Vendredi 10 octobre, sur le campus de l’ESTIA à Bidart, il y avait comme une odeur de futur dans l’air. Pas celle du diesel des années 80, non, une fragrance plus légère, presque poétique… celle de l’hydrogène vert, le carburant qui promet de faire tourner le monde sans lui faire cracher ses poumons. L’école d’ingénieurs basque et la société H2GREMM ont officiellement inauguré la première station hydrogène intégrée à un micro-grid en France. Autrement dit, un petit réseau autonome qui fabrique, stocke et utilise de l’énergie renouvelable sans avoir besoin de pomper dans le grand circuit national. Un truc d’ingénieurs, oui, mais pas de savants fous : de vrais chercheurs qui bossent pour que nos enfants roulent sans fumer la planète
Cette station, c’est pas un coup de baguette magique tombé du ciel. C’est le fruit de cinq années de recherche, de neurones en ébullition et de café, ouais celui du distributeur, avalé au litre. Sous la houlette d’Ionel Vechiu, directeur d’ESTIA-Recherche, et avec la complicité de H2GREMM, le projet a vu le jour dans le cadre du programme européen SharedH2 (Interreg SUDOE), épaulé par le pôle de compétitivité SmartPower. L’idée ? Concevoir un démonstrateur capable de produire de l’hydrogène vert, de le comprimer, de le stocker, et de le réutiliser quand le besoin s’en fait sentir. Bref, un petit labo d’avenir qui tourne à plein régime sans mettre la Terre en PLS.
Et pour une fois, c’est pas un truc qui reste coincé dans les papiers ou les PowerPoints : l’installation est opérationnelle. Oui, madame. Elle produit du gaz propre, elle recharge un vélo hydrogène et elle alimente le bâtiment de l’école. De quoi montrer que la transition énergétique, ça peut être du concret, pas juste du blabla de sommet climatique.
Le jour où Bidart s’est branchée sur le futur
L’inauguration avait des airs de fête scientifique. Dans la salle, ça causait électrolyse, rendement énergétique et pile à combustible, mais avec le sourire. Alain Rocheux et Olivier Hautin (H2GREMM) ont déroulé la vision industrielle de l’hydrogène pendant qu’Aline Chabot (SmartPower) a mis les points sur les i du secteur français : « L’hydrogène, c’est pas juste du vent. C’est du gaz qui pèse lourd dans la balance énergétique. »
Puis vint le clou du spectacle : la mise en route en direct de la station, suivie d’une démonstration de vélo à hydrogène signée Pragma Industries. Oui, un vélo ! Pas un tank électrique à 20 000 balles, un vrai deux-roues qui avance grâce à de l’hydrogène, se recharge en deux minutes chrono et file 150 bornes sans broncher. Une bécane qui carbure au propre, sans fumée ni batteries au lithium.
Bref, un vélo qui te fait avancer sans graisser la planète.
Pour ceux qui n’ont pas suivi le film, l’hydrogène vert, c’est un peu le saint graal de l’énergie propre. On le fabrique à partir d’eau et d’électricité renouvelable (solaire ou éolienne), et il ne recrache que de la vapeur d’eau. Autrement dit : tu pédales sans polluer, tu recharges sans culpabiliser, et tu respires un air qui ne sent plus la station-service.
Le démonstrateur de l’ESTIA prouve qu’on peut produire localement de l’énergie et la stocker sans passer par les centrales ou les pétrodollars. C’est un peu comme si Bidart avait installé sa propre mini-centrale du futur : propre, autonome et futée.
Une première française, peut-être même mondiale, car aucune autre école d’ingénieurs ne dispose d’un tel dispositif complet relié à un micro-réseau énergétique. Cocorico basque, donc.
Quand la recherche met les mains dans le cambouis vert
Ce bijou technologique, c’est aussi le résultat d’une belle coopération transfrontalière.
Le projet SharedH2 réunit dix partenaires entre la France, l’Espagne et le Portugal. Trois pilotes sont actuellement en service, celui de Bidart étant le premier à tourner à plein régime. Le but est simple : prouver que l’hydrogène peut être une solution viable de stockage d’énergie dans les zones rurales et les communautés d’autoconsommation. En clair, des villages, écoles ou entreprises capables de produire et consommer leur propre énergie sans passer par le grand bazar centralisé.
Pour Idoia Arauzo, de la Communauté de Travail des Pyrénées (CTP), qui finance une partie du projet, « ce vélo illustre les possibilités qu’offre l’hydrogène : un allié des énergies renouvelables, permettant de stocker les surplus de production et de les utiliser quand c’est nécessaire ». Traduction libre : un carburant qui garde la pêche quand le soleil fait la sieste.
Pendant la démonstration, les badauds ont eu droit à un petit miracle technologique.
Recharge express en 2 minutes pour une autonomie de 150 kilomètres, le genre de ratio qui ferait pâlir n’importe quelle trottinette branchée. Le tout, sans lithium, sans cobalt, sans métaux rares : juste un peu d’eau, d’électricité verte et beaucoup d’ingénierie. Les utilisateurs de Tesla et autres Zoé font grise mine quand on voit qu’ils attendent des plombes pendant que leur carrosse charge…
Le vélo Pragma, c’est l’exemple parfait d’un transfert technologique concret : on part d’un labo, on arrive à un produit qui roule.
Et sans huile, s’il vous plaît. Parce que là, le moteur, c’est de la chimie fine, pas du cambouis.
Sylvain Baudoin, ingénieur de recherche à l’ESTIA et chez H2GREMM, a mené la manœuvre. Sous les applaudissements, il a enclenché la mise en service de la station. La bête s’est réveillée dans un sifflement discret, et hop, le vélo a pris son envol, pardon, sa roue libre, sous un tonnerre d’applaudissements.
Une vraie scène de science-fiction locale, tournée en plein Bidart, sans effets spéciaux ni subventions à rallonge.

Le vert, c’est pas que pour les salades
Derrière cette petite station se cache une grande idée : le micro-grid.
Imagine un mini-réseau électrique, alimenté par du solaire, du vent et de l’hydrogène, capable de fonctionner en autonomie. Pas besoin d’EDF ni de centrale au charbon : ici, tout tourne en circuit court énergétique. L’énergie produite par les panneaux solaires alimente les bâtiments de l’ESTIA, et l’excédent sert à fabriquer de l’hydrogène.
Quand il y a un coup de mou météo, hop, on déstocke le gaz vert et on repart.
C’est le garde-manger énergétique du futur : zéro gaspillage, zéro dette carbone, zéro prise de tête.
Et cerise sur le gâteau basque : la station permet aussi de recharger les vélos hydrogène du campus, histoire de boucler la boucle de la mobilité douce. Pas mal pour une école qui, en plus de former les ingénieurs de demain, montre qu’elle peut rouler propre dès aujourd’hui.
L’hydrogène vert, c’est un peu comme l’huile d’olive du futur : bon pour la santé de la planète, mais encore un peu cher à produire.
Grâce à des projets comme celui de l’ESTIA, la mayonnaise commence à prendre. On apprend à produire local, à stocker malin, à consommer juste.
Et si les grandes industries s’y mettent, c’est toute la chaîne énergétique qui pourrait s’alléger du gras fossile qui nous plombe depuis un siècle.
Parce que oui, la Terre est en surpoids énergétique, gavée de CO₂ et de carburants lourds. Il est temps de passer au régime hydrogène, version allégée mais dopée à l’innovation.
L’école qui envoie du pâté
À Bidart, on ne se contente pas d’enseigner la technologie : on la met en pratique.
L’ESTIA, c’est cette école où les étudiants ne se contentent pas de causer de transition énergétique en amphithéâtre, ils la fabriquent dans le garage.
Entre un micro-grid autonome, une station hydrogène, un vélo qui carbure au propre et un partenariat européen solide, on peut dire que les cerveaux basques tournent à plein régime.
Et sans fumer, s’il vous plaît.
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