S’il y avait une équipe de football dédiée aux blagues, elle s’appellerait probablement la Roja du Pays Basque. Imaginez, plus de la moitié de l’équipe espagnole qui a terminé la demi-finale contre la France était composée de joueurs de la Real Sociedad et de l’Athletic Bilbao. C’est comme si ces deux clubs avaient décidé de se lancer dans un concours de “qui peut fournir le plus de stars à l’équipe nationale“. Et ils sont en tête du classement, sous la direction de Luis de La Fuente, un enfant du cru qui connaît bien le terrain de jeu
Peio Sarratia, l’ancien cadre technique des Pyrénées-Atlantiques, a refait les calculs. Lors de la demi-finale de l’Euro à Munich, six des onze joueurs sur le terrain à la fin du match venaient tous du Pays Basque. Un autre joueur a fait une apparition en fin de partie, et un huitième, habituellement titulaire, était suspendu.
Une équipe qui colle aux basques
Même si Didier Deschamps et Antoine Griezmann ont manqué leur coup, il y aura un coin d’Euskadi sur le terrain dimanche, lors de la finale à Berlin contre l’Angleterre. Unai Simon, Dani Vivian, Nico Williams, Alex Remiro, Robin Le Normand, Martin Zubimendi, Mikel Merino, Mikel Oyarzabal et Aymeric Laporte, tous auront leur nom sur la feuille de match. Soit 35 % de l’équipe menée par Luis De La Fuente, ce défenseur de Bilbao devenu entraîneur national. Peio Sarratia le décrit d’ailleurs comme “un joueur de club sympathique et sans prétention“.
Le phénomène basque n’est pas une nouveauté : en 1982, sept joueurs basques étaient sélectionnés pour la Coupe du Monde. En 1984, six joueurs basques faisaient partie de l’équipe battue par la France de Platini en finale de l’Euro. Cependant, c’est un retour en force pour la Real Sociedad et l’Athletic Bilbao, qui brillent de nouveau dans le top du football espagnol. La Real Sociedad s’est installée dans le top 6 depuis 2020 avec une victoire en Coupe du Roi, et l’Athletic Bilbao, cinquième en Liga cette saison, a également remporté la Coupe.
Tiki-taka et talo-txistorra
Le renouveau basque, on le doit en partie à la formation. Inaki Saez, ancien joueur de Bilbao, avait imposé le tiki-taka, un style de jeu caractéristique des équipes nationales de jeunes. Aujourd’hui, la Real Sociedad maîtrise ce style mieux que quiconque, selon Peio Sarratia. La Roja, avec les éclairs de génie de Nico Williams, né à Pampelune mais formé à Bilbao, montre une palette de jeu diversifiée. On imagine bien les joueurs savourant des talo-txistorra après chaque entraînement.
La tradition des gardiens basques est également maintenue. Après des légendes comme Iribar, Arconada, Zubizarreta, et plus récemment Kepa Arrizabalaga, c’est maintenant Unai Simon qui garde les cages, avec Alex Remiro en doublure. Bilbao est une école extraordinaire pour les gardiens d’après Peio Sarratia. On se demande s’ils ne mettent pas des parades à la place des bonbons dans les piñatas locales.
La nouveauté, ce sont deux défenseurs français, Aymeric Laporte et Robin Le Normand, qui ont été façonnés par les centres de formation basques. Initialement désireux de jouer pour la France, ils ont répondu à l’appel de l’Espagne. Le Normand est un défenseur très solide, typique des Basques. Peut-être que la France devrait songer à ouvrir une ambassade spéciale au Pays Basque, histoire de récupérer quelques talents.
Ainsi, le Pays Basque est devenu la nouvelle botte secrète de la Roja, prouvant que parfois, le football est bien plus qu’un jeu de pieds, c’est aussi une affaire de cœur et d’identité. Alors, dimanche, préparez les pintxos, ça risque d’être explosif sur le terrain !