Ah, parce qu’il y en avait parmi vous qui croyait encore aux miracles, aux apparitions de la Sainte Vierge, et bien sûr, à la justice inflexible de notre chère République ? L’affaire Benalla, ce feuilleton qui a captivé notre imaginaire collectif pendant des années, s’achève en beauté avec un non-lieu des plus convenus. On applaudit, on se lève, et on retourne à notre quotidien, la conscience légère, sachant que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes
Revenons un instant sur ce qu’on appelle désormais “l’affaire des coffres-forts disparus”. Pour ceux qui auraient manqué un épisode, laissez-moi vous rappeler brièvement la trame : Alexandre Benalla, ce héros moderne aux multiples casquettes, possédait un ou plusieurs coffres-forts. Oui, des coffres-forts, vous savez, ces objets dont on ne sait jamais vraiment ce qu’ils contiennent, mais qui suscitent toujours une fascination quasi mystique. Et voilà que lors d’une perquisition, ô surprise, l’un de ces coffres-forts avait mystérieusement disparu. Parti en vacances ? Volatilisé dans la nature ? Ou peut-être avait-il simplement décidé de prendre l’air, las d’être enfermé dans un appartement parisien.
Alex ne se fera pas coffrer
La justice, toujours vigilante, s’est bien entendu penchée sur cette mystérieuse disparition. Après tout, qui ne voudrait pas savoir ce qui se cache dans le coffre d’un ex-chargé de mission à l’Élysée ? Des armes, nous dit-on. Ou peut-être des secrets d’État, des reliques du passé, voire la recette secrète du cassoulet toulousain de tata Nicole ? Mais voilà, après des années d’investigations, de rumeurs et de spéculations, la conclusion est tombée : non-lieu. Circulez, il n’y a rien à voir.
Pour le commun des mortels, la logique voudrait que la disparition d’un coffre-fort en pleine enquête soit un tantinet suspecte. Mais pas pour notre justice. Que nenni. En l’absence de preuves tangibles, le doute profite à l’accusé, et tant pis pour ceux qui s’imaginaient déjà voir surgir de ce coffre des révélations fracassantes. Le contenu ? Impossible à établir. La volonté de nuire à la vérité ? Nulle part. L’affaire est close, merci, bonsoir.
Et puis, soyons honnêtes, poursuivre Benalla pour le contenu hypothétique d’un coffre, c’est un peu comme accuser une licorne de s’être échappée de la forêt enchantée. Absurde, vous disent les avocats de la défense, à raison. Après tout, pourquoi perdre son temps à chercher la vérité quand on peut se contenter de la dissimuler sous un épais voile d’incertitude ?
Le plus amusant dans cette histoire, c’est cette valse des protagonistes. Un militaire qui accuse deux membres de la présidence d’avoir exfiltré un coffre, des témoins qui se souviennent soudainement de détails compromettants, et bien sûr, notre cher Benalla qui, tel un magicien, voit ses coffres disparaître sans laisser de trace. Tout cela aurait pu faire un excellent scénario de série télévisée, mais la réalité dépasse, une fois de plus, la fiction.
Bien sûr qu’elle est indépendante la justice !
Quant à savoir ce que contenaient vraiment ces fameux coffres, le mystère reste entier. Peut-être n’y avait-il rien d’autre qu’un vieux sac de sport, usé par le temps, transporté discrètement d’un bureau de l’Élysée à une destination inconnue. Un sac qui, à défaut d’abriter des secrets d’État, aura au moins servi à alimenter les fantasmes d’une nation entière.
Ainsi se termine l’un des volets les plus rocambolesques de l’affaire Benalla. On aurait pu espérer une fin en apothéose, des révélations choc, des têtes qui tombent. Mais non, nous avons droit à un non-lieu, ce doux euphémisme pour dire que la vérité n’est plus à la mode.
En définitive, l’affaire des coffres-forts disparus n’aura été qu’une tempête dans un verre d’eau, une pièce de théâtre absurde où les acteurs, conscients du ridicule de leur rôle, se retirent en coulisses sans un mot de plus. Le rideau tombe, le public est prié de quitter la salle, et la République peut continuer à ronronner tranquillement, assurée que ses secrets resteront bien à l’abri, là où personne n’ira jamais les chercher.