CAC 40, Nasdaq, Dow Jones… Y a-t-il encore un pilote dans l’avion ?




Si le CAC 40 était un animal, il aurait des bleus partout. Si c’était un boxeur, il serait à deux doigts de mordre la moquette. Et s’il était un trader parisien, il serait en train de tremper ses mocassins Tod’s dans un Ricard tiède pour oublier la semaine passée. Car oui, le CAC, les autres indices aussi vous pensez bien… s’est pris un gadin mémorable. Un bon vieux krach des familles, version Pâques sanglantes sur fond de douanes à gogo. Merci qui ? Merci Donald, l’homme à la cravate trop longue et à la diplomatie aussi subtile qu’un uppercut dans le portefeuille

Attention tout de même cher lecteur ! Le CAC ne rend pas les gants si facilement. Après s’être vautré comme un stagiaire sur les marchés à terme, voilà qu’il tente un petit rebond. Pas de quoi faire péter le champagne chez Rothschild, mais assez pour faire lever un sourcil à Wall Street. Alors, vraie reprise ou simple sursaut d’orgueil avant la rechute ?

Un krach, un tweet et ça repart ?

Jeudi 10 avril, miracle boursier : +3,83% pour le CAC 40. Boom. Pas mal pour un indice qui avait pris -12,87% en pleine poire depuis le 2 avril. Tout ça parce que Donald Trump, dans un éclair de lucidité (ou une montée d’adrénaline post-golf), a décidé de lever temporairement ses droits de douane XXL. Résultat : Wall Street s’est envolé comme un pigeon sur un hot-dog à Central Park. Le Nasdaq s’est offert un +12,6%, le S&P 500 un coquet +9,5%. Et chez nous ? Le CAC a suivi, en bon petit canard, aimanté par son grand frère américain.

Mais restons calmes. Ce rebond, c’est pas non plus la fête du slip. Les pertes ne sont pas effacées, loin de là. Le CAC flotte encore à 7 148 points, alors que son zénith était perché à 8 000. Et selon Alexandre Hezez, de la Banque Richelieu, il va falloir plus qu’un tweet présidentiel pour retrouver les sommets. Car même si le scénario apocalyptique d’une guerre commerciale totale semble évité (pour l’instant…), l’économie mondiale a pris un coup dans le PIB. Et la confiance des investisseurs ? Elle est partie se cacher sous un coussin de cash.

Retour vers le futur (des plantades boursières)

Si l’on cherche à deviner combien de temps le CAC va mettre pour retrouver sa splendeur, il suffit de jeter un œil dans le rétro. En 2020, lors du premier confinement, le CAC s’est vautré de 12,28% en une seule séance. Le genre de plongeon qu’on n’a même pas vu dans Titanic. Il lui a fallu pile un an pour revenir à son niveau pré-Covid. Pas de miracle, pas de potion magique : juste un bon vieux rattrapage à la dure.

Et en 2011, souvenez-vous : la crise des dettes souveraines. Le CAC perd 30% entre juillet et septembre. Une vraie hémorragie. Il ne retrouvera son niveau que deux ans plus tard, en mai 2013. Moralité ? Les descentes sont en ascenseur, les remontées à pied avec une enclume sur le dos.

Les marchés, ces moutons de Panurge

Ce que nous apprend cette petite leçon d’histoire boursière, c’est que tout le monde regarde vers l’Ouest. Pas vers le soleil couchant, non : vers la Bourse américaine. Car oui, le CAC, c’est un peu le petit cousin complexé du S&P 500. S’il rigole, on rigole. S’il pleure, on se mouche dans nos portefeuilles. Comme le souligne Antoine Andreani, de chez XTB France, « le CAC ne va pas avoir trop de personnalité durant cette période ». En clair : pas la peine d’attendre un rebond made in France. Tant que Wall Street ne reprend pas franchement du poil de la bête, on reste dans le flou artistique. Un peu comme le business model de Twitter.

Même son de cloche chez Sandy Campart, prof à l’université de Caen : quand l’économie mondiale tremble, les indices dansent la lambada ensemble. Et parfois, c’est le slow de la déprime. Seules nuances à ce tableau global : les spécificités sectorielles. Le CAC 40, par exemple, pèse lourd sur le luxe. Donc si LVMH éternue, tout l’indice se mouche. Et si Hermès fait une allergie au Made in China surtaxé, c’est tout le marché qui s’enrhume.

Rebond technique ou retour du taureau ?

Mais alors, ce +3,83% du 10 avril, c’est du solide ou juste un petit rebond technique histoire de faire plaisir à mamie actionnaire ? Difficile à dire. Car ce sursaut a été boosté par les vendeurs à découvert – ces joyeux drilles qui parient sur la chute des marchés – qui ont dû déboucler leurs positions en panique face à la hausse surprise. En clair, ils ont racheté leurs actions pour limiter la casse, ce qui a contribué à faire monter les cours. Mais est-ce que ça tient sur le long terme ? Rien n’est moins sûr.

Selon la Banque Richelieu, le revirement de Trump est avant tout défensif. Une manœuvre pour éviter une crise de confiance totale dans la dette US, à la veille de deux adjudications obligataires sous haute tension. Autrement dit : il a sorti la sulfateuse douanière, puis a décidé de reposer l’arme sur la table histoire de rassurer les marchés et les copains du CAC (Club des Amis Capitalistes). Parce que même Trump sait qu’un dollar qui se débine, c’est pas bon pour son brushing.

Pas (encore) le moment de rallumer les écrans de trading

Alors, faut-il foncer tête baissée sur les actions, les bras chargés d’ordres d’achat comme un trader fou au Black Friday ? Doucement quand même les gars. Parce que si le pire semble évité, la suite reste pleine d’embûches. L’économie est groggy, les taux d’intérêt partent en freestyle, l’inflation gratte comme un pull en laine synthétique, et les banques centrales sont plus frileuses qu’un trader en speedo dans une chambre froide.

Le sentiment dominant ? L’imprévisibilité. L’économie, aujourd’hui, c’est un épisode de Koh-Lanta : on ne sait pas qui va sauter, ni quand, ni pourquoi. Et pendant ce temps, les investisseurs cherchent un totem d’immunité fiscal.

En résumé, on est dans une époque où les algos décident, les tweets gouvernent, et les petits porteurs rament à contre-courant sur un marché plus lunatique qu’un trader privé de bonus. Alors oui, le CAC rebondit. Mais de là à parler de reprise durable, faut pas pousser le graphique en chandelier. Pour avoir déjà vécu un mandat de Trump, sachez qu’à tout moment, il peut tweeter selon son humeur et faire partir les marchés en sucette, dans un sens comme dans l’autre.

Patience et cash liquide

Pour le moment, le mieux à faire, c’est d’éviter de se cramer les doigts sur des actions trop chaudes, de garder un œil sur les indices US, et de se rappeler que la Bourse, c’est pas une loterie. Ben ouais les gars, vous êtes pas au casino ! C’est un marathon. Avec des haies. Et des trous. Et parfois, un type déguisé en Donald Trump qui balance des bananes sur la piste.

Alors on garde la tête froide, on révise ses fondamentaux, et surtout, surtout, on n’investit jamais plus que ce qu’on est prêt à perdre. Parce que sur les marchés, la seule certitude, c’est que quand tout le monde panique, c’est souvent déjà trop tard… ou trop tôt.


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