Les Sorcières de Zugarramurdi : Histoire d’un grand feu de joie… Pas si joyeux




À l’ombre des Pyrénées, caché dans le Pays Basque espagnol, se trouve un petit village nommé Zugarramurdi. On s’imagine déjà les rues pavées, les maisons à colombages et les petits plats mijotés qui embaument les ruelles. Pourtant, au début du XVIIe siècle, l’ambiance dans ce bourg n’était pas vraiment celle d’une carte postale. Non, non. Imaginez plutôt un épisode de *Game of Thrones* avec un soupçon de “Harry Potter”, sans les baguettes magiques et les chouettes, mais avec beaucoup plus de fumée

Zugarramurdi, c’est un peu le Poudlard des sorcières, en moins académique, et beaucoup plus tragique. Ici, en 1609, les vieilles pierres ont été témoins de l’un des plus célèbres procès en sorcellerie de l’histoire d’Espagne. Tout commence avec une rumeur, comme toujours. Un enfant enrhumé, une vache qui ne donne plus de lait, une voisine un peu trop bizarre et paf, les langues se délient. Les commères se mettent à murmurer : « Sorcellerie ! »

À l’époque, on ne badine pas avec les affaires de sorcières. Le Saint-Office, autrement dit l’Inquisition, est tout ouïe. Pedro de Valle, un ancien inquisitor devenu enquêteur, débarque alors dans le coin. Une sorte de Colombo en soutane, armé de sa bible, de son crucifix, et de la ferme intention de purifier le village. Il a le flair, Pedro, et rapidement, il trouve une coupable idéale : María de Ximildegui. Pauvre María, elle n’a jamais cassé trois pattes à un canard, mais quelqu’un lui en voulait, alors elle se retrouve accusée d’avoir un balai volant dans le placard.

Une chose en amenant une autre, María passe à table et balance tout le village. Selon elle, tout le monde participe à des sabbats dans la grotte de Zugarramurdi, une caverne immense où les villageois s’adonneraient à des danses macabres, festins diaboliques, et autres activités du samedi soir un peu olé-olé. Pedro de Valle n’en demande pas plus. Pour lui, c’est clair : Zugarramurdi est un nid de sorcières, et il faut nettoyer tout ça. Avec du feu, de préférence.

Le procès de 1609 devient alors un véritable show de l’Inquisition, un festival de la délation où chacun y va de son petit témoignage pour échapper aux flammes. On raconte que jusqu’à 300 personnes ont été accusées de sorcellerie dans la région. Au final, 53 malheureux sont reconnus coupables, dont onze condamnés au bûcher. Les feux de la Saint-Jean, c’est bien, mais à Logroño, en 1610, c’est un autre genre de feu qui illumine la ville : celui de ces onze prétendues sorcières de Zugarramurdi.

Si vous désirez en savoir plus sur cette histoire, courez chez votre libraire favori ou votre fournisseur de bouquins en ligne et faites donc l’acquisition du livre de Gracianne Hastoy, “Le solstice des maudites”. Pour la petite histoire, cette écrivaine basque est incollable sur le sujet et a passé plusieurs mois dans ce petit village pour s’imprégner de l’atmosphère, du décor, et publier ce formidable bouquin. Un must have dans vos étagères si vous êtes fan de sorcières ou du Pays basque.

Aujourd’hui, Zugarramurdi a bien changé. Le village ne brûle plus les sorcières, il les célèbre ! Chaque année, en août, on y fête le « Jour des Sorcières » avec des rituels ancestraux et un festin qui, selon les dires, fait oublier la soupe aux potirons de votre grand-mère. La fameuse grotte, autrefois théâtre des sabbats présumés, est devenue une attraction touristique. On la visite avec un guide, non pas pour y communier avec le diable, mais pour découvrir l’histoire d’une hystérie collective qui a mal tourné.

Ce qui est ironique, c’est que dans cette affaire, les seules sorcières, ce n’étaient pas les femmes accusées, mais plutôt les mauvaises langues, les jalousies, et surtout la peur de l’inconnu. Le procès des sorcières de Zugarramurdi est une leçon de l’histoire : quand on ne comprend pas quelque chose, on finit par le brûler. Heureusement pour nous, les temps ont changé. Désormais, quand une voisine semble un peu bizarre, on l’invite à prendre un café. Et si elle parle à son chat, on appelle ça de l’amour des animaux. Après tout, qui n’a pas un peu de sorcellerie en soi ?

Alors, chers lecteurs, la prochaine fois que vous passerez par Zugarramurdi, ne cherchez pas à brûler une sorcière, contentez-vous de déguster un bon cidre local, en contemplant la grotte. Le diable ? Il est sûrement parti depuis longtemps, terrassé par une indigestion de pintxos.


Discover more from baskroom.fr

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

2 Comments

  1. Et vous pouvez lire le solstice des maudîtes excellent livre très bien documenté relatant la VÉRITABLE histoire de ce drame
    L auteur : Gracianne Hastoy

    1. Merci Chonchon !!!! 😻😻😻

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *