Cette langue aussi ancienne que mystérieuse donne l’impression de remonter à l’âge de pierre tout en jonglant avec TikTok. Depuis les grottes du paléolithique jusqu’aux rues de Bayonne, elle a résisté à des invasions, des glaciers, et même à l’orthographe française. Mais aujourd’hui, les Basques tirent la sonnette d’alarme : leur langue ancestrale risque de finir au placard, coincée entre le chistera et le makila
L’euskara, c’est un peu le punk des langues européennes. Non-indoeuropéenne, elle trace sa route depuis plus de 15 000 ans sans jamais vraiment se mélanger. Pendant que le français et l’espagnol s’amusaient à emprunter des mots latins à tout va, l’euskara restait dans son coin, intacte. Pas étonnant que les linguistes se grattent la tête en essayant de retracer ses origines.
Mais voilà, même les durs à cuire ont leurs limites. Malgré son histoire héroïque, la langue basque est aujourd’hui sous pression. À Bayonne, les militants de l’Euskalgintza et de la Confédération Basque ont déclaré l’alerta linguistika, autrement dit, “on est dans le pétrin“.
Les chiffres, c’est pas toujours gai, et ceux de l’euskara font un peu mal au cœur. En 2021, seulement 21,1 % des habitants du Pays basque nord parlaient encore la langue. Et si on continue à faire l’autruche, ce chiffre pourrait tomber à 16 % d’ici 2050. Autant dire que les perspectives sont plus sombres qu’un jour sans Pelote..
Ce n’est pas juste une question de vocabulaire : même ceux qui parlent basque ont souvent du mal à l’utiliser au quotidien. Heureusement, il y a des lueurs d’espoir : de plus en plus de parents choisissent une éducation bilingue pour leurs enfants, et des adultes se lancent dans l’apprentissage. Mais cette dynamique populaire manque cruellement de soutien officiel.
“Je parle basque, donc je suis… embêté”
Le problème principal, c’est que la France n’a jamais été très copine avec ses langues régionales. L’article 2 de la Constitution clame haut et fort que “la langue de la République est le français”, laissant l’euskara, le breton et compagnie sur le banc de touche. Résultat, pas de reconnaissance officielle, pas de financements dignes de ce nom, et une langue qui se bat avec un bras dans le dos.
L’Office public de la langue basque (EEP), qui tente de faire vivre l’euskara, doit jongler avec des moyens trop justes. Crèches en immersion, cours pour adultes, médias en basque ? Oui, mais pas assez pour renverser la vapeur. Pendant ce temps, les langues dominantes, comme le français ou l’espagnol, continuent d’occuper tout l’espace. Bref, l’euskara est dans une partie de mus, et les cartes sont clairement pipées.

Pas question de baisser les bras pour les défenseurs de l’euskara. Ils veulent du changement, et pas juste des miettes. Première étape : une révision constitutionnelle pour enfin reconnaître les langues régionales. Ensuite, il faut sortir le porte-monnaie et investir dans des projets concrets. Idurre Eskisabel, de l’Euskalgintza, l’assure : tout n’est pas perdu. Avec un bon coup de pouce, on peut encore atteindre 30 % de locuteurs d’ici 2050.
Mais pour ça, il faudra se sortir les doigts : créer des crèches, former les adultes, et surtout, donner de la place à l’euskara dans les médias et les services publics. Pas juste une ou deux émissions à 3 h du mat’, mais de vraies initiatives qui montrent que la langue a sa place, aujourd’hui comme demain.
Une langue, une identité, une urgence
Sauver l’euskara, ce n’est pas juste un caprice de linguistes ou de nostalgiques. C’est préserver une culture, une façon de voir le monde, et un lien unique avec l’histoire. Comme le dit Sébastien Castet, membre de la Confédération Basque : “C’est maintenant ou jamais.” Et il a raison. Parce qu’une langue qui disparaît, c’est un bout d’humanité qui s’efface.
Alors, que vous soyez locuteur ou simple amateur des beaux mots, il est temps de filer un coup de main. L’euskara, ce n’est pas juste un patrimoine basque, c’est un trésor universel. Et comme dirait un vieux dicton basque : Etxeko sua etxeko hautsez pizten da (“On ravive le feu de la maison avec la cendre de la maison”). À méditer, autour d’un bon verre d’Irouléguy.
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