Ils troquent la prise pour la pompe : quand la voiture électrique laisse en rade




Les voitures électriques n’en finissent plus de faire des étincelles. On nous l’a vendue comme la promesse d’un monde plus vert, plus propre… mais aussi, pour certains, plus compliqué. Avec leurs contraintes et leurs coûts cachés, elles laissent certains conducteurs sur le bord de la route – ou plutôt, de retour à la pompe ! Alors que la transition énergétique occupe le devant de la scène, une poignée d’électromobilistes déçus prend la route à contre-courant. Ils troquent leur Model Y ou leur ZOE pour une bonne vieille voiture à essence, moins branchée mais plus prévisible. Petit tour des déboires de l’électrique et des désillusions sur batterie

Il y a d’abord ce rêve d’un monde sans bruit de moteur ni fumée au pot d’échappement, vendu à grands coups de slogans verts. Pourtant, entre promesses et réalité, le fossé se creuse. Certes, conduire électrique a ses charmes : démarrages silencieux, pas de CO₂ local… Mais pour certains, les petits inconvénients deviennent de véritables boulets. En cause, ces fameuses bornes de recharge qu’on nous promet à tous les coins de rue mais qu’on attend toujours… ou bien ce temps d’attente pour refaire le plein, bien plus long que les cinq minutes passées à la pompe. Les chiffres sont là : pour 30 minutes de charge, votre batterie peut à peine tenir deux heures, surtout si vous poussez sur l’accélérateur. Et que dire de la panne sèche au beau milieu d’une autoroute, faute d’une borne à l’horizon ? C’est dans ces moments-là que le retour à l’essence commence à séduire.

Il y a de l’électricité dans l’air…

Prenons Christophe, cadre dynamique, qui avait troqué son essence contre une Tesla Model Y flambant neuve. Si au début, tout allait bien avec sa Tesla garée devant l’immeuble, il a rapidement déchanté. Pas de recharge à domicile et le seul Supercharger à des kilomètres de chez lui. Résultat : Christophe s’est retrouvé à faire des pauses imposées de 35 minutes, deux ou trois fois par semaine, entre deux rendez-vous, juste pour avoir assez de jus pour tenir ses trajets. Un emploi du temps qui ne laissait pas de place aux aléas du tout-électrique, et voilà Christophe retourné chez son concessionnaire pour un modèle… à essence ! Entre les pannes, les pauses et les surcoûts, son amour pour l’électrique a fondu plus vite que la batterie en hiver.

Autre exemple : Jeanne, restauratrice qui, elle aussi, pensait faire des économies avec l’électrique. Mais après quelques mois, elle s’est vite retrouvée en rade plus souvent qu’à la station. Avec la hausse des prix de l’électricité et une facture de recharge plus salée que prévu, son espoir d’un véhicule rentable est tombé à l’eau. Là encore, retour à la pompe.

Chargez-moi cette batterie… ou pas !

La patience est une vertu, dit-on, mais pas toujours quand il s’agit de faire le plein d’électrons. Imaginez : en pleine route, vous vous arrêtez pour brancher votre bolide, et là, c’est 30 à 45 minutes de pause, facile. Ajoutez à cela la disponibilité aléatoire des bornes. Entre celles qui ne marchent pas, celles déjà occupées et celles où vous avez besoin d’une carte d’abonnement spéciale… les kilomètres pour trouver une borne de secours finissent par coûter plus cher qu’un plein d’essence !

Pour les plus courageux qui tentent l’installation d’une borne chez eux, c’est encore un autre casse-tête. Frais d’installation, abonnement à l’électricité qui grimpe… et même là, on est loin de la simplicité d’un passage à la pompe. Et même pour ceux qui ont les moyens d’installer la fameuse borne, reste la question de la rapidité de charge. La voiture peut mettre de six à douze heures pour se recharger entièrement… donc si vous avez oublié de la brancher la veille, il faudra peut-être songer à prendre le bus !

Alors, oui, l’État vous aide, le coût au kilomètre est moins élevé qu’avec l’essence, mais les coûts cachés sont légion. Entre le prix d’achat plus élevé, les dépenses de maintenance en cas de panne (et oui, réparer une batterie, c’est aussi cher qu’un cœur artificiel), et le prix de l’électricité qui grimpe, le calcul n’est pas aussi vert qu’il en a l’air.

D’ailleurs, même sur l’aspect écologique, l’affaire n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. Fabriquer une voiture électrique, c’est un peu comme se jeter dans une usine chimique : les ressources nécessaires pour extraire le lithium, le cobalt et le nickel sont aussi vertes que du charbon. Un cycle de production moins visible en Europe, mais bien réel, et une empreinte écologique parfois aussi lourde qu’une voiture thermique. Pour Matthew Avery de Thatcham Research, la durabilité des batteries est un autre point noir : après un accident même mineur, les batteries des véhicules électriques sont souvent bonnes à jeter – à un prix exorbitant.

Des galères écologiques… et des limites pour le recyclage

L’aventure électrique, c’est aussi un défi de recyclage qui risque de nous tomber dessus comme une épave en fin de vie. Recycler les batteries est complexe, et les solutions actuelles sont loin de répondre à la vague d’électromobilité qui s’annonce. Pour les batteries endommagées, inutilisables ou hors d’usage, on est encore loin d’une économie circulaire : soit elles finissent en décharge, soit elles font gonfler les primes d’assurance. C’est le serpent qui se mord la queue, avec des coûts qui finissent dans la poche du consommateur.

La technologie avance, mais en attendant, on se retrouve avec un parc de voitures électriques difficiles à recycler et avec des matériaux hautement toxiques à gérer. Entre ça et les énergies renouvelables, c’est le casse-tête : solaire, éolien, voitures électriques… Autant de promesses qui font rêver mais qui, pour le moment, laissent surtout entrevoir des défis de taille en matière de gestion et de durabilité.

Paroles, paroles, paroles…

En 2024, l’électrique continue d’attirer, avec des offres qui se multiplient, des designs futuristes, des primes vertes alléchantes. Mais malgré tout cela, certains automobilistes font demi-tour et retournent aux bons vieux moteurs thermiques, sans borne et sans prise. Dans un monde idéal, les infrastructures suivent, les recharges sont instantanées, et les voitures, légères comme une plume, se rechargent en un clin d’œil. Mais dans la réalité, on en est encore loin.

Ce choix à contre-courant montre qu’on n’est peut-être pas tous prêts à brancher l’avenir de nos déplacements. L’option thermique n’a pas dit son dernier mot – et pendant ce temps, ceux qui repassent à l’essence retrouvent avec un brin de nostalgie le ronron rassurant du moteur. Pour eux, l’important, c’est de pouvoir rouler, sans se poser de questions.


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