Après les taxes sur les vélos, le sucre dans les sodas, et même les toutous à quatre pattes, voilà qu’on s’attaque au doux nectar de la bière. Le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) 2025 promet une sacrée cuvée d’impôts pour les brasseurs. Et là, ça déborde : les Brasseurs de France sont formels, « cette taxe va droit au tonneau de la catastrophe ». En gros, si on appuie trop fort sur le levier des taxes, nos brasseries pourraient bien finir en pression
La semaine dernière, les députés se sont penchés sur de nouveaux amendements pour le budget de la Sécu. Dans le viseur : les bières aromatisées et bien maltées, avec une “taxe sucre” en prime pour les bières les plus gourmandes. On fait passer la pilule au nom de la prévention des maladies chroniques, mais du côté des brasseurs, ça grince des dents.
Pour eux, c’est une taxe de plus sur une filière déjà bien éreintée. Entre la crise sanitaire, l’inflation, et le coût des matières premières en explosion, les brasseries ont déjà du mal à garder le houblon haut. « Cette taxe serait un coup de massue pour l’ensemble du secteur, des petits ateliers aux brasseries industrielles », déclare Maxime Collet, brasseur dans l’Ain. Pour lui, comme pour ses collègues, ce coup de marteau fiscal pourrait bien écraser les dernières bulles de la brasserie artisanale française.
Quand le prix des demis vire à l’amer
L’addition s’annonce donc salée pour les amateurs de blondes, brunes, et rousses, car les brasseurs n’auront d’autre choix que de faire payer ces nouvelles charges aux clients. « Si je veux garder la tête hors de l’eau, il faudra que j’augmente mes prix de 30 à 40 %. Mais qui veut payer sa mousse au prix d’un cocktail ? » s’interroge Maxime Collet. De quoi faire pleurer dans les chopines les amateurs de houblon, et refroidir sérieusement l’envie d’un bon vieux demi à la française.
Pour les Brasseurs de France, cette nouvelle taxe sonne la cloche de la dernière tournée pour les 2 500 brasseries du pays. D’après Magali Filhue, leur déléguée générale, ces mesures sont un « leurre » en matière de prévention. Seule la prévention ciblée, argumente-t-elle, pourrait vraiment influencer les comportements de consommation, et surtout sans transformer la bière en produit de luxe.
Au-delà de la menace sur les prix, c’est aussi l’impact sur l’emploi qui effraie la filière. La brasserie française représente plus de 130 000 postes, un véritable poumon économique pour de nombreuses régions, en particulier dans le secteur touristique. Si les petites brasseries ferment les unes après les autres, c’est toute une chaîne qui en pâtit : les producteurs de houblon, les distributeurs, les bars et bien sûr, les consommateurs.

« Nos brasseries ne peuvent pas être sacrifiées pour renflouer les caisses publiques », martèlent les Brasseurs de France. Selon eux, cet impôt ne fait que fragiliser un peu plus le secteur, sans même garantir de vraies avancées en matière de santé publique. Au lieu de gonfler les taxes, ne pourrait-on pas plutôt alléger le millefeuille administratif ? Ou permettre aux artisans de vendre leur production comme bon leur semble, à l’instar des vignerons ? Ce n’est pas encore gagné, car même le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, connu pour son amour des boissons locales, n’a proposé qu’une poignée d’amendements allant en ce sens.
Une prévention à la carte
Quant à la ministre de la Santé, Geneviève Darrieussecq, elle reste persuadée que la taxe est bénéfique : d’après elle, il s’agit d’une question de santé publique et de prévention des addictions. Elle assure que cette taxe vise les sucres transformés et ne devrait pas pénaliser les artisans. Une nuance qui passe mal pour ceux qui voient déjà la facture monter.
Du côté des députés, c’est la valse des amendements : vendredi dernier, plus de 2 200 propositions de modifications ont été déposées, dont certaines visent à alléger la pression fiscale sur la bière. Mais la commission a déjà rejeté la majorité des propositions, et le débat continue dans l’hémicycle cette semaine. Bref, tout ça risque de nous faire mousser encore un bon moment.
Si certains se frottent déjà les mains devant les recettes fiscales promises, les brasseurs, eux, croisent les doigts pour que leurs voix portent dans les débats. Dans l’attente d’un dénouement favorable, les amateurs de bière pourraient bien voir leur demi tourner vinaigre. Alors, on trinque ou pas ? Mieux vaudrait peut-être trinquer, cela pourrait être la dernière tournée avant la mise en bière…
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