Entre atonie économique, incertitudes politiques et foncier sous clé, la CCI Bayonne-Pays basque appelle à retrousser les manches sans se serrer la ceinture. À l’occasion de la présentation du dernier baromètre économique, la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) Bayonne-Pays basque, incarnée par André Garreta et Peio Etcheleku, n’a pas mâché ses mots. Oui, l’économie basque est robuste et agile, mais elle tire un peu la tronche. Entre la croissance qui fait du surplace, l’investissement qui prend des vacances prolongées et un chômage qui joue les trouble-fêtes, difficile de voir la vie en vert
« Notre territoire est robuste et agile, mais sous tension », a résumé André Garreta. Une manière polie de dire que l’économie basque, c’est un peu comme un vieux diesel : ça tourne, mais ça toussote.
Point numéro un : Les politiques, arrêtez de nous filer le bourdon !
La première cartouche du baromètre vise l’incertitude politique. Marie-Anne Kozlowski, directrice territoriale de la Banque de France, a dégainé les chiffres : l’inflation baisse (enfin !), mais les taux d’intérêt grimpent comme le lierre sur le mur d’une vieille bâtisse. Résultat : la croissance reste molle comme un vieux chewing-gum sous une semelle.
Seuls 20 % des entreprises basques ont investi au second semestre 2024. À ce rythme, l’investissement c’est plus « hibernatus » que « stimulus ». Avec une ribambelle d’échéances électorales en vue (Municipales en 2026, possibles Législatives anticipées, Présidentielle…), les patrons préfèrent jouer la prudence. En clair, tant que ça magouille sous les dorures de la République, difficile de se projeter.
Point numéro deux : L’argent public, ce n’est pas une fête foraine !
Le duo de la CCI enchaîne avec un autre pavé dans la mare : la gestion des finances publiques. « Nous avons besoin de signaux forts, tant au niveau de l’État que de l’Agglomération basque, pour réaliser des économies significatives sur les dépenses publiques afin de les réinjecter dans les initiatives entrepreneuriales », plaide André Garreta.
La Communauté d’agglomération Pays Basque (CAPB) en prend pour son grade. Avec des effectifs passés de 750 à 1 420 collaborateurs, on frôle l’embonpoint administratif. À ce rythme, on pourrait croire que chaque problème local a son comité de réflexion, son groupe de travail et son atelier participatif. Mais pendant ce temps, les entreprises, elles, attendent du concret.
Point numéro trois : Le foncier, on n’est pas au Monopoly !
Autre sujet qui fâche : le foncier économique. L’accès au terrain est devenu aussi rare qu’un rayon de soleil en pleine mousson. Si la formule du bail à construction (où la collectivité garde le terrain et l’entreprise construit dessus) est parfois avancée comme solution, André Garreta reste dubitatif : « Cette formule n’est pas adaptée aux TPE et PME. »

Peio Etcheleku ne décolère pas : « Une entreprise qui aurait adopté ce modèle il y a 50 ans aurait déjà payé en location trois fois le prix du terrain ! » En d’autres termes, c’est un peu comme louer une planche paddle à l’heure pour faire le tour du monde : au bout d’un moment, ça coûte un rein.
Industrie : entre ciel dégagé et trous d’air
Côté industrie, c’est ambiance grand écart. L’aéronautique fait son malin avec de bons chiffres, tandis que la chimie peine à décoller. Et forcément, ça se ressent sur l’emploi : en décembre dernier, le nombre de demandeurs d’emploi a grimpé à 26 681, soit +3,4 %. Ça fait un peu tache par rapport aux moyennes régionale (+2,9 %) et nationale (+2,3 %).
Heureusement, la dynamique entrepreneuriale ne baisse pas les bras : 3 156 créations d’entreprises en 2024, soit +5 %. En revanche, côté liquidations et redressements judiciaires, c’est +12 %. Une situation qui rappelle ce pote qui trouve toujours un moyen de gâcher l’ambiance en soirée.
Tourisme : Quand la pluie plombe la saison
Pas de bol pour le tourisme non plus. La météo de 2024 a joué les rabat-joie, avec une fréquentation en berne. Conséquence : les pros du secteur ont rangé leurs projets d’investissements au placard. Pas fous, ils préfèrent garder un peu de gras sous le coude en cas de coup dur.
Et puis, côté emploi, c’est pas la folie non plus. Un turn-over important freine les recrutements. Un peu comme si chaque saison, les CV défilaient plus vite qu’une file d’attente à la CAF.
Construction : Ciel plombé sur les chantiers
Si le bâtiment ne va pas, rien ne va. Eh bien, c’est pas la fête du côté de la construction. Un tiers des entreprises du secteur ont vu leur chiffre d’affaires plonger en 2024. Les travaux publics s’en sortent un poil mieux, mais la prudence reste de mise pour 2025. Les carnets de commandes se sont mis au régime sec, et les délais de paiement s’étirent comme un élastique.
Quand l’Espagne fait de l’œil aux entrepreneurs
Dans ce tableau morose, la CCI propose de « regarder aussi vers le Sud ». L’Espagne semble en effet plus funky, avec des politiques économiques plus musclées et une capacité à embrayer rapidement sur les transitions. « L’internationalisation des entreprises pourrait être un des moteurs de la relance », souligne Peio Etcheleku.
En attendant que le ciel s’éclaircisse, André Garreta et Peio Etcheleku appellent à un sursaut de pragmatisme. En gros, il est temps d’arrêter de se regarder le nombril et de se retrousser les manches. Parce que, comme dirait l’autre, « quand le bâtiment va, tout va ». Et franchement, en ce moment, un peu de tout-va ne ferait pas de mal !
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