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Bayonne respire mieux grâce aux microalgues




Souvenez-vous, quelques jours après la naissance de « The Baskroom », nous avions traité ce sujet… Eh bien maintenant, on vous transmet un premier bilan mitigé mais prometteur pour l’arbre à microalgues qui dépollue l’air… tout en épatant les passants

Il était une fois, au pied du pont Henri Grenet, un arbre pas tout à fait comme les autres. Non, cet arbre-là ne perd pas ses feuilles en automne, ni ne fournit de l’ombre en été. Il ne fait pas non plus le bonheur des écureuils ou des promeneurs cherchant refuge sous ses branches. Cet arbre, chers lecteurs vénérés, est un « arbre à microalgues », un héros discret qui combat la pollution automobile à coups de photosynthèse. Si vous avez raté le début de cette aventure écolo-futuriste, c’est que vous n’avez pas bien regardé sous vos narines (ou, disons plutôt, sous le pont).

Début janvier 2024, dans la quiétude post-fêtes, un étrange dispositif a pris racine à Bayonne, dans le cadre d’un projet transfrontalier entre la France et l’Espagne. Bromalgae, une entreprise basque spécialisée dans la création de solutions écologiques à base de microalgues, est à l’origine de cette initiative. Et voilà que cet “arbre à microalgues”, une espèce rare, fait son apparition pour une mission de la plus haute importance : purifier l’air et soulager nos poumons de l’équivalent d’une voiture qui tournerait trois heures par jour, ou de ce que 50 vrais arbres pourraient absorber. Oui, rien que ça.

« Mais comment t’est-ce que ça marche ? », vous demandez-vous en fronçant les sourcils, peut-être même en regardant par la fenêtre pour apercevoir un pin maritime commencer à briller. Eh bien, cet arbre n’a rien à envier à ses cousins feuillus. C’est un réservoir de microalgues, ces petites bêtes microscopiques qui, par photosynthèse, captent le CO2 et d’autres polluants comme les NOx (oxydes d’azote) relâchés par nos chers pots d’échappement. Il filtre l’air, le digère et, hop, ressort de l’air tout propre. Un vrai aspirateur à CO2, sans sac et sans bruit.

Un bilan mi-figue, mi-algue

Après plusieurs mois à purifier discrètement l’air de Bayonne, l’heure du bilan a sonné pour ce prototype coûteux de 117 000 euros, dont la moitié a été financée par la Communauté d’Agglomération Pays Basque et par l’Agence SPRI du Gouvernement Basque. Alors, que disent les chiffres ? Tenez-vous bien : près de 1000 kg de CO2 et 3 kg de NO2 captés. C’est l’équivalent, pour les plus visuels d’entre nous, de la pollution générée par environ 2000 allers-retours entre Bayonne et Biarritz… ou d’une très longue conversation avec un diesel.

Mais tout n’est pas rose (ou vert), car l’arbre, bien qu’efficace, ne révolutionne pas encore la lutte contre la pollution à lui seul. Comme le dit avec un brin de réalisme un ingénieur local : « Ce n’est pas demain qu’on remplacera la forêt des Landes par une forêt de tubes à microalgues ». Mais après tout, Rome ne s’est pas décarbonée en un jour, n’est-ce pas ?

Outre ses pouvoirs écologiques, l’arbre à microalgues impressionne également par sa technologie. Vous pensiez que le sapin de Noël de la place principale était moderne avec ses guirlandes LED ? Eh bien, ce prototype est éclairé la nuit pour assurer que les algues puissent continuer leur travail d’absorption des gaz. Une véritable sentinelle lumineuse, qui brave l’obscurité pour protéger nos poumons, un peu comme un super-héros… mais sans cape (ni chlorophylle).

Pour faire circuler l’air pollué et le filtrer efficacement, un moteur turbine assure que l’air bouge, même lorsque les automobilistes sont à l’arrêt au feu rouge. Si vous passez un jour sous le pont Henri Grenet et que vous entendez un doux bruit de ventilation, ce n’est pas votre voiture qui surchauffe, c’est juste l’arbre qui travaille dur pour vous.

Bayonne : 1 – CO2 : 0

Si cet arbre a fait parler de lui dans le sud-ouest, c’est aussi parce qu’il est l’un des premiers du genre à être testé en France. Alors que le Pays Basque est déjà un pionnier en matière de politique environnementale, l’idée de remplacer un peu de béton par de la biologie high-tech séduit. Qui sait, peut-être que dans quelques années, chaque rond-point aura son propre arbre à microalgues, et les discussions animées sur les ronds-points changeront enfin de sujet !

En attendant, les passants curieux, les automobilistes patients et même les écoliers de Saint-Pée-sur-Nivelle ont suivi de près cette expérience. Certains y voient déjà un futur où l’on respirera plus librement, d’autres rêvent que ces arbres deviennent aussi communs que les distributeurs de billets (mais eux ne nous coûtent pas 117 000 euros chacun, malheureusement).

La machine verte a été retirée le 17 septembre 2024 après avoir fait son petit bonhomme de chemin pendant 8 mois. Alors, que retenir de cette expérimentation ? Loin d’être une solution miracle pour éliminer la pollution automobile en un claquement d’algue, l’arbre à microalgues a tout de même prouvé son efficacité.

Bromalgae, tout droit venue de Barakaldo, n’entend pas s’arrêter là. La société prévoit déjà des améliorations, notamment pour réduire les coûts de fabrication. L’idée serait, pourquoi pas, de planter ces arbres techno un peu partout dans les zones à forte densité de pollution, et peut-être même en installer dans des zones aussi insolites que des aires d’autoroute ou des centres commerciaux (et ainsi capter les gaz d’échappement et… les relents de fast-food, qui sait ?).

Ainsi, si les arbres naturels n’ont pas encore à craindre pour leur place dans nos villes, il est indéniable que ce genre de technologie offre un aperçu de ce que pourrait être la lutte contre la pollution de demain. Après tout, qui n’a jamais rêvé de se balader dans une ville où chaque coin de rue respire aussi bien qu’un pin des Landes ?

Alors, si vous passez par Bayonne et que vous vous dites « Tiens, l’air est plus frais par ici », vous saurez désormais qui remercier. Merci qui ? Merci Jac… Bromalgae ! Il ne reste plus qu’à espérer que l’arbre à microalgues devienne aussi populaire que les espadrilles locales. À ce rythme, il faudra peut-être bientôt changer le dicton basque : « Respire comme si tu étais sous un arbre à microalgues »…

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