Les marchés US n’ont pas trouvé la tendance à suivre : après une ouverture fringante, les indices font du surplace entre deux stats macro-éco rassurantes, des résultats en dents de scie et une saison Netflix qui ne fait pas recette à la corbeille. Bref, Wall Street hésite, tâtonne, s’embrouille, et les traders ont les neurones en mode buffering
C’est l’histoire d’une place financière qui voulait grimper, mais qui s’est pris les pieds dans le tapis de la prudence. Jeudi, du côté de Wall Street, l’ambiance était aussi indécise qu’un collégien devant une équation à deux inconnues. Les marchés avaient pourtant sorti la confettis room à l’ouverture, dopés par des statistiques qui sentaient bon le plein-emploi et le béton qui pousse plus vite que prévu.
Mais très vite, le soufflé est retombé. À 17h30, heure française, le Dow Jones faisait la moue avec un recul de 0,31 %, tandis que le Nasdaq Composite jouait les équilibristes avec un +0,03 % anémique. Côté taux, les rendements du 10 ans US se sont tassés de 3,2 points de base pour retomber à 4,425 %, comme un banquier central qui descend doucement de sa chaise.
Les traders, eux, avaient clairement du mal à choisir entre « acheter la rumeur » et « vendre la réalité ». Alors, ils ont fait ni l’un ni l’autre. La fameuse stratégie du surplace, très en vogue quand on ne sait pas si Powell va sortir le bazooka ou le parapluie.
La bourse fait la fine bouche
Sur le papier, tout allait bien. Même très bien. Le moral des ménages ? En hausse : l’indice de confiance de l’Université du Michigan a grimpé à 61,8 points, contre 60,7 le mois précédent. Les économistes tablaient sur un 61,4. Banco.
Côté immobilier, les permis de construire ont fait un joli +0,3 %, à 1,397 million. Les mises en chantier ? À 1,321 million, largement au-dessus des attentes. Le tout, dans un contexte où les taux hypothécaires ont plutôt tendance à donner des crampes aux primo-accédants.
Mais voilà : à Wall Street, les bonnes nouvelles, c’est comme les légumes dans une assiette d’un ado : ça inspire la méfiance. Et pour cause : trop de bonnes stats pourraient inciter la Fed à garder les taux hauts plus longtemps. Ce serait ballot. Surtout quand Chris Waller, l’un des gros bonnets de la Fed, lâche dans la nuit qu’une baisse des taux dès juillet, « ça se discute ». Du coup, le marché se prend à rêver… et se réveille en se grattant la tête.
Netflix : l’action qui fait du chiffre, mais pas du clic
Le cas Netflix, c’est un peu le twist du jour. Le géant du streaming a sorti le champagne pour son deuxième trimestre : bénéfice dilué à 7,19 dollars par action, au-dessus du consensus à 7,08. Chiffre d’affaires annuel revu à la hausse. Et un bénéfice trimestriel qui flambe de 45,55 %, à 3,125 milliards de dollars. Hollywood peut aller se rhabiller, la série des bénéfices continue !
Et pourtant… l’action prend un gadin de 3,86 %. Dans un monde logique, ce serait incompréhensible. Mais à Wall Street, logique rime parfois avec toxique. Les analystes ont trouvé l’épisode un peu trop attendu, pas assez de suspense, pas assez d’explosions. Comme si Netflix avait diffusé un chef-d’œuvre et qu’on lui reprochait de ne pas avoir mis de dragons.

American Express : carte gagnante, bénéf’ sur table
Heureusement, il reste des valeurs sûres pour rassurer les actionnaires stressés. American Express, par exemple, a dégainé une performance qui foutrait les boules à n’importe quelle banque d’affaires. Un bénéfice net de 2,885 milliards de dollars, certes en baisse de 4 %, mais au-dessus du consensus. Le chiffre d’affaires, lui, cartonne à 17,86 milliards, contre 17,71 attendus.
Le client premium continue donc de claquer la carte noire sans trop regarder le ticket. Et tant mieux pour AmEx, qui voit sa rentabilité briller malgré une conjoncture pas toujours en or massif.
Bristol Myers Squibb : la transfusion d’espoirs a tourné à la dilution
Moins de succès du côté de Bristol Myers Squibb. Le labo a tenté une percée avec son Reblozyl, censé aider les patients atteints d’anémie liée à une myélofibrose. Problème : le critère principal de l’essai n’a pas été atteint. Pas d’indépendance transfusionnelle, pas de champagne.
Bon, le médicament rapporte déjà 1,444 milliard de dollars par an, donc on va pas non plus sortir les mouchoirs. Mais sur les marchés, quand un essai clinique foire, ça fait toujours l’effet d’un sparadrap arraché trop vite. Ça pique.
Chevron se paye Hess
Côté pétrole, ça bouge aussi. Chevron a bouclé son rachat de Hess Corporation, un petit chèque de 53 milliards de dollars à la clé. L’arbitrage sur les actifs offshore en Guyane a tourné à l’avantage du géant texan, et hop, 301 millions de nouvelles actions vont être émises pour les actionnaires de Hess.
Une fusion à l’américaine, dans la plus pure tradition du « bigger is better ». Reste à voir si le pétrole offshore guyanais tiendra ses promesses. Parce qu’à ce prix-là, il vaut mieux ne pas se retrouver avec un puits sec et des moustiques.
SLB : ça fore, mais ça rame
L’ex-Schlumberger, maintenant rebaptisé SLB pour faire plus tech, a publié un chiffre d’affaires de 8,55 milliards au T2. En baisse de 6 %, mais au-dessus des attentes. L’Ebitda fond de 10 %, le bénéfice net recule de 9 %. L’action, elle, fait du surplace.
Les investisseurs saluent mollement les chiffres, sans vraiment sortir la boutanche. Pas de gros dérapage, mais pas non plus de quoi mettre le feu aux poudres. SLB reste un gros tanker du secteur, mais pour l’instant, il navigue en mode éco.
Viatris : pommade dans l’œil, gadin dans le portefeuille
Chez Viatris, c’est la Bérézina ophtalmique. Une étude de phase 3 sur une pommade au pimécrolimus a viré au flop. Objectif : faire disparaître les croûtes de paupières (glamour), résultat : pas de disparition miraculeuse au bout de six semaines.
Les investisseurs n’ont pas aimé du tout. Ils espéraient une solution miracle pour la blépharite, ils ont eu une claque dans l’œil.
Wall Street reste en mode standby. Les stats macro sont bonnes, les résultats d’entreprise s’empilent, les banquiers centraux font du teasing, mais personne ne sait vraiment sur quel pied danser. Les indices sont en mode moonwalk : ils bougent, mais sans avancer.
La prochaine vraie secousse viendra sans doute de la Fed. En attendant, les traders vont continuer de scruter chaque virgule des discours de Powell, d’interpréter les données comme des voyants de machine à sous et de spéculer sur le taux comme d’autres sur la météo. Bienvenue à Wall Street, là où tout change… pour que rien ne monte vraiment.
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