Apprendre l’euskara, c’est comme plonger dans un bain de piperade : ça peut piquer un peu au début, mais une fois qu’on s’y met, impossible de décrocher ! Encore faut-il avoir avec qui papoter… et c’est bien là tout le trikitraka. Les Basques le savent : parler l’euskara, c’est bien, mais parler l’euskara avec quelqu’un, c’est mieux. Or, entre les aita-ama qui n’osent pas, les seme-alaba qui répondent en français et les voisins qui vous regardent comme si vous récitiez une incantation magique, il y a encore du boulot pour faire de l’euskara une langue du quotidien. C’est là que débarque Famili’in Egonaldia (à prononcer avec l’accent du coin), un projet linguistique qui vise à injecter un peu d’euskara dans les chaumières, et pas qu’une petite goutte : une immersion totale
« Euskara ez da eskolarako bakarrik ! » (Le basque, ce n’est pas que pour l’école !) Voilà le constat d’Eneko Gorri, du collectif Plazara, et de tous ceux qui défendent une langue vivante, pas juste une matière à bachoter entre deux dictées. Car le problème, ce n’est pas le manque d’intérêt : selon les enquêtes sociolinguistiques, les Basques du Nord aiment leur langue et veulent l’utiliser. Mais entre la peur de mal faire, le manque d’occasion et l’angoisse existentielle devant un serveur qui répond automatiquement en français, pas facile de sauter le pas.
D’où l’idée d’un stage intergénérationnel et transfrontalier : des parents, des enfants, des activités, et surtout du basque à toutes les sauces ! Deux séjours de cinq jours sont prévus en avril et en mai, histoire de mélanger les générations et les territoires. Entre une amatxi de Garazi, un petit de Bayonne et un ado de Bilbao, les échanges promettent d’être aussi riches que les txingar eta talo du marché.
Famili’in Egonaldia : quand le basque prend ses quartiers en famille
Alors, comment ça marche ? Le matin, pendant que les adultes apprennent à dire autre chose que Eskerrik asko, les enfants s’éclatent avec des jeux en basque. L’après-midi, tout ce petit monde se retrouve pour des activités communes, histoire d’éviter le fameux syndrome du « Oui, mon fils parle basque, mais moi je comprends rien ! ».
Côté programme, ça sent bon la découverte et la transmission. Imaginez-vous en train d’apprendre à dire “Attrape ce thon” en basque pendant une sortie pêche, ou de préparer une gâteau basque battle où il faudra argumenter en euskara pourquoi la crème, c’est mieux que la confiture. Et le soir ? Animations tout public, parce que l’euskara, c’est aussi fait pour chanter, raconter des histoires et se marrer entre générations.
Iparralde, Hegoalde : la langue sans frontières
L’un des gros atouts du projet, c’est son côté itinérant et transfrontalier. On commence en Soule et en Basse-Navarre, où l’euskara est encore bien vivant (47,5 % de locuteurs), puis on file vers la côte, où il est en mode survie (8,4 % à Bayonne-Anglet-Biarritz, autant dire que les arrantzale d’antan en pleurent dans leur marmitako).
Pour financer cette belle aventure, plusieurs institutions ont mis la main au portefeuille. La Communauté d’Agglomération Pays Basque (CAPB) et l’Eurorégion ont allongé 45 000 euros au total, et même nos cousins du Sud – le Gouvernement de Navarre et la Députation de Guipúzcoa – ont sorti le diru.

Le but ? Construire des ponts entre les Basques des deux côtés de la frontière, et pas seulement pour aller chercher des patxaran moins chers en Espagne. Un vrai échange culturel et linguistique, où chacun pourra découvrir les traditions et modes de vie de l’autre, sans avoir à parler espagnol ou français pour se comprendre.
Une expérience taillée sur mesure
Après un an de préparation, deux formules sont proposées :
- Un séjour pour les bascophones aguerris (B1-B2) : cinq jours et quatre nuits entre Baigorri et Lesaka, avec des sessions poussées pour perfectionner son basque sans tomber dans le piège du « Nola esaten da déjà ? » (Comment on dit déjà ?).
- Un stage pour les niveaux intermédiaires (A2) : cinq jours et une nuit entre Arbona et Orio, avec un apprentissage plus progressif, histoire d’éviter la surchauffe cérébrale au bout de trois verbes irréguliers.
Le tout limité à 20 familles par session, avec des enfants de 3 à 11 ans (au-delà, on les laisse avec leurs copains ado qui trouvent tout gogorra – dur).
Niveau tarif, on est sur une fourchette de 300 à 650 euros selon la formule et le nombre d’enfants, tout compris (repas, transport, hébergement, cours, animations, et même le droit de se tromper sans se faire juger).
Apprendre sans stress : le secret de la réussite
Ce n’est pas un secret : pour parler une langue, il faut l’entendre, la pratiquer, et surtout avoir envie. C’est tout l’enjeu de Famili’in Egonaldia : montrer que le basque, ce n’est pas juste un code secret pour anciens résistants ou un folklore réservé aux pastorales.
Le collectif Plazara et ses partenaires ont déjà la tête à l’avenir : si l’expérience fonctionne, l’idée est de la renouveler et de la développer dès 2026. Qui sait ? Peut-être que dans quelques années, on croisera des familles discutant en euskara sans même y penser, du marché de Saint-Jean-Pied-de-Port aux terrasses de Donostia.
Et si vous voulez être de la partie, pas de temps à perdre : les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 15 mars. Vous pouvez contacter AEK au 06.03.20.50.10 ou envoyer un mail à ikastaldi@aek.eus.
En attendant, un petit conseil : commencez à vous échauffer avec un “Bai, nik euskara ikasi nahi dut !” (Oui, je veux apprendre le basque !). Qui sait, ça pourrait bientôt devenir votre nouvelle langue maternelle… ou au moins celle de vos apéros.
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