Ah, le doux parfum du bœuf bourguignon qui mijote doucement dans une cocotte en fonte… Ou encore celui du baba au rhum, fier de son petit bain alcoolisé ! Que de délices pour les papilles des grands gourmands… Mais soudain, la question se pose : peut-on partager ces festins légèrement “arrosés” avec nos chères têtes blondes sans risquer de les voir tituber après le dessert ?
Soyons honnêtes : la cuisine française adore l’alcool. Le vin rouge qui fait chanter le bœuf bourguignon, le vin blanc qui sublime la sauce de la blanquette, et même le rhum qui fait danser le baba. Bref, l’alcool est partout, même dans votre casserole. Mais quand il s’agit de convier des enfants à la table, les questions fusent : l’alcool s’évapore-t-il vraiment ? Et si oui, à quel moment peut-on leur faire goûter ces chefs-d’œuvre culinaires, sans risquer de les voir lever leur verre en criant “Santé” à chaque bouchée ?
Évaporation ou paaas… hips ?
L’idée que l’alcool s’évapore totalement à la cuisson, c’est un peu comme croire que le Père Noël descend par la cheminée. Une belle histoire, certes, mais la réalité est bien plus nuancée. Oui, une partie de l’alcool s’évapore, mais ce n’est pas comme si, après un coup de chaud à la cocotte, il ne restait plus une goutte. En fait, pour espérer se débarrasser de la majorité de l’alcool, il faut mijoter, mijoter, et encore mijoter. En gros, laissez votre plat faire la sieste sous son couvercle pendant quelques heures. Et même après une cuisson longue, il restera environ 5 % de l’alcool initial. D’accord, ce n’est pas énorme, mais si votre recette prévoyait une bouteille entière de vin rouge, vos petits gastronomes ne seront pas épargnés par ces vestiges alcoolisés.
Si vous voulez jouer la carte de la prudence (et éviter tout incident diplomatique avec les instituteurs), il existe des options plus soft. Plutôt que de vider le fond de votre cave dans le plat, pourquoi ne pas troquer l’alcool contre des alternatives ? Un petit bouillon de bœuf pour remplacer le vin rouge, un jus de raisin pour la sauce au vin blanc, et hop, le tour est joué ! Et pour les amateurs de bière, sachez qu’il existe une version sans alcool, histoire d’éviter les têtes rondes à table.
Bœuf bourguignon et compagnie : à partir de quel âge ?
Le bœuf bourguignon, ce roi du mijoté, peut, en théorie, être proposé à vos enfants… mais pas avant un certain âge. Avant un an, c’est non, et c’est clair comme de l’eau de roche (ou comme une bouteille de schnaps). Passé ce cap, si votre bœuf a passé de longues heures à mijoter, l’alcool s’est en grande partie envolé, laissant juste ce qu’il faut pour titiller les papilles, mais pas assez pour faire tourner la tête à vos petits convives. Attention cependant, si votre plat a simplement frôlé la cuisson rapide ou que l’alcool est ajouté en toute fin de recette (on te voit, le petit flambé !), il y a encore trop de cette divine boisson pour que vos enfants s’en délectent sans risques.
Certains plats, par contre, sont à bannir sans équivoque pour les enfants. Désolé les parents, mais il va falloir garder le baba au rhum pour vous. Eh oui, ce dessert ne se contente pas de baigner dans le sirop : c’est un véritable bain de rhum auquel il a droit. Et inutile de rêver, la cuisson ne vient pas vraiment à bout de l’alcool. Même topo pour les crêpes flambées, les fruits macérés et autres joyeusetés du même genre. Ici, l’alcool reste bien présent, avec ses 40 % de bonne humeur (et de somnolence post-repas). Gardez ces douceurs pour les grandes personnes !
En bref, cuisiner avec de l’alcool pour les enfants, c’est possible, mais il faut faire preuve de bon sens. Tant que la cuisson est longue et bien maîtrisée, un bœuf bourguignon ou une sauce au vin blanc peuvent passer sans problème. Mais pour les plats flambés ou les desserts joyeusement imbibés, mieux vaut garder la recette secrète et déguster ça en mode “réserve parentale”. Et si vraiment vous ne pouvez pas résister à l’envie de faire goûter à vos enfants des plats plus sophistiqués, optez pour les versions sans alcool, ils vous en remercieront (et leur foie aussi, d’ailleurs) !