La laine de brebis, sol de rêve pour les sabots

Quand on parle de laine de brebis, vous pensez pulls qui grattent ou chaussettes au coin du feu ? Bêêêê vous zavez tout faux ! Au Pays Basque, cette fibre naturelle prend un tout nouveau galop avec une innovation qui pourrait bien faire hennir de plaisir les amateurs d’équitation. Dans un projet inédit mêlant ingéniosité et respect de l’environnement, la laine de brebis se glisse désormais dans les carrières équestres. Les moutons n’ont pas fini de nous étonner

À l’Écurie Larretcheberria d’Arcangues, les pistes équestres ont troqué leur tenue classique pour une version “laine de brebis”. Et ça envoie du foin ! Portée par Jérôme Laclau, propriétaire des lieux, cette idée est tout sauf tirée par les cheveux. Inspiré par un article sur les montagnes de laine non valorisées dans la région, il décide de donner une nouvelle vie à cette ressource locale, abondante mais sous-exploitée.

Avec l’aide de la CAOSO (Coopérative d’éleveurs à Idaux-Mendy), de la CCI Bayonne Pays Basque et du projet Interreg Poctefa ORHI+, la laine a été intégrée au sable des carrières pour stabiliser les sols et offrir un confort optimal aux chevaux. Résultat ? Une surface douce comme un agneau, qui réduit les risques de blessures et économise de l’eau. Qui aurait cru que des moutons feraient aussi bon ménage avec des chevaux ?

Quand laine rime avec gain

Les tests, menés dans le cadre du cluster Résolaine, ont révélé des bénéfices impressionnants :

Stabilité au top : La laine structure le sable, évitant aux chevaux de s’enfoncer comme dans une plage landaise après une grosse marée.
Économie d’eau : Moins d’arrosage, plus de fraîcheur, et une facture d’eau qui allège votre porte-monnaie.
Réduction des chocs : Fini les sols trop durs qui fatiguent les sabots ; la laine amortit les impacts et bichonne vos destriers.
Durabilité et polyvalence : Une surface qui tient la route (ou plutôt la piste) par tous les temps et demande peu d’entretien.

Les moutons sauvent la planète

En plus d’offrir un confort royal aux chevaux, cette solution coche toutes les cases de l’écologie :

Zéro déchet : La laine, souvent brûlée ou enfouie faute de débouchés, retrouve ici une seconde vie.
Circuit court : Produit local, impact local. On ne peut pas faire plus terroir !
Substitut aux fibres synthétiques : Bye-bye plastiques polluants, bonjour matières naturelles !

Avec 1 200 tonnes de laine de races locales produites chaque année au Pays Basque, le potentiel est colossal. Pourtant, 80 % de cette laine finit aujourd’hui aux oubliettes. Résolaine s’attaque à ce gâchis en connectant éleveurs, transformateurs et utilisateurs pour imaginer des applications innovantes, du textile aux pellets de chauffage, en passant par les substrats agricoles.

Jérôme Laclau, cavalier et entrepreneur engagé, n’a pas hésité à prendre le risque de tester cette solution inédite. Son écurie, réputée pour ses préparations aux championnats européens, est devenue un véritable laboratoire de l’innovation équestre. Si l’odeur de laine mouillée a fait froncer quelques naseaux au début, elle s’estompe rapidement, comme par magie, après une pluie ou un arrosage.

Fondée en 1946, la CAOSO travaille depuis des décennies à valoriser la laine des éleveurs locaux. Avec 350 membres au compteur, la coopérative explore aujourd’hui des usages aussi variés qu’étonnants : fertilisants agricoles, matériaux isolants, et désormais pistes équestres.

Résolaine : une toison d’or pour la région

Premier cluster dédié à la laine en France, Résolaine, piloté par Lainamac et la CCI Bayonne Pays Basque, fait figure de pionnier. Son objectif ? Transformer cette ressource souvent méprisée en un moteur économique et écologique pour la Nouvelle-Aquitaine. Soutenu par la Région, Résolaine capitalise sur des savoir-faire locaux pour réinventer l’usage de la laine.

Ce premier pas prometteur dans les carrières équestres n’est que la pointe de l’iceberg. Avec un potentiel aussi vaste que les prairies basques, la laine de brebis pourrait bien devenir la star de l’innovation locale. Alors, qui aurait cru que nos chères brebis, entre deux pâturages, s’offriraient une nouvelle carrière ?

En attendant de voir vos sabots préférés trotter sur ces surfaces révolutionnaires, n’hésitez pas à tendre l’oreille à cette initiative. Et rappelez-vous : avec un peu de laine, on peut changer bien plus que des pulls. On peut changer le monde.

Le sachiez-vous ?

Moutons VIP : Au Pays Basque, on compte près de 1,3 million de brebis. Ça en fait, des toisons à valoriser !
Un cluster qui décoiffe : Résolaine est la première structure française à fédérer toute la chaîne de valeur de la laine, de l’éleveur au créateur.
Chevaux heureux : Une carrière équipée de laine réduit la fatigue des chevaux de 20 %, selon les premiers essais.