Août s’est barré comme un client mauvais payeur, laissant les marchés européens sur la paille. Le CAC 40, qui se prenait encore pour un paon en juillet, vient de finir la dernière séance du mois la queue basse, avec un repli de 0,76 % à 7 703,90 points. Et quand on fait les comptes, ça pique : –0,9 % sur le mois, –3,3 % sur la semaine. Autant dire que l’indice phare parisien a pris un aller simple pour la lose, plombé par l’ambiance politique française qui ressemble de plus en plus à une partie de belote entre mauvais perdants
L’EuroStoxx50 a suivi le mouvement, perdant 0,77 % à 5 355,14 points. Sur le mois, c’est –0,66 %. Pas de quoi se rouler par terre, mais assez pour que les investisseurs tirent la tronche comme des gamins privés de dessert. Même punition pour le Dax allemand : –0,50 % vendredi et –0,6 % en août. Le tout a l’air d’un apéro sans cacahuètes : ça cale pas, ça frustre, et ça donne envie de rentrer se coucher.
Bref, les places européennes terminent août en slip kangourou, avec plus de trous que de tissu.
Wall Street : champagne hier, gueule de bois aujourd’hui
De l’autre côté de l’Atlantique, c’était pourtant la fête. Le Dow Jones avait franchi la veille un nouveau sommet en clôture, atteignant 45 636 points, pendant que le S&P 500 se la pétait avec un record en séance à 6 508 points. Les traders ricains sabraient le champagne comme si c’était le Nouvel An.
Sauf que le matin suivant, ben c’est le réveil difficile, le lendemain d’après cuite : les chiffres de l’inflation (l’indice PCE de juillet) débarquent et refroidissent tout le monde. PCE à +2,6 % sur un an, exactement comme en juin. En version “core” (quand on enlève les trucs qui montent et qui descendent trop vite), on est à +2,9 %, après 2,8 % en juin. Rien d’alarmant, mais assez pour rappeler que la Fed n’est pas une boîte de nuit où on baisse les taux au premier client qui demande une tournée.
Un stratège de marché, Art Hogan (Pas le frère de Hulk hein ?), a sorti sa phrase de café du commerce en expliquant que ces chiffres “laissent grande ouverte la porte à une baisse des taux en septembre”. Merci l’artiste, fallait pas être prix Nobel pour piger que la Fed pourrait faire un geste histoire de calmer les nerfs des investisseurs.
Et comme pour en rajouter une couche, Christopher Waller, un des gouverneurs de la Fed, a carrément encouragé une baisse du taux directeur de 25 points de base pour la réunion du 16-17 septembre. Les marchés se sont mis à spéculer comme des turfistes un jour de Quinté, espérant un cadeau de la banque centrale.
Entre-temps, le PIB américain a sorti un +3,3 % au deuxième trimestre, mieux que prévu (3 %). Comme quoi, malgré l’inflation qui fait la forte tête, l’économie ricaine a encore la pêche. Bref : Wall Street alterne les bulles de champagne et les cachets d’aspirine.

Paris : Bayrou met son grain de sable dans les rouages
Retour dans l’Hexagone où le feuilleton politique a fait l’effet d’un caillou dans la godasse des investisseurs. François Bayrou, en vieux renard du Béarn, a annoncé un vote de confiance pour le 8 septembre. Résultat : panique à la corbeille. Tout le monde se demande si le gouvernement va se vautrer comme un soufflé mal cuit. Et il y a de grandes chances, pour ne pas dire une certitude…
Le spread franco-allemand (le machin qui mesure le risque politique) s’est envolé mercredi à 82 points de base, du jamais vu depuis avril. Autant dire que les investisseurs voient la France comme un cheval boiteux dans une course de trot.
Les valeurs françaises les plus dépendantes de la conjoncture du pays se sont fait démonter. Vinci et Eiffage, qui vivent des concessions comme d’autres vivent du PMU, ont pris des claques. Les banques, Société Générale et Crédit Agricole en tête, ont bu la tasse. Résultat : le CAC 40 a fini la semaine sonné comme un boxeur amateur après trois rounds contre Iron Mike.
La BCE : fin de la fiesta, place aux miettes
Pendant ce temps, à Francfort, la Banque centrale européenne joue la prudence : plus question de grosses baisses de taux comme en 2024, juste des “ajustements marginaux” d’ici fin 2025. Après huit baisses consécutives, Christine Lagarde et ses copains préfèrent lever le pied. ET comme disait Mr Drapier, mon ancien professeur de français : “Lagarde meurt mains ne se rend pas.“
Autrement dit, la BCE sert les cafés allongés, mais pas de dijo. Les marchés, qui espéraient encore un cocktail plus corsé, tirent la gueule. Moralité : l’euro a le moral dans les chaussettes et les bourses européennes se demandent si elles n’ont pas raté le dernier train pour la relance.
Les vedettes du jour : picole, plastique et puces
Côté valeurs, Rémy Cointreau a enregistré l’un des plus gros gadins du SBF 120. La maison de spiritueux a beau se montrer moins pessimiste sur l’impact des droits de douane américains, ça n’a pas suffi : les investisseurs ont vidé leur verre avant la fin du banquet. Un comble pour une boîte qui vend du cognac.
À l’inverse, Plastivaloire a terminé largement en tête du SRD grâce à un relèvement d’objectifs annuels. Comme quoi, même dans une ambiance morose, un fabricant de plastoc peut briller. C’est pas glamour, mais ça paye.
Et puis il y a Nvidia. La star des puces électroniques a présenté des résultats dignes d’une rock star : chiffre d’affaires et bénéfice net qui bondissent de plus de 50 % en un an au deuxième trimestre. De quoi donner le tournis à n’importe quel investisseur. Sauf que dans le coin de l’arène, les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine rappellent que la fête pourrait vite tourner vinaigre.
Moralité : la Bourse, c’est comme un PMU
En résumé, août a laissé les marchés européens sur la jante. Wall Street joue les montagnes russes entre records et cuites d’inflation. La France se débat dans ses embrouilles politiques façon vaudeville, pendant que la BCE sert les miettes. Les valeurs individuelles jouent au yoyo entre gadins et envolées.
Tout ça ressemble à un PMU un samedi soir : y a ceux qui gagnent la mise, ceux qui repartent en caleçon, et ceux qui se disent qu’ils auraient mieux fait d’acheter un ticket de loto.
La vérité, c’est que la Bourse, en août 2025, c’est un peu comme la fin des vacances : on a cramé l’argent, on rentre fauché, et il va falloir attendre la prochaine paie (ou la prochaine décision de la Fed) pour espérer revoir le soleil.
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