Festival Biarritz Amérique Latine 2025 : Zoom sur le « Latino »




Y a des festivals qui se la racontent, tapis rouge, tailleurs qui brillent et flashs qui te grillent la rétine comme un mauvais néon de vidéoclub. Et puis y a Biarritz Amérique Latine, le “Latino” comme l’appellent les habitués : une grande kermesse cinéphile où ça parle espagnol, portugais et argot local, où ça sent le maïs grillé, les mojitos à deux balles, et où ça projette du cinéma qui envoie du lourd, du vrai, du brut. Pour sa 34ᵉ édition, du 20 au 26 septembre 2025, la cité basque déroule son écran XXL, et pas question de zapper le rendez-vous : ici, chaque film est un ticket aller simple pour un autre monde, avec supplément groove latino

Trois compét’ au compteur : longs-métrages, courts-métrages et documentaires. Bref, de quoi se gaver d’images comme un binge de VHS dans une cave humide. Plus de 60 films, pour la plupart inédits en France, des pépites venues du Brésil, d’Argentine, du Mexique ou de Colombie. Et à la clé, le Graal, le Saint Graal de Biarritz : l’Abrazo, ce prix qui colle plus fort qu’un plan séquence de Scorsese et qui file la banane à tous les lauréats. Jury de pros aux manettes, critiques affûtés et regards affamés : pas de passe-droit, ici c’est “Cut !” ou rien.

Et comme si ça suffisait pas, cette année, le gros plan est mis sur les migrations. Un thème pas piqué des hannetons, un scénario que même Hollywood n’oserait pas simplifier. Du déplacement rural aux exodes continentaux, des familles qui partent, des souvenirs qui restent, bref : un travelling collectif qui traverse le continent. Des histoires vraies qui te collent une claque plus violente qu’un jump scare mal placé. Et le tout filmé avec l’œil et le cœur.

Le Village : la vraie salle des fêtes

Mais le Latino, c’est pas que du cinéma. C’est aussi le Village, posé tranquille face à l’océan, ouvert de 9h à 2h du mat’, histoire de rappeler à tout le monde que le cinéma, ça se vit jour et nuit. Ici, pas besoin de ticket d’entrée : tu débarques, tu te poses, tu papotes avec des réalisateurs, tu mates des expos, tu te tapes un concert gratos sous les étoiles, et t’as même le Conversatorio, une sorte de bistrot intellectuel où ça cause migration, littérature et caméras sur fond de cliquetis de verres. Une ambiance plus chaleureuse que la salle d’attente d’un multiplexe un mardi pluvieux.

Côté sons, c’est la fiesta : tango qui chaloupe, samba qui décolle, reggaeton qui tabasse, salsa qui met tout le monde d’accord. T’as envie de danser entre deux débats sur le réalisme magique ? Pas de problème, la piste est ouverte. Le line-up 2025 envoie du bois : Moscato y El Viejo pour la soirée tango du 21, Prettos & Fabiana Cozza pour la samba endiablée, et une ribambelle de musiciens qui transforment Biarritz en Rio improvisé. Et pour les petites faims : bar, bouffe et ambiance de cantine de cinéphiles affamés.

Bal-Lab : quand les pros passent en mode making-of

Derrière la caméra, ça bosse aussi. Le festival, c’est pas juste des projections et des applaudissements. C’est aussi un labo géant, le BAL-LAB, où producteurs, distributeurs et créateurs causent gros sous, coproductions et résidences. Depuis 2018, c’est devenu le coin backstage du festival : un peu comme les bonus DVD, mais en version vivante et en chair et en os. Ça discute projets, ça magouille un peu (dans le bon sens du terme), et ça prépare les films de demain. Bref, ça turbine dans l’ombre, pour qu’on ait encore des pépites à mater dans quelques années.

Depuis 1979, le Latino trace sa route comme un western sans fin. Plus de trois décennies à balancer des plans larges sur l’Amérique du Sud, des gros plans sur ses réalisateurs, et des dialogues intenses entre cultures. C’est devenu un rendez-vous immanquable : même les locaux qui pigent pas un mot d’espagnol viennent s’y poser, juste pour l’ambiance. Parce qu’ici, le cinéma, c’est pas élitiste : c’est une grande projection partagée.

Et pour la 34ᵉ édition, on sort le grand jeu : un palmarès décalé (carrément séparé de la soirée de clôture, histoire de pas bâcler la remise des prix), avec une orgie de courts-métrages délirants. Stop motion, fables fantastiques, provoc’ en tout genre : bref, un feu d’artifice en format mini. Et comme dirait Hitchcock : “La durée d’un film devrait être proportionnelle à la résistance de la vessie humaine.” Ici, même les courts-métrages prennent ça au pied de la lettre.

Clap de fin

Alors voilà : du 20 au 26 septembre 2025, Biarritz se transforme en salle obscure à ciel ouvert, en dancefloor enflammé, en forum d’idées. C’est le seul festival où tu peux enchaîner un débat universitaire sur la migration, une caïpirinha au Village, un film brésilien inédit, et un tango collé-serré en bord de mer. Un blockbuster grandeur nature, mais sans super-héros en collants.

Un conseil : mate pas ça en streaming sur Insta, viens en vrai. Parce que le Latino, c’est pas qu’un festival, c’est une expérience, un plan-séquence collectif qui se vit en grand angle. Et comme au cinéma : si t’arrives en retard, tu loupes le début.


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