Getaria : le goût du large et l’élégance dans l’assiette




Si l’histoire vous titille le palais autant qu’un bon turbot grillé, embarquez pour Getaria, ce petit port basque qui a plus d’un arôme en bouteille. Cette bourgade du Gipuzkoa, entre mer et montagne, mêle patrimoine salé, culture cousue main et nature sauvage à vous en faire tourner la boussole. Démarrez la Clio RS et on part pour une virée au goût d’aventure, de txakoli et de haute couture !

À Getaria, on ne plaisante pas avec les embruns. Ici, la mer n’est pas un décor de carte postale mais une partenaire de vie, un garde-manger séculaire, une mémoire vivante. Pas étonnant que le héros local soit un marin au long cours : Juan Sebastián Elkano, l’homme qui, en 1522, a fini le premier tour du monde à la barre d’un navire cabossé et d’un équipage digne d’un épisode de Koh-Lanta. À l’époque, Magellan avait lancé la machine, mais c’est Elkano, le gars de Getaria, qui a bouclé la boucle. Autant dire que dans cette ville, les globes, on les troque contre des globicéphales.

Depuis, Elkano est partout : sur les murs, dans les livres, au cœur d’une fondation, et tous les quatre ans, son retour héroïque est rejoué comme un plat traditionnel qu’on ne se lasse pas de mijoter. Un vrai feuilleton historique qui rappelle que les Basques ont toujours eu le pied marin et le compas dans l’âme.

San Antón, la souris qui a du mordant

Face au port, la “souris de Getaria” (El Ratón, pour les intimes), n’a rien d’un rongeur discret. Cette ancienne île rattachée au continent forme une presqu’île spectaculaire. Plutôt que de la chasser, les Getariar l’ont apprivoisée, en ont fait un terrain de jeu pour promeneurs contemplatifs et un perchoir idéal pour les oiseaux marins. Une montée douce, un souffle iodé, et vous voilà au sommet du phare, les yeux rivés sur la mer, le cœur gonflé d’embruns. Et si vous écoutez bien, vous entendrez peut-être les échos d’une époque où les baleines fréquentaient la côte plus souvent que les surfeurs.

La baleine, c’est un peu le poisson d’or de Getaria. À tel point qu’elle orne encore les armoiries de la ville. Pendant des siècles, elle fut la proie préférée des marins du cru. Jusqu’à ce jour de 1878, où la dernière fut capturée, mettant un terme à une saga maritime qui a plus de chair que de blubber. Aujourd’hui, c’est à l’aquarium de Donostia que repose son squelette, tandis que le port s’est reconverti avec brio dans la pêche à la sardine, à l’anchois, et au marin sénégalais. Car oui, ici, la mondialisation a un goût de garum et une odeur de sardine fraîche. Getaria n’a jamais tourné le dos au monde : elle l’a toujours cuisiné à sa sauce.

Txakoli : la vigne en goguette

Qui dit poisson, dit vin. Et à Getaria, on ne boit pas n’importe quelle piquette. Le txakoli, c’est le blanc local qui fait des vagues. Légèrement perlant, acidulé comme un bon mot, il se sirote frais, face à la mer, ou mieux encore, dans les vignes en terrasse qui épousent les collines environnantes. Les bodegas comme Ameztoi, Gaintza ou Txomin Etxaniz sont des escales incontournables pour tout œnophile qui se respecte. On y parle de vendanges en pente raide, de microclimat bienveillant et de levures indigènes comme d’autres parlent de poésie. Et à la fin, on trinque à Elkano. Parce que même les marins ont droit à leur cru.

Ici, le turbot n’est pas un poisson : c’est un monument. Une divinité marine qu’on sacrifie avec soin sur le gril. À Getaria, la cuisson au charbon est une religion et les restaurants du port, ses temples. Chez Elkano (oui, encore lui), on vous le prépare en filets séparés, avec une précision d’horloger suisse. Chez Kaia-Kaipe, on le sert avec vue panoramique et cave vertigineuse. Et si vous êtes d’humeur sablonneuse, Balearri vous tend ses transats sur la plage de Markobe, pour une sardine grillée et un verre de txakoli les pieds dans le sable. Bonheur simple, mais cuisson parfaite.

Cristóbal Balenciaga : le couturier qui habillait les tempêtes

Mais Getaria, c’est aussi une autre forme d’élégance. Celle d’un homme qui a cousu sa renommée à la main : Cristóbal Balenciaga. Né ici-même en 1895, le “conquistador de l’élégance française” a taillé son chemin depuis les salons cossus de la noblesse basque jusqu’aux podiums parisiens. Sa mère l’habillait déjà pour l’avenir ; lui, a habillé les femmes du monde entier avec une rigueur de sculpteur.

Son musée, perché dans l’ancien palais des Casa Torres, marie béton contemporain et mémoire aristocratique. On y admire des robes comme des cathédrales de soie, des manteaux comme des architectures de silence. Jusqu’au 8 mai, l’expo “Balenciaga et le chapeau” explore cet accessoire si souvent ignoré, pourtant essentiel à l’équilibre d’un look. À croire qu’à Getaria, même les couvre-chefs ont droit à leur pèlerinage.

Visiter le musée Balenciaga, c’est goûter à une autre forme de voyage. Un périple dans le monde du beau, du précis, de l’intemporel. On en ressort un peu plus droit, un peu plus inspiré, et avec une furieuse envie de chapeau. C’est tout l’art de Getaria : passer du large à la dentelle, de la sardine au satin, du filet de pêche au fil de soie.

Un air de vacances éternelles

Et pour digérer tout ça ? Une petite sieste sur la plage de Malkorbe, bercé par le clapotis des vagues et les cris de mouettes polyglottes. Ou bien une session surf sur Gaztetape, où les vagues ne se prennent pas au sérieux, mais savent se faire respecter. Le soir venu, on pose ses valises dans des cocons de charme : Iturregi et ses vignes enrobeuses, Saiaz et ses murs gothiques, LUR et ses apparts design où mijoter ses souvenirs de marché.

Getaria, c’est une bouchée d’histoire, une lampée d’océan, un bouquet de vigne et une coupe de tissu. Une escale cousue main, qui ravira les explorateurs du goût comme les capitaines de culture. On y vient pour le turbot, on y revient pour le txakoli. On y passe pour Elkano, on y reste pour Balenciaga. Car ici, le monde a commencé par un tour… et se termine souvent autour d’une bonne table.


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