Site icon baskroom.fr

Chronique du Dr Osasuna : « Légumons, camarades ! »




Mes petits choux, cette semaine, on remet les gants en latex et on plonge les mains dans la ratatouille sanitaire. Sujet du jour : les fruits et légumes. Oui, encore. Mais pas pour les éplucher gentiment — non non. On va les passer à la mandoline critique, car la situation est grave : les carottes ne sont pas encore cuites, mais elles commencent sérieusement à suer du jus d’angoisse

Depuis 2003, l’OMS — l’Ordre Mondial des Saladiers — recommande de se farcir 400 grammes de verdure par jour, soit cinq portions, ce qui, on est d’accord, revient à manger son poids en brocoli chaque semaine. Problème ? Eh ben… y a pas foule au marché. Malgré vingt ans de blabla sur la santé et les bienfaits de mâchouiller de la chlorophylle, les Français ne croquent pas la vie à pleines dents — ils la grignotent en chips.

Pourquoi ? Parce qu’un avocat, c’est trois heures de SMIC. Parce qu’un céleri, ça fait pas rêver quand t’as le frigo vide. Et surtout parce que les slogans “5 par jour”, ça fonctionne moyen quand ton portefeuille hurle famine plus fort que ton estomac.

Choux, salades et désillusions : la réalité sous la feuille

Comme le dit l’ami Serge Hercberg, ex-patron du PNNS (Programme National de Nutrition et de Soupirs) : “on informe, on sensibilise, mais on rame dans la vinaigrette“. Malgré deux décennies de campagnes, les chiffres du diabète et du surpoids font de la gonflette. Et pendant ce temps-là, dans les Hauts-de-France, on mange des pommes de terre tristes parce que les haricots verts bio coûtent un bras et demi.

Le Crédoc confirme : un tiers des Français se privent de ce qu’ils voudraient bouffer, et pas pour faire un jeûne détox sur les conseils d’une influenceuse en jus pressé. La vérité, c’est que la salade est devenue un produit de luxe, et que les jeunes, les pauvres et les étudiants doivent choisir entre une carotte râpée et payer leur pass Navigo.

Et pendant qu’on cause légumes, les multinationales de la malbouffe dansent la samba des marges. La taxe soda ? Oui, elle existe. Mais elle finance autant la santé publique qu’un burger finance la perte de poids. Même le Nutri-Score, ce feu tricolore du frigo, est purement consultatif : c’est comme un gyrophare sans sirène, ça prévient mais ça n’arrête rien.

Fruits, fibres et fantasmes : la révolution ne passera pas par le poireau

Alors on fait quoi, Docteur ? On chiale dans notre soupe miso ? Certainement pas ! Déjà, y’a des résistances qui bourgeonnent localement : ordonnances vertes, sécurité sociale de l’alimentation, et même des marchés qui font des légumes à prix d’amis (si l’ami en question est ministre de l’Agriculture). Mais à l’échelle nationale, ça rame dans le jus d’orange.

La grande nouveauté ? Fini les “cinq par jour”, place au “chaque pas compte”. Une politique du petit pois, du petit pas, et du petit espoir. On n’oblige plus, on chuchote à l’oreille du consommateur : “Allez, mange une tomate cerise, t’as déjà sauvé ton pancréas.” Progrès ? Ou marketing de la résignation ? Difficile à dire sans avoir goûté.

Et ne vous laissez pas berner par les études : les gens déclarent manger des légumes comme ils déclarent lire Proust — pour faire bien dans les sondages. En réalité, ils engloutissent un panini au fromage fondu devant un replay de Top Chef, et on les comprend.

Verdict du cabinet du Dr Osasuna :

Note santé : 4/10 (pour les efforts… de communication).
Note légumes : endives en baisse, choux en colère.
Note humour : poireautons, mais ne capitulons pas.

En conclusion, mes petits navets, manger mieux ne se décrète pas dans un PowerPoint ministériel. Tant qu’un kilo de tomates coûtera plus cher qu’un menu Big Molosse, les fibres resteront au fond du panier, avec nos illusions diététiques. En attendant, je vous prescris : un brin de persil dans le moral, et un zeste de citron dans la révolte.

Dr Osasuna, qui vous aime autant qu’un gratin de courgettes au parmesan.

Exit mobile version