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Intelligence Artificielle : STAR, accoucheur de l’impossible




Rosie a mis 19 ans à tomber enceinte. Pas faute d’avoir essayé : 15 FIV, des valises de piqûres, des montagnes russes hormonales et un moral à l’envers. Puis un beau jour de mars 2025, bim : test positif. Grâce à quoi ? Non pas au yoga lunaire, ni à une tisane de yack tibétain, mais à une Intelligence Artificielle baptisée STAR. Une machine capable de détecter les spermatozoïdes les plus planqués de l’univers. Un miracle technologique digne d’un épisode de Grey’s Anatomy version SpaceX

L’infertilité, c’est un peu le tabou de la parentalité moderne. On en parle moins qu’un coup de fatigue testiculaire, et pourtant, elle concerne un couple sur sept. Dans 40 % des cas, c’est monsieur qui est en cause. Et dans 10 % de ces cas masculins, c’est le niveau ultime du jeu : l’azoospermie. Pas une petite panne de bonhomme à flagelle, non. Zéro spermatozoïde détectable dans l’éjaculat. Le désert de Gobi dans un pot en plastique.

C’est là que le cauchemar commence. Les médecins regardent les échantillons au microscope comme des chercheurs d’or dans une rivière asséchée. Pas une bestiole à l’horizon. Jusqu’à présent, les couples concernés n’avaient guère de choix : s’en remettre au don ou se résigner. Et puis un jour, une étoile a filé dans le ciel new-yorkais.

STAR : Sperm Track and Recovery, ou comment la techno dégaine plus vite que son ombre

Au Columbia University Fertility Center, le Dr Zev Williams a eu une idée lumineuse : et si on s’inspirait de l’astronomie pour traquer les spermatozoïdes comme on traque les étoiles ? Après tout, les astrophysiciens utilisent déjà l’IA pour repérer des planètes invisibles. Pourquoi pas des spermatozoïdes ?

Cinq ans plus tard, STAR était né : Sperm Track and Recovery, ou « récupération et pistage de spermatozoïdes » pour les bilingues de laboratoire. Ce n’est pas un sabre laser, mais presque. STAR scanne 8 millions d’images en une heure, repère les gamètes fugueurs avec une précision intergalactique, et les isole sans produit chimique. Pas de traitement lourd, pas de manipulation risquée. Juste une IA, une puce microfluidique et un grand espoir.

Un échantillon que des embryologistes avaient épluché deux jours durant sans rien trouver. STAR, lui, a repéré 44 spermatozoïdes en une heure. Sans transpirer. Les embryologistes, eux, ont transpiré.

Rosie, 38 ans, enceinte après 15 tentatives : l’IA comme déclencheur d’hormones

Revenons à Rosie, 38 ans, New-Yorkaise, et désormais enceinte de quatre mois. Son mari souffre d’azoospermie. Ils ont tout tenté : chirurgies, diagnostics à l’étranger, lectures ésotériques de courbes de température… jusqu’à la saturation. Le couple s’était résolu à l’échec, leur foi orthodoxe comme seul soutien.

C’est par un groupe communautaire qu’ils entendent parler du Dr Williams et de son projet fou. Un dernier espoir, un « ça passe ou ça casse ». Mais cette fois, pas de chimie agressive, pas de méthode alambiquée. Juste STAR. La machine détecte les quelques spermatozoïdes actifs du mari, les isole, et hop : fécondation classique. Transfert embryonnaire. Attente fébrile. Deux jours plus tard : test positif.

« J’ai regardé le bâtonnet comme on regarde un mirage dans le désert », raconte Rosie. Depuis, chaque échographie est un shoot d’irréalité. « Je ne réalise pas. Je ne crois qu’aux images », dit-elle. Elle ne parle pas d’un rêve, mais d’une éclipse qu’on n’ose pas fixer.

Un ovule, des étoiles, et l’espoir en ligne de mire

Pour les initiés, la procédure n’a rien de révolutionnaire… sauf que si. Habituellement, dans une FIV, les spermatozoïdes débordent comme du jus de cornichon. Là, c’est l’inverse : à peine quelques nageurs pour une mer d’ovocytes. STAR a permis de récolter suffisamment de spermatozoïdes pour tenter le coup. Un peu de frais, un peu de congelé – au cas où – et le transfert a été lancé.

Et si on en croit Rosie, c’est la première fois que l’informatique lui file autre chose que du stress et des publicités pour des poussettes avant l’heure.

L’IA : nouvelle sage-femme du XXIe siècle ?

Ce n’est qu’un début, selon le Dr Williams. L’azoospermie n’est qu’un pan de l’infertilité. Demain, STAR pourrait être rejoint par des collègues de circuit imprimé capables de repérer les ovocytes de meilleure qualité, les anomalies d’implantation, ou les causes invisibles des échecs répétés.

« Il y a encore des choses qu’on ne voit pas. L’IA nous ouvre les yeux », dit Williams. Ce n’est pas Matrix, mais presque. La machine ne remplace pas l’humain. Elle lui offre un microscope augmenté, un regard neuf, un coup de main qui ne tremble pas à 2 h du matin.

Et en France, docteur ?

À l’heure où j’écris ces lignes depuis mon cabinet — qui sent la lavande et le café réchauffé —, je vois déjà poindre la question : et chez nous ?

Pour l’instant, STAR n’a pas encore traversé l’Atlantique. Mais les cliniques observent, prennent des notes, lèvent un sourcil prudent. La législation française, très attentive aux usages de l’IA dans la santé, avance au pas d’un sénateur enrhumé, mais avance quand même.

Demain, on peut rêver de centres de PMA équipés de mini-télescopes cellulaires. Et pourquoi pas d’une mutuelle qui rembourse l’opération sans devoir vendre un rein ?

L’espoir fait ovuler

Rosie, elle, attend un bébé. Le premier du monde conçu grâce à une IA détective de spermatozoïdes. Ce n’est pas une histoire de science-fiction, c’est une grossesse en cours. Un test positif dans un monde souvent négatif. Et pour tous ceux qui enchaînent les piqûres, les échecs, les « et si », les silences en salle d’attente… c’est une lumière au bout du col de l’utérus.

L’enfant naîtra cet été. On lui souhaite des nuits calmes, des biberons tièdes et des parents émerveillés. Quant à STAR, il est déjà en orbite, prêt à éclairer les zones d’ombre de la fertilité humaine. Comme quoi, parfois, ce n’est pas Cupidon qui vise juste… mais une IA bien codée.

Ordonnance du jour
Pour toute envie de parentalité en galère : 1 dose de science, 2 cuillères d’humour, 1 IA bienveillante, à prendre sans modération. Contre-indiqué en cas de rejet du progrès ou de mauvaise foi chronique. À renouveler dès que l’espoir tousse un peu.

À la semaine prochaine pour un nouveau bulletin de santé mentale et physique du Dr Osasuna. Avec ou sans stérilet, mais toujours sans langue de bois.

Source: https://time.com/7291154/doctors-report-first-pregnancy-new-ai-procedure/

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