Alors que l’économie roule parfois comme une vieille 2CV, la Bourse de Paris, elle, carbure au champagne. Pour la sixième fois consécutive, le CAC 40 a fini vendredi en terrain conquis, grimpant à 8 081,54 points, un niveau qu’on n’avait plus croisé depuis que mars 2025 était un lointain futur. Une série qui fait de notre indice vedette le roi incontesté de la cour de récré européenne, affichant un gain hebdomadaire de 2,68 %. De quoi faire tourner les têtes et les portefeuilles
Ce vendredi, le Vieux Continent a joué la carte de la prudence. Terminé en ordre dispersé, dit-on ? Disons plutôt que chacun y est allé de son petit bonhomme de chemin. Tandis que Paris continuait son petit numéro d’équilibriste (+0,31 %), Londres et l’EuroStoxx 50, eux, ont carrément pulvérisé les records historiques. Le FTSE, avec une hausse de 0,67 %, a montré qu’outre-Manche, on savait encore compter les livres sterling avec le sourire. Seul le Dax allemand a fait la gueule, terminant dans le rouge. « Achtung », les amis, pas de quoi casser trois pattes à un canard, mais quand même.
Le moteur de cette euphorie boursière ? Les investisseurs, ces grands romantiques, qui rêvent de deux baisses de taux de la Fed avant la fin de l’année. Une perspective qui fait plus bander les traders qu’un dividende surprise. L’argent pas cher, c’est comme le sucre dans le yaourt : tout le monde en redemande.
Au rayon des héros et des zéros
Commençons par les mauvais élèves. À Londres, l’action JD Wetherspoon a dégringolé de 5,71 %. Le tenancier de pubs a pourtant servi des résultats annuels en hausse, mais voilà, il a aussi lâché que les coûts montaient comme le niveau de la bière dans un verre trop plein. Les investisseurs, prompts à la gueule de bois, ont immédiatement liquidé. Apparemment, l’annonce de hausses de coûts à venir a fait l’effet d’une pinte trop tiède.
À l’inverse, à Paris, c’est la fête pour certains. Legrand, le roi des prises et des tableaux électriques, s’est offert un joli +0,53 % après avoir annoncé l’acquisition de l’américain Avtron Power Solutions pour la modique somme de 1,125 milliard de dollars. Une opération qui se branche sur des marchés en surchauffe, comme les data centers. En clair, Legrand a trouvé la prise qui va bien pour se connecter à la croissance US.
Dans le secteur de la santé, Sanofi (+2,07 %) a surfé sur la vague de l’optimisme. L’accord entre Pfizer et le gouvernement américain pour baisser le prix de certains médocs a rassuré tout le landerneau. L’incertitude, ce poison pour les cours, s’est un peu dissipée. Les analystes d’UBS, même s’ils ont un peu rabaissé leur cible (de 115 à 105 euros), maintiennent leur conseil d’achat. Traduction : y’a encore de la marge, les gars, le cours peut encore se soigner.

L’économie réelle : Le plancher des vaches a la gueule de bois
Mais ne nous emballons pas trop. Pendant que les indices s’envolent, l’économie montre des signes de faiblesse. En France, l’activité dans le secteur privé se contracte, avec un indice PMI composite qui dégringole à 48,1 points, son plus bas depuis cinq mois. Même son de cloche dans l’industrie manufacturière, où la production a encore reculé en août. C’est un peu comme si le CAC 40 faisait la fiesta au dernier étage pendant que l’usine du rez-de-chaussée est en train de prendre l’eau.
Au Royaume-Uni, le rythme de croissance du secteur privé a ralenti plus que prévu, frôlant carrément la stagnation. Seule la zone euro dans son ensemble semble tenir la barre, avec une activité qui progresse très légèrement, mais sûrement. L’Allemagne, elle, repart doucement, mais pas aussi fort qu’espéré. Bref, le moteur européen tousse un peu, même si les bougies sentent encore bon.
Wall Street : Les records, une habitude qui se perd pas
Outre-Atlantique, on n’a pas froid aux yeux. Malgré un shutdown du gouvernement qui entre dans son troisième jour (et qui a empêché la publication du rapport sur l’emploi, au grand dam des traders), Wall Street continue d’aligner les records comme s’il en pleuvait. Le Dow Jones et le Nasdaq sont tous deux en territoire inconnu, grimpant respectivement de 0,15% et 0,19%. Les mauvaises nouvelles du secteur des services (l’indice ISM à 50, pile poil dans le neutre) n’ont pas réussi à entamer l’optimisme des bulls. La Fed, la Fed, toujours la Fed… c’est elle le vrai chef d’orchestre.
Dans les mauvaises nouvelles, Boeing repousse (encore !) l’arrivée de son 777X. Prévu initialement pour 2020, puis 2025, le gros-porteur ne devrait finalement voir le jour qu’au premier trimestre 2027. Une désillusion de plus pour Lufthansa, son client de lancement, et une facture salée pour Boeing, qui pourrait devoir encaisser une charge de 2,5 à 4 milliards de dollars. Quand on vous dit que tous les vols ne décollent pas…
Le tableau est donc en demi-teinte, ou en grand écart. D’un côté, des Bourses euphoriques, dopées aux liquidités et aux espoirs de taux bas. De l’autre, une économie réelle qui tangue, avec des PMI en berne et des productions industrielles en recul. Les investisseurs semblent dire : « Après nous, le déluge ? Peut-être, mais en attendant, le CAC 40 est en état de grâce. » Six hausses d’affilée, ça ne se refuse pas. Mais gare au retour du plancher des vaches, qui a toujours le dernier mot. En Bourse comme ailleurs, ce qui monte finit par redescendre. Mais en attendant, profitons du spectacle.
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