… Ou comment un nom de quartier met tout le monde sur les nerfs ! Depuis que la cour administrative d’appel de Bordeaux a sifflé la fin de partie pour le quartier de La Négresse, les discussions dans les bars, sur les marchés, et même sur les bancs publics, vont bon train. Un vrai tournoi de pelote basque verbal où tout le monde, de Yolande et Sylvette, septuagénaires nostalgiques, à Apple, lycéenne un brin philosophe, s’est mué en spécialiste de toponymie
Le 6 février, la décision tombe : la Ville de Biarritz est sommée de débaptiser le quartier, jugé “de nature à porter atteinte à la dignité de la personne.” Une première en France, et, pour Karfa Diallo, président de l’association Mémoires et Partages, une victoire “historique”. Pour lui, “les droits de l’homme sortent vainqueurs“. Rien que ça. Le quartier, lui, perd son nom. Comme si on venait de retirer à Biarritz un bout de son identité.
Maider Arosteguy, maire de la commune, se défend : “L’histoire nous gêne, alors on l’efface.” Un brin piquée, l’élue biarrote regrette que la pédagogie ait été zappée au profit d’une gomme judiciaire. Et en attendant la réunion publique du 3 avril, elle doit jongler avec des administrés remontés comme des pendules.
Du bar au bazar, tout le monde a son mot à dire
Dès que le sujet atterrit sur le comptoir, ça fuse. Yolande et Sylvette, fidèles au poste depuis quarante ans, ont du mal à avaler la pilule : “Pour nous, ce sera toujours La Négresse. Un point c’est tout.” Tony, 47 ans, renchérit : “À force de tout vouloir changer, on efface l’histoire.” Quant à Eric, un quinqua plutôt diplomate, il fait preuve d’une étonnante sagesse : “La justice s’appuie sur le droit, pas sur les avis persos. Mais bon, plus on divise, plus on devient… un peu débile, quoi.“
Dans cette cacophonie d’opinions, la jeune génération tente de rester zen. Apple, 17 ans, avoue que “ça fait bizarre pour les touristes l’été.” Angel, 26 ans, philosophe : “Si ça permet à tout le monde de se sentir mieux, tant mieux.” Un vent de tolérance qui, visiblement, ne souffle pas encore sur tout le quartier.
C’est bien beau de débaptiser, mais il va falloir trouver un nouveau nom. “Et si on faisait un sondage ?” propose un riverain. Mais attention, ici, pas question de choisir à la légère. On est à Biarritz, tout de même. Entre suggestions farfelues – “Plage Paradise” pour attirer les touristes ? – et options plus locales – “Quartier Txapela” pour faire couleur locale – la mairie n’a pas fini de trancher.
En attendant, les panneaux de signalisation restent figés dans le passé. Pourquoi ? Parce qu’ils dépendent de la signalisation locale départementale. Traduction : les Biarrots ont le temps de s’habituer à leur futur ex-quartier.

Un nom lourd de sens
Pourquoi ce changement, au fait ? Eh bien, selon Karfa Diallo, laisser ce nom en place, c’est banaliser le racisme. “L’argument du soi-disant hommage ? De mauvaise foi,” tranche-t-il. Un avis partagé par certains, rejeté par d’autres. Pour les défenseurs du nom, il s’agit d’un simple clin d’œil à une auberge tenue autrefois par une femme surnommée ainsi. Une explication qui ne passe pas le cap de la modernité.
Mais au-delà de la polémique, ce débat soulève une question plus large : comment concilier mémoire collective et valeurs actuelles ? Peut-on garder un nom empreint d’une histoire lourde sans perpétuer des clichés ? À Biarritz, les avis divergent. Mais une chose est sûre, cette affaire laissera des traces, bien au-delà des panneaux de rue.
Pour les nostalgiques, ce changement est un crève-cœur. Pour les militants, c’est une avancée. Et pour le reste du monde ? Une sacrée discussion à avoir autour d’un verre. Peut-être dans un bistrot renommé à l’image du futur ex-quartier. Aux Biarrots maintenant de faire preuve d’imagination, car l’histoire, même revisitée, reste toujours écrite par ceux qui osent.
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