souffle. Ici, Netflix opte pour une narration qui se veut hybride, oscillant entre la fiction dramatique et le documentaire. Un pari audacieux… mais mal maîtrisé. Résultat : la série s’éparpille et perd en intensité.

Les motivations des braqueurs, floues et peu développées, peinent à provoquer l’empathie. Quant à l’aspect historique, il est traité de manière si superficielle qu’un spectateur non averti risque de ne pas comprendre les véritables enjeux politiques de l’époque. Ce choix d’une double approche (historique et dramatique) aurait pu enrichir la série, mais il finit par alourdir une intrigue qui manque déjà de dynamisme.

Une mémoire collective sous-exploitée

Le braquage de la Banque centrale de Barcelone s’inscrit dans un contexte politique chaotique, où l’Espagne émerge à peine de l’ombre du franquisme. Trois mois après le coup d’État manqué du colonel Tejero, ce casse est perçu par certains comme une tentative de déstabilisation orchestrée par des nostalgiques du régime autoritaire.

Pour un public espagnol, cette mémoire collective aurait pu donner à la série un impact émotionnel puissant. Malheureusement, Opération Banco Central préfère survoler ces aspects pour se concentrer sur des scènes d’action et des relations interpersonnelles qui, bien qu’intéressantes, ne suffisent pas à compenser ce manque de profondeur. Les spectateurs internationaux, peu familiers avec ce pan de l’histoire ibérique, passent à côté de la richesse contextuelle. Et pour les Espagnols, le traitement historique simplifié frôle l’irrespect.

Des braqueurs sans charisme

Un autre point faible majeur réside dans le traitement des braqueurs. Là où La Casa de Papel nous offrait des personnages hauts en couleur, attachants malgré leurs actes criminels, Opération Banco Central nous présente des malfrats sans réelle consistance. Leurs motivations restent floues, leur humanité peu explorée. On ne tremble pas pour eux, on ne s’attache pas à eux… bref, on reste spectateur, mais pas impliqué.

Au final, Opération Banco Central est une série qui, malgré ses ambitions et son potentiel, ne parvient pas à se démarquer. Le casting impeccable et l’intrigue de départ ne suffisent pas à compenser un manque de rythme, de profondeur et de recontextualisation historique. Comparée à La Casa de Papel, elle fait pâle figure et peine à trouver sa propre identité.

Les amateurs de séries espagnoles resteront sans doute sur leur faim. Pour les autres, Opération Banco Central risque de passer aussi inaperçue qu’un braqueur sans masque dans une foule. Si cette série avait été un véritable braquage, elle n’aurait jamais réussi à quitter la banque avec le magot.

Un braquage de projo raté

Avec Opération Banco Central, Netflix a tenté de capitaliser sur la popularité des braquages made in Spain. Mais cette série, plus proche d’un retrait au distributeur que d’un vrai casse du siècle, manque de l’étincelle qui fait les grands succès. Un rendez-vous manqué, certes, mais qui pourrait servir de leçon pour les futures productions.

Pour paraphraser un braqueur fictif célèbre : « C’est pas le magot qui compte, c’est l’histoire qu’on raconte. » Et ici, l’histoire aurait mérité un meilleur conteur.


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