C’est pas un feu de cheminée, ni un barbecue de quartier : c’est carrément un brasier boursier. Depuis début 2025, l’or flambe comme si on avait versé de l’essence sur le marché. +36 % dans la musette depuis le 1er janvier, après une année 2024 déjà dopée aux stéroïdes (+35 %). Vendredi 5 septembre, le précieux métal s’est installé tranquillou à 3 586 dollars l’once, et certains commencent à parier sur un gros 4 000 d’ici le réveillon. Autant dire que le lingot est devenu la starlette de Wall Street, le Johnny Hallyday du coffre-fort
Faut dire que la planète tourne pas rond. L’Ukraine est toujours en feu, la Méditerranée chauffe comme une cocotte-minute, et Donald Trump a ressorti sa casquette de douanier cow-boy au printemps en annonçant des hausses massives de taxes à l’import. Résultat : panique à bord, marchés en nage, et ruée vers le seul truc qui brille sans broncher depuis 5 000 ans : l’or.
Le 8 août dernier, un bruit a couru que les Suisses allaient se faire matraquer à 39 % de droits de douane sur leur métal raffiné. Panique immédiate, le cours a bondi au-dessus des 3 400 dollars. Finalement, la menace a été écartée, mais entre-temps, le précieux avait déjà repris goût au champagne.
La Fed en mode barman du marché
Autre carburant pour la flambée : la Réserve fédérale. La Fed, c’est un peu le serveur de bistrot de la planète finance : quand elle baisse les taux, elle sert une tournée générale. Et là, vu que l’emploi ricain patine (les créations de postes font le timide), tout le monde attend une descente des taux cet automne. Traduction : les rendements des bons du Trésor s’écrasent comme des pintes renversées, et les investisseurs se rabattent sur le lingot, valeur refuge numéro uno.
Parce que faut pas oublier le principe de base : quand les taux baissent, les placements sans risque rapportent que dalle. Alors quitte à choisir entre une épargne qui végète et une relique dorée qui brille de mille feux, les investisseurs préfèrent jouer les Picsou.
Le tango de l’or et du dollar
Y’a aussi l’éternel chassé-croisé avec le billet vert. Quand le dollar a la dalle, l’or se gave. Exemple : entre le 2 et le 22 avril, l’euro a collé un coup de pied au cul du dollar (+5 %), et dans la foulée, l’or a bondi de 7 %. Comme dirait l’autre : c’est pas l’or qui monte, c’est le dollar qui se vautre.
Du coup, pour un investisseur ricain, ça flambe sec (+36 %), alors que pour un Européen, la note est un peu moins salée (+20 %). Mais bon, dans tous les cas, ça reste la teuf : le lingot fait la java, et les portefeuilles trinquent.
Jusqu’où ça peut grimper ?
Là-dessus, les voyants ont tous leur boule de cristal. Goldman Sachs joue les prudents avec une cible à 3 700 dollars. D’autres parlent d’un petit repli vers 3 300 en cas de coup de vent. Mais c’est JP Morgan qui a sorti la grosse caisse : 4 000 dollars l’once d’ici le 31 décembre. Un objectif qui paraissait délirant en janvier mais qui, aujourd’hui, fait plus sérieux qu’un comptable en col roulé.
Alors, délire d’analyste ou prophétie en or massif ? Faut dire que la machine est lancée : inflation encore sous-jacente, dettes publiques qui gonflent comme des ballons de baudruche, tensions géopolitiques permanentes, et banques centrales qui accumulent de l’or comme des écureuils avant l’hiver. Tout ça ressemble fort à un boulevard doré jusqu’à la fin de l’année.
Les raisons du carton plein
- Instabilité mondiale : plus ça chauffe sur la planète, plus les investisseurs se planquent derrière leur lingot comme des gamins sous la couette.
- Politique monétaire : si la Fed baisse les taux, c’est champagne pour l’or.
- Dollar en vrac : chaque fois que le billet vert fait la gueule, l’or se frotte les mains.
- Banques centrales gloutonnes : Chine, Russie et compagnie stockent de l’or à la pelle pour se détacher du dollar.
Scénarios possibles
Scénario doré : les tensions géopolitiques empirent, la Fed joue les Père Noël avec une grosse baisse de taux, et hop, l’or file vers 4 000 dollars, voire plus si affinités.
Scénario gris : le dollar se reprend, les tensions s’apaisent, et l’or se replie gentiment autour des 3 300.
Scénario réaliste : entre les deux, avec une fin d’année sur les 3 600-3 700, histoire de pas vexer Goldman Sachs.
En gros, l’or, c’est le seul joueur de poker de la salle qui gagne à tous les coups. Les actions ? Elles se font savater par la conjoncture. Les cryptos ? Ça monte, ça descend, ça fait des loopings. Les obligations ? Autant mettre son fric sous le matelas. Et l’or ? Lui, il trône dans son costard trois pièces, cigare au bec, et il rafle la mise en sifflotant.
C’est simple : à chaque fois que le monde tremble, le lingot se gave. Et vu l’état du monde en 2025, on peut dire qu’il a encore de belles orgies devant lui.
Alors, 4 000 ou pas 4 000 ?
La réponse est pas écrite dans le marbre, mais le décor est planté : inflation, géopolitique, Fed en stress, dollar en vrac. Bref, tout ce qu’il faut pour que l’or continue de briller comme un flambeur au casino. Si JP Morgan a raison, on sabrera le champagne doré au réveillon. Sinon, même à 3 500 ou 3 600, ça restera une sacrée cuvée.
En attendant, les investisseurs font la queue au guichet du coffre-fort comme des supporters devant un stade. Et dans le grand casino de la finance, le jeton doré reste le seul à ne jamais sortir perdant.