Hugues Oyarzabal, l’âme libre du free surf, a pris sa dernière vague




Il y a des mecs qui ne surfent pas juste des vagues, mais qui surfent la vie. Hugues Oyarzabal était de ceux-là. Un électron libre de la planète glisse, un baroudeur du swell, un artiste du tube. S’il existait un passeport pour la nationalité “Océan”, il l’aurait eu tamponné sur chaque page. La nouvelle de son départ a déferlé comme une houle XXL sur le monde du surf. Un set de tristesse, puissant, long, sans fin. De Biriatou à Bali, de Parlementia à Desert Point, les hommages pleuvent pour ce goofy fou de vagues, pionnier du free surf et des vidéos embarquées bien avant que tout le monde ne s’accroche une GoPro sur la tête

Né en 1986, formé sur le sable d’Hendaye, Hugues a vite compris que la terre ferme, c’était sympa, mais que l’eau salée, c’était mieux. À 16 ans, au lieu de faire des exposés sur la tectonique des plaques au lycée, il a pris la direction de l’Australie, histoire d’étudier la formation des vagues… en conditions réelles.

Son truc à lui, c’était le surf sans contraintes, sans lycra, sans notes de juges. Le free surf, le vrai. Tester tout, partout, tout le temps : un single fin à Lafitenia, un air reverse sur un beach break landais, une bombasse à Guéthary, une raclée à Belharra… Pas de routine, pas de barrière, juste un amour absolu pour la glisse.

Toujours en quête du Graal

Hugues, c’était aussi un obsédé du barrel, ce moment parfait où le surfeur disparaît derrière la lèvre avant de ressortir comme un fusil à eau sous pression. Cette quête l’a mené jusqu’en Indonésie, son paradis personnel. Desert Point, Padang Padang, G-Land… Il connaissait les spots comme d’autres connaissent leur code de carte bleue.

Là-bas, il s’est fondu dans la culture, au point d’adopter le prénom Wayan. Et comme il aimait les mystères, il a combiné ses initiales avec son prénom indonésien pour devenir WHO. Un pseudo énigmatique pour un surfeur insaisissable.

Avant que YouTube ne déborde de vidéos POV à la sauce influenceur, Hugues était déjà là, caméra vissée sur la tête, à capturer l’essence du surf. Son style, c’était du DIY pur et dur : filmer, monter, diffuser.

Et ça a payé. En 2012, sur la scène d’Hawaï, devant les légendes du surf, il reçoit des mains de Kelly Slater le tout premier GoPro Award, récompensant un barrel stratosphérique à Skeleton Bay, en Namibie. Un moment gravé dans l’histoire de la glisse et une reconnaissance mondiale pour ce globe-surfeur touche-à-tout.

Un électron libre à la créativité débordante

Mais Hugues, ce n’était pas juste des tubes et des hacks. C’était aussi une personnalité sans filtre, un mec brut, entier, ultra-actif, parfois ingérable, mais toujours passionné. Il parlait ouvertement de son TDAH, ce moteur intérieur qui le poussait sans cesse à bouger, à créer, à innover.

Sa série de films Peace & Lefts reste encore aujourd’hui une référence. Des images léchées, une narration sans chichi, une immersion totale dans le monde du free surf. Avant que tout le monde ne veuille “vivre l’instant présent”, lui, il le faisait déjà.

S’il y a une chose qui le rendait plus fier qu’un late take-off sur une bombe de Parlementia, c’était sa fille Kailani. La relève est assurée. Aussi à l’aise dans l’eau que son père au même âge, elle perpétue aujourd’hui son amour de l’océan, du voyage, de la liberté.

Hugues a pris sa dernière vague, mais son sillage ne disparaîtra jamais. Tant qu’il y aura des free surfeurs qui rament vers le large sans savoir exactement où ils vont, tant qu’il y aura des types qui refusent les moules (les conventions, pas celles de l’Atlantique), tant qu’il y aura des surfeurs qui mettent plus d’amour que de technique dans leurs virages…

Alors, Hugues sera toujours là.


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